La crosse gagne en popularité en Russie

Crédit : Alexandre Ganiouchine

Crédit : Alexandre Ganiouchine

Le jeu des Natives d'Amérique du Nord attire les Russes grâce à sa rudesse et son dynamisme.

« C’est quoi ce sport ? Comment ? La crosse ? », demande un homme plutôt bien bâti dans un des nombreux complexes sportifs de Moscou. Sur le chemin entre le vestiaire et la salle d’entraînement, lui et quelques amis s’arrêtent pour observer une vingtaine de joueurs essayer d’envoyer une petite balle en caoutchouc dans les buts adverses, maniant avec agilité leurs crosses, ressemblant à des sticks avec un filet au bout.

« Non mais vous avez vu comment il l’a passée ? Vous avez vu ? », s’enthousiasme-t-il, avant de rejoindre ses amis, avec moins d’entrain cette fois-ci, pour s’exercer sur les appareils de musculation.

La crosse, inventée par les Amérindiens et adaptée aux réalités européennes actuelles, est encore très peu connue en Russie, mais attire chaque année de nouveaux adeptes. Son histoire dans le pays a débuté en 2007 avec la venue de David Diamonon à Moscou.

« J’ai connu ce sport lorsque j’étudiais à Houston », raconte Diamonon dans une interview à RF-Sport. « À l’époque, il se développait rapidement au Texas. J’ai arrêté la crosse après l’école avant de retourner à mon sport préféré sept ans plus tard. J’ai repris la crosse et commencé à entraîner une équipe à Houston. Lorsqu’on m’a envoyé en Russie pour le travail, j’ai profité de l’occasion pour créer un club à Moscou ».

Grâce à Diamonon, deux équipes de crosse sont aujourd’hui en activité en Russie : la sélection de Moscou, les Moscow Rebels, ainsi que celle de Saint-Pétersbourg, les Saint Petersburg White Knights. Elles s’affrontent deux fois par an, et le vainqueur remporte le titre de champion de Russie.

Leur ossature est composée de joueurs américains vivant et travaillant en Russie. Mais selon Diamonon, la situation est en train de changer.

« De plus en plus de Russes nous rejoignent. C’est vraiment le but. Nous avons besoin de gens vivant ici afin de poursuivre l’aventure. Il nous faut des Russes », explique-t-il à La Russie d’ajourd’hui.

Pour Diamonon, de quarante à cinquante personnes pratiquent la crosse à Moscou, dont près de vingt avec assiduité. Il s’agit non seulement d’Américains et de Russes, mais aussi de ressortissants d’autres pays. Son équipe compte deux Japonais, par exemple.  

Les joueurs ont en général entre 19 et 25 ans, même si on trouve tous les âges. « Le plus jeune a 13 ans et le plus âgé 45 », déclare à La Russie d’aujourd’hui Anna Mikheïeva, fidèle supportrice et petite amie d’un joueur de crosse.

Selon elle, les Russes découvrent souvent la crosse « via leurs connaissances » : ceux qui la pratiquent proposent à leurs amis d’essayer. Il existe toutefois des raisons plus inattendues. « Mon copain a vu pour la première fois ce jeu en regardant le film American Pie, par exemple. Ça lui a tellement plu qu’il a décidé de se lancer », ajoute Mikheïeva.

Alexeï Tchernychov a commencé la crosse fin juin 2012. « Je suis gardien. Ce sport me plaît car il est plus agressif que d’autres disciplines plus populaires en Russie. C’est une sorte de mélange entre le hockey et le football américain. On n'en a jamais assez », explique Alexeï.

Cette opinion est partagée par Evguéni Arkhipov, nouvel entraineur principal de la sélection moscovite après le départ en janvier de Diaminon, parti travailler en Ukraine. Ayant passé une grande partie de sa vie aux États-Unis, Arkhipov pratique ce sport depuis déjà 14 années.

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« La crosse est un mix de sports qui m’attirent. Le terrain fait penser au football, les mouvements rappellent le basket, et les sticks sont comme au hockey. De plus, il s’agit d’un sport de contacts à l’instar du football américain. Je n’aimais pas le basket à cause de sa trop grande précision. Ici, on peut vraiment foncer dans le tas ! », indique Arkhipov, qui enseigne dans une école de langues en Russie.

En 2011, la Russie a été reconnue par la Fédération internationale de crosse. Elle envisage désormais de participer aux Championnats du monde de crosse qui auront lieu en 2014 à Denver.

« Nous y arrivons à toute vitesse », soulignait Diamonon à La Russie d’aujourd’hui avant son départ de Russie. « En juillet 2014, nous irons à Denver afin de représenter pour la première fois la Russie aux Championnats du monde ».

Mais malgré le développement de la crosse et sa popularité croissante en Russie, les adeptes de ce sport devront encore parcourir du chemin avant qu’il soit reconnu dans le pays. La Russie ne possède d’ailleurs toujours pas d’organisation officielle chargée de la popularisation et du développement de la crosse.

« Il ne s’agit pas encore d’un discipline officielle, car nous ne disposons pas de fédération. C’est un problème qu’il faut régler. Certains ont essayé de le faire, en vain. Cette situation complique aussi la recherche de sponsors, beaucoup nous considérant comme des amateurs », précise Arkhipov.

Pour Diamonon, les défis sont multiples. « L’un d’entre eux sera tout simplement de ne plus avoir à payer pour continuer à jouer… Deuxièmement, aucun équipement n’est vendu en Russie. Heureusement, je voyageais souvent entre la Russie et les États-Unis, ce qui me permettait de ramener des objets dans mes bagages. J’ai progressivement fourni assez d’équipements pour toute l’équipe ».

Tous sont cependant certains que la crosse continuera quoi qu’il arrive à se développer en Russie.

« En fait, nous visons tous le même objectif. Indépendamment du lieu de naissance ou de l’idéologie politique, une fois sur le terrain, le but est le même pour tous : gagner le match. Et pour y arriver, il faut travailler ensemble », conclut Diamonon.

Histoire :

La crosse est un jeu inventé par les Amérindiens, qui trouvaient que c’était le meilleur moyen d’entretenir les guerriers forts et courageux. Selon les témoignages des premiers Européens qui ont colonisé le Nouveau monde, les matchs rassemblaient des centaines, voire plus de mille personnes. Le terrain pouvait s’étendre sur plusieurs hectomètres ou quelques kilomètres, et les parties duraient parfois plusieurs jours. 

Le but du jeu est de lancer avec un stick une petite balle en caoutchouc dans les buts de l’adversaire.

Plus d’une trentaine d’associations nationales de crosse existent en Europe, en Nouvelle-Zélande, au Japon et en Corée du Sud. Toutefois, les chefs de file dans ce domaine restent les États-Unis et le Canada.

 

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