Khodorkovski cherche un candidat pour «remplacer Poutine»

Mikhaïl Khodorkovski.

Mikhaïl Khodorkovski.

AP
L’ancien patron de la compagnie pétrolière Ioukos Mikhaïl Khodorkovski, qui réside actuellement à l’étranger, a lancé un projet Internet intitulé « Remplacer Poutine ». Avant les élections présidentielles de 2018, Khodorkovski veut identifier un candidat d’opposition populaire capable de défier le dirigeant russe actuel grâce au soutien de l’ancien magnat du pétrole. Pourtant, les experts doutent de la réussite de ce projet.

Le site « Remplacer Poutine » é été lancé le 12 septembre. Pour le moment, il ne présente que 11 candidats. Le site précise que chaque citoyen russe peut proposer son propre candidat au poste de président. Le candidat final sera choisi à l’issue d’un vote sur le site et de la décision d’un groupe d’experts.

Les auteurs du projet assurent que les Russes se voient imposer l’idée que l’actuel président russe Vladimir Poutine ne peut être remplacé. Le projet « vise à montrer que la population russe de plus de 145 millions d’habitants compte suffisamment de personnes capables d’assumer la fonction présidentielle ».

« Expérience fascinante »

Actuellement, le site des candidats à la présidentielle présente principalement des politiciens d’opposition assez célèbres comme le blogueur de renom Alexeï Navalny ou le chef du parti libéral Iabloko Grigori Iavlinski. Cependant, quelques personnages inconnus du grand public, comme l’historien de Volgograd Ivan Kourilla, y figurent également.

La vice-présidente du bureau russe de Transparency International Elena Panfilova est également parmi les candidats. Dans un entretien avec RBTH, elle indique ne pas avoir été mise au courant de sa participation au projet : « L’apprendre ainsi, surtout un lundi de bon matin, est une expérience assez fascinante ». Elle estime que les participants potentiels auraient dû être consultés au sujet de cette initiative.

Panfilova ne pense pas que la plateforme permettra d’identifier de nouveaux leaders : pour le moment, Navalny et l’ancien ministre des Finances Alexeï Koudrine arrivent en tête des candidats. Toutefois, il s’agit à ce stade d’un projet à vocation sociale plutôt que d’un projet politique, et à ce titre, il mérite d’être soutenu.

Cependant, Vladimir Milov, politicien d’opposition et l’un des experts qui devront choisir le candidat final selon les initiateurs du projet, indique que celui-ci est surtout important du point de vue politique, car il permettra de trouver un « candidat fort pour toute l’opposition ». « Khodorkovski est un homme assez influent au sein de l’opposition. C’est une bonne chose qu’il cherche actuellement à proposer des candidats assez tôt et à lancer une discussion », a affirmé M. Milov. Il pense, par ailleurs, que Mikhaïl Khodorkovski ne pourra pas proposer sa propre candidature, car il se trouve à l’étranger.

« Démantèlement du système politique »

Pourtant, les experts extérieurs au projet sont bien plus sceptiques sur cette initiative.
Alexeï Zoudine, politologue et membre du conseil d’experts de l’Institut de recherches socio-économiques et politiques, réputé proche du Kremlin, estime que si l’initiative vouée à l’échec, elle n’en est pas innocente pour autant. L’expert nous a déclaré que le projet de Khorodkovski n’est pas tourné tant contre Poutine que contre l’ensemble du système politique tel qu’il existe depuis quinze ans. Son objectif est de « démanteler l’ensemble de l’héritage politique et institutionnel que […] la Russie, en tant qu’Etat, a accumulé depuis l’arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir ».

En effet, dans un entretien au quotidien RBC, Khodorkosvki a déclaré que le candidat potentiel à la présidentielle n’est pas préparé pour les prochaines élections. Il précise qu’avec les règles actuelles, un candidat d’opposition ne peut pas arriver au pouvoir par la voie électorale. « Il ne peut arriver au pouvoir qu’à la suite de changements inattendus », assure l’ancien patron de Ioukos, sans préciser la nature des changements en question.

Toutefois, Iouri Korgouniouk, directeur du département de sciences politiques du Fonds Indem, critique du pouvoir, est convaincu qu’il est impossible de prévoir la situation en cas de grands bouleversements politiques, ni de s’y préparer, encore moins de l’étranger. Pour l’analyste, Khodorkovski, qui ne peut être soupçonné de naïveté, ne fait que « se défouler » grâce à cette occupation « virtuelle ».

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