Une série d’incidents à caractère terroriste se sont dernièrement produits dans le pays.
APDans la nuit du 3 au 4 avril, moins d’un jour après l’attentat dans le métro de Saint-Pétersbourg, un crime a été commis à Astrakhan (dans le sud de la Russie) : deux agents de la circulation sont arrivés sur les lieux d’un accident de la route et pendant qu’ils remplissaient les formulaires dans leur véhicule, les passagers de l’une des voitures impliquées les ont abattus à bout portant à travers la vitre. Les deux policiers ont succombé à leurs blessures avant même l’arrivée de l’ambulance. Les criminels se sont emparés de leurs armes.
Le gouverneur de la région d’Astrakhan, Alexandre Jilkine, a déclaré que l’attaque avait été perpétrée par des islamistes radicaux. Deux jours plus tard, dans la nuit du 5 au 6 avril, les attaquants ont été retrouvés : quand une équipe de la Garde nationale (Rosgvardia, une structure de force bénéficiant de larges pouvoirs et disposant de sa propre armée intérieure, RBTH) a stoppé une voiture pour un contrôle, les passagers ont ouvert le feu. Les terroristes ont blessé les hommes de la Garde et ont réussi à prendre la fuite, mais ils ont été retrouvés à l’aube. Quatre bandits ont été éliminés et deux autres arrêtés.
Astrakhan. Crédit : Pavel Simakov / RIA Novosti
Les enquêteurs ont établi que les membres de la Garde nationale ont été attaqués par les hommes qui avaient tué les deux agents deux jours plus tôt. Le Comité d’enquête de Russie indique que l’un des assaillants avait sur lui un enregistrement audio « où il exprime des idées extrémistes et appelle à commettre des crimes ». L’attentat a été revendiqué un peu plus tard par Daech.
Dans une autre ville du Sud, Rostov-sur-le-Don (à un millier de kilomètres au sud de Moscou), un criminel a déposé le 6 avril à l’aube une bombe près d’une école dans le centre-ville. Sur la vidéo, un homme vêtu de noir abandonne un sac près de l’école et quitte rapidement les lieux. Un instant plus tard, un autre homme, vraisemblablement l’agent de propreté du quartier, ramasse le sac qui explose entre ses mains.
La déflagration a arraché une main et un doigt de l’autre main au balayeur qui se trouve à l’hôpital dans un état grave. Selon l’enquête, la bombe artisanale avait la forme d’une lampe torche. « Elle ne contenait pas d’éléments pour accroître l'impact destructeur, mais la puissance était assez importante. Si la torche avait été ramassée par un enfant, il est peu probable qu’il aurait survécu à la déflagration »,annonce la police citée par les médias. Une procédure pénale a été ouverte pour tentative de meurtre, mais elle pourrait être reclassée en attentat.
Rostov-sur-le-Don. Crédit : ZUMA / Global Look Press
La situation ne s’est toujours pas normalisée à Saint-Pétersbourg : outre les fausses alertes à la bombe, la ville se heurte à des dangers réels. Le 6 avril, troisième jour de deuil pour les victimes de l’attentat dans le métro, la police a découvert une bombe dans un appartement de l’est de la ville. L’engin a été désamorcé. Les médias annoncent que « la bombe n’appartenait pas à ceux qui se trouvaient sur les lieux ».
Cette situation ne peut pas être l’œuvre de criminels de droit commun, a affirmé Sergueï Gontcharov, président de l’Association des anciens combattants de la section antiterroriste Alpha. « Il y a longtemps que la Russie n’a vécu rien de tel », a-t-il déclaré à RBTH. Il a rappelé que le 24 mars, soit une dizaine de jours avant l’attentat du métro de Saint-Pétersbourg, des terroristes avaient attaqué une unité militaire de la Garde nationale en Tchétchénie en tuant six militaires. Ce forfait a été suivi de l’attentat à Saint-Pétersbourg et de l’attaque à Astrakhan.
« Nous constatons une montée en puissance de l’activité de la clandestinité extrémiste au printemps », a poursuivi Sergueï Gontcharov. Selon lui, ce sont Daech et d’autres groupes islamistes qui se vengent pour leurs défaites en Syrie. Evgueni Satanovski, président de l’Institut du Proche-Orient, partage cet avis. « Nous observons en effet une intensification des activités de l’islamisme radical et, qui plus est, un changement de tactique, a-t-il indiqué à RBTH. Ce ne sont plus de larges réseaux, mais des groupes de deux ou trois personnes ou des loups solitaires ». Cette tactique porte ses fruits : plus petit est le groupe, plus il est difficile de le capturer pour les services secrets.
Saint-Pétersbourg. Crédit : AP
Ces attaques sont commises soit par des « cellules dormantes » de terroristes qui jusqu’ici ne se manifestaient pas, soit par des rebelles rentrant de Syrie et d’Irak où Daech subit échec après échec, notamment des ressortissants de Russie ou des républiques d’Asie centrale. « Avant, ils se vengeaient de l’Europe, aujourd’hui, ils sont malheureusement arrivés jusqu’à nous », a-t-il fait remarquer.
« Le terrorisme change et se mimétise, a noté Evgueni Satanovski. Les services secrets font tout pour le contrecarrer, mais il est difficile de dire à l’avance s’il sera possible de s’y opposer efficacement. Je peux affirmer que les années qui viendront nous donneront du fil à retordre ».
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