Place du Manège.
Flora MoussaOfficiellement, la Semaine grasse n’a démarré que lundi, mais la mairie de Moscou a lancé le festival dès le week-end précédant la Semaine grasse pour que les Moscovites et les touristes aient plus de temps afin de visiter la fête foraine et les lieux de restauration installés dans des tentes.
Erwann a déjà eu l’occasion d’y jeter un coup d’œil. Il nous fait part de ses impressions pendant que nous nous rendons à la place du Manège où nous prévoyons notre première dégustation. Nous n’avons apparemment rien oublié : caméra au poing, micro bien accroché, expert de crêpes breton à nos côtés.
« Je suis donc allé faire un tour au festival Maslenitsa, à côté du Kremlin et de la Place Rouge. C'était vraiment très sympa, Il y avait beaucoup de monde, de la musique, beaucoup d'animations. Du coup, même s'il faisait froid, j'y suis resté plus de deux heures à écouter les chansons traditionnelles, à regarder les différentes animations, à visiter le château de glace etc. Quand je suis sorti du métro pour aller au festival, je suis de suite tombé sur une sorte de ring où des gens faisaient semblant de se battre, ça m'a paru très étrange, mais je suppose que c'est une tradition ! », confie Erwann pendant que nous sommes dans le métro.
Nous sortons du métro à la station Okhotny riad pour nous retrouver directement sur la place du Manège, l’une des aires du festival. En semaine, ce n’est sans doute pas aussi joyeux que le week-end, mais les visiteurs ne manquent pas. Dans la musique qui résonne, Erwann, très étonné, reconnaît des airs bretons.
Dans le café L’Oiseau de feu les femmes, vêtues de robes rouges et de bandeaux ornés de perles, travaillent d’arrache-pied : l’une note les commandes, une autre verse doucement la pâte dans la poêle en précisant les détails du futur chef-d’œuvre culinaire, tandis qu’une troisième s’occupe de garnir les crêpes soigneusement alignées sur des assiettes en carton.
On tient conseil et on passe la commande : une crêpe à la farine de pignons de pin avec de la confiture de pommes de pin. Pendant la préparation de notre fameuse crêpe, nous racontons aux jeunes femmes que nous allons la faire goûter à un Français.
Elles ne semblent pas très étonnées : « Les étrangers sont très nombreux à venir déguster des crêpes ! ». Mais en voyant Erwann, elles esquissent tout de même un large sourire.
Ceux qui font la queue après nous devront attendre un peu : il s’avère que l’une des serveuses, Elena, est la mère de la patronne du café et elle invite Erwann à prendre des photos. L’expert breton pénètre à l’intérieur de la tente et les femmes en costumes éclatants l’entourent.
« Et nos boissons ? s’étonne Elena. Vous ne voulez pas y goûter ? Nous avons du sbiten et de la medovoukha ». Malgré les objections d’Erwann, elle nous tend résolument des gobelets fumants dégageant un arôme merveilleux.
« Le sbiten est une boisson à base de miel accompagnée d’épices et d’herbes aromatiques, explique Elena. Il était consommé bien avant l’arrivée du thé en Russie et c’est pour lui qu’on a inventé le samovar ! La medovoukha, elle, est une boisson fermentée qui était en vogue avant la Révolution de 1917. La Russie comptait à l’époque un grand nombre d’usines qui en fabriquaient. C’est une boisson qui est consommée chaude en hiver et glacée en été ».
À la question de savoir pourquoi notre crêpe doit être obligatoirement servie avec ces boissons, Elena répond qu’elle et sa fille sont fermement décidées à rétablir les traditions. « En effet, avant de nous tourner vers les crêpes, on pensait que les gens ne s’intéressaient qu’au hot-dog. Mais non, il n’en est rien », a constaté Elena.
Pendant que nous bavardons, Erwann déguste le sbiten et la medovoukha. Pour la première fois. « J’essaierai d’en ramener en Bretagne pour que mes proches les goûtent. La medovoukha par exemple ressemble énormément à une boisson que l'on a en Bretagne, mais que l'on boit généralement froide : le chouchenn… Et j'ai aussi beaucoup aimé le sbiten, je pense que c'est celle que j'ai préférée », a-t-il noté.
Entretemps, voici prête notre crêpe. Nous fixons le micro au col d’Erwann et nous filmons la dégustation, comme vous pouvez le voir plus bas :
À l’issue de notre visite place du Manège, nous sommes frigorifiés. La deuxième dégustation se déroule en mode accéléré. Nous sortons à la station de métro Tverskaïa et nous allons directement vers les tentes du festival. Il y a beaucoup moins de monde, mais tout autant de musique et d’animations.
Les « crêperies » sont décorées et semblent très sympa. Nous optons pour une crêpe garnie de lait condensé sucré et servie avec de la crème fraîche. Cette dernière ne semble pas aussi appétissante que la confiture de pommes de pins, mais Erwann reste optimiste, estimant que la crêpe peut être délicieuse.
Pour savoir si elle a plu à Erwann, regardez la vidéo :
« J'ai beaucoup aimé la crêpe à la farine de pignons de pin et à la confiture de pommes de pin que j'ai mangée tout à l'heure, elle était vraiment délicieuse, et en plus elle était très bien présentée ! », déclare Erwann, très professionnel.
Il insiste toutefois sur le fait que toutes les crêpes qu’il a dégustées étaient vraiment très bonnes et ressemblaient plus aux crêpes bretonnes que celles qu'il avait eu l'occasion de goûter en Russie auparavant. Selon Erwann, les crêpes russes sont en général beaucoup plus onctueuses et fondantes que les crêpes bretonnes.
Erwann a indiqué que jusqu’ici, il connaissait la Maslenitsa seulement vaguement : « Je savais déjà qu'on y cuisinait des crêpes, que l'on brûlait un bonhomme de paille et qu'elle était suivie d'un jeûne, néanmoins j'étais loin de me douter qu'il s'agissait d'un événement aussi important. Mais après avoir vu l'ampleur du festival devant la place Rouge, j'ai vite réalisé la popularité de cette fête ».
Erwann a ajouté que l'ambiance du festival était très joyeuse : « C'est rare de voir tout le monde sourire en Russie, mais là, tous les visiteurs avaient l'air heureux ».
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