La championne russe Inessa Merkoulova. Сrédit : Julia Maïorova/RG
Kommersant : Madame Inessa, en mars 2012, vous êtes devenue entraîneuse sénior de l'équipe russe de dressage, mais la Russie n'a pas participé à cette compétition aux Jeux Olympiques de Londres. Pourquoi ? Le sport équestre est-il dans l'enclos depuis l'effondrement de l'URSS ?
Inessa Merkoulova : Au championnat d'Europe pré-olympique en 2011, l'équipe russe n'a pas pu obtenir sa licence pour participer aux Jeux, et nous manquions de temps pour obtenir les licences individuelles. Les admissions pour les Jeux Olympiques ont été closes le 1 mars 2012, je ne pouvais rien y changer.
En URSS, il y avait des écoles gratuites, beaucoup d'enfants pratiquaient, mais peu atteignaient le niveau international. La sélection était drastique. Aujourd'hui, les clubs hippiques sont bien plus nombreux, mais les écoles sportives sont plus rares.
Si les écoles de sport sont plus rares, comment atteindre un niveau élevé dans l'équitation ?
I.M.: En sport, le niveau est atteint grâce avec la volonté et les efforts. Mais on n'arrive pas aux Jeux olympiques si facilement. D'abord, il faut s'inscrire dans un club hippique, prendre des cours d'équitation
Ensuite, si vous souhaitez progresser, il faut songer à acheter son propre cheval. Habituellement, après deux ans de préparation initiale, les sportifs achètent un cheval « d'entraînement ». Un cheval pas cher coûte entre 15 000 et 50 000 euros.
Аprès deux trois ans d'entraînement avec un tel cheval, vous pouvez réfléchir à l'acquisition d'un cheval de compétition. Il faudra vous entraîner pendant encore quelque cinq ans pour vous préparer aux compétitions internationales importantes. Un cheval de compétition adapté aux épreuves internationales coûte entre 100 000 et 150 000 euros.
Quels que soient les moyens que vous y consacrez, il faut des dizaines d'années pour apprendre l'équitation. J'apprends depuis presque 40 ans. L'entraîneur célèbre Raymond Vitagis, qui monte depuis sa tendre enfance, m'a dit : « À 72 ans, j'ai compris que je pouvais enfin préparer un cheval correctement ».
Est-ce que l'histoire connaît des succès olympiques à dos d'un cheval pas cher ?
I.M.: L'histoire en connaît pas mal. Aux Jeux olympiques de Pékin en 2008, le cheval Balagur est arrivé sixième. Et pourtant, ce cheval vient du régime de milice de Nijni Novorod et, à l'époque, il valait dans les 5 000 à 10 000 euros.
Les Jeux de Rio de Janeiro pourraient être les premiers et les derniers pour vous en tant que sportive ?
I.M.: À ce moment-là, j'aurai 51 ans. Mais il y a des sportifs qui sont au top à 70. Je pourrai peut-être participer aux Jeux de 2020. Mais mon objectif principal en tant qu'entraineuse sénior de l'équipe russe de dressage est de préparer mon équipe aux Jeux de Rio.
Quel est le prochain rendez-vous international pour l'équipe russe ?
I.M.: Je prépare l'équipe au championnat d'Europe qui démarre le 20 août à Herning, au Danemark. L'équipe est sélectionnée, mais je ne m'attends pas à un grand succès au Danemark. Les chevaux de nos cavalières sont trop jeunes.
Mais l'année prochaine, nous irons au championnat du monde avec une bonne équipe. Et le dernier championnat avant les Jeux de 2016, le championnat d'Europe, est pour nous le rendez-vous le plus important.
Malheureusement, notre sport n'apporte par de médailles olympiques à la Russie depuis 1980. Mais j'estime que, ces dernières années, l'équitation en Russie a commencé à se développer rapidement. Le président de notre fédération, Serguei Maslov, est très dévoué à l'équitation. Désormais, nous avons des mécènes. Donc, nos chevaux ne sont pas dans les enclos, ils commencent à galoper. De même que notre projet social.
I.M.: Pourriez-vous nous parler de votre projet ?
I.M.: Il s'appelle « Au galop à Rio ». Avec ce projet, nous essayons d'attirer l'attention à l'équitation et à la préparation aux Jeux olympiques. 13 célébrités russes participent au projet – des présentateurs télé, des acteurs, des mannequins. L'entraînement se déroule sur une année. À la fin, les participants doivent présenter au jury un programme avec un accompagnement musical en duo avec un sportif professionnel. Je suis l'entraineuse principal pour ce projet.
Texte original (en russe) publié sur le site de Kommersant le 15 juillet 2013.
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