De Saint-Pétersbourg à Moscou en… trottinette

Arrivé à Moscou, la fin du voyage.

Arrivé à Moscou, la fin du voyage.

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Des jambes robustes, la bienveillance des habitants et une bonne dose de frugalité sont suffisantes pour faire un voyage de 730 kilomètres.

« Pourquoi je l’ai fait ? Et pourquoi pas ? », dit Alexandre Rendakov, 26 ans, qui a réalisé en juillet dernier le trajet entre Saint-Pétersbourg et Moscou, soit 730 kilomètres, en trottinette. Pendant son voyage, il s’est déchiré un ligament, a passé une nuit dans une localité abandonnée, a lié conversation avec un électricien villageois et a éclaté en sanglots sur la place Rouge.

Pourquoi la trottinette ?

Alexandre est un adepte de longue date de la trottinette et fait partie d’un mouvement qui regroupe ses « semblables » : Let's kick. Il pratique son hobby avec une sorte de ferveur, car c’est l’achat d’une trottinette qui lui a permis de devenir plus actif et de ne plus être accro à son ordinateur.

Un an avant son voyage, Alexandre a fait « une répétition » en se rendant de Saint-Pétersbourg dans sa ville natale, Slantsy (à environ 180 kilomètres à l’ouest). Ce qui n’a pas été de tout repos, car il a eu une entorse de l’épaule à cause d’un trou dans lequel la roue s’était bloquée et a été trempé jusqu’aux os sous la pluie.

Crédit : Archives personnellesCrédit : Archives personnelles

« Je ressemblais à un martyr », se rappelle-t-il. Arrivé dans la ville à demi-mort de fatigue, il a continué à « tourner en rond » pour faire 20 kilomètres supplémentaires et atteindre 200 kilomètres. Rentré chez lui, il a dit dans un moment de colère que c’était « une idée idiote »… pour entamer quelque temps plus tard les préparatifs d’un voyage plus sérieux, cette fois-ci jusqu’à Moscou.

Marche sur Moscou

Alexandre a commencé à rêver de se rendre à Moscou après avoir lu le roman de science-fiction de Dmitri Gloukhovski Metro 2033 (sur le métro post-apocalyptique). Au début de l’année 2016, Alexandre a quitté son poste de conducteur de véhicules spéciaux pour se lancer dans l’aventure.

« De nombreux membres de notre mouvement et moi-même, nous étions contre. On estimait le parcours trop dangereux, on pensait qu’Alexandre surestimait ses forces, raconte Alexandre Gouskov, responsable de Let's kick. Mais on a rapidement compris qu’Alexandre ne voulait pas en démordre ». Il s’est avéré par la suite qu’Alexandre Rendakov avait même sous-estimé ses forces : prévoyant de consacrer au voyage une semaine, il est arrivé à Moscou à l’issue de six jours de route.

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Il n’avait avec lui qu’une tente, une veste, une batterie pour son smartphone, une cape de pluie, ainsi que des roulements à billes et quelques outils au cas où des réparations seraient nécessaires. Le 21 juillet 2016, Alexandre a quitté Saint-Pétersbourg et s’est engagé sur l’accotement de la nationale reliant les deux plus grandes villes de la Russie. « J’étais euphorique, j’éprouvais le sentiment de celui qui avait enfin acheté ce dont il rêvait », précise Alexandre.

En route

Alexandre Rendakov faisait entre dix et douze heures de route par jour. Comme il n’avait pas pris de lecteur audio, il occupait sa tête en faisant circuler des pensées à la ronde et en philosophant. Il passait les nuits dans des villages abandonnés… Qui parfois n’étaient pas si abandonnés que ça. Et Alexandre racontait alors aux habitants méfiants ses aventures.

« Les villageois me traitaient souvent d’idiot, se rappelle Alexandre. Mais ils m’aidaient et étaient souvent les premiers à établir le contact ». Ils invitaient Alexandre chez eux pour lui offrir un lit et lui proposer de partager leur modeste dîner. A Vydropoujsk (à 246 kilomètres au nord de Moscou), il a lié conversation avec l’électricien local et a bu avec lui de la vodka faite maison.

En six jours, Alexandre n’a dépensé que 3000 roubles, soit environ 7 euros par jour. Il lavait ses vêtements dans les flaques d’eau de pluie et complétait sa ration par des baies et des fruits récoltés dans la forêt. Il a dépensé la plus grande partie de son argent en aliments caloriques et en eau potable.

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Salut, Moscou !

Le 26 juillet, Alexandre Rendakov est arrivé à Moscou. Son euphorie s’était évaporée chemin faisant : il avait soif et chaque cellule de son corps lui faisait mal. Avant même la ligne d’arrivée, il a été assailli par les journalistes : ses camarades de Let's kick lui avaient fait de la publicité.

« C’est flatteur, mais ça fait aussi râler. C’est comme quand on vous demande la carte d’identité à la caisse », grogne Alexandre. Le voyage n’est pas passé inaperçu non plus à l’Agence des routes de Russie qui lui a promis un certificat commémorant son « trajet unique en trottinette ».

Alexandre indique qu’il n’est pas encore prêt à de nouvelles aventures, tout en ajoutant qu’il souhaite rejoindre en trottinette Sébastopol (Crimée). Mais pas avant 2018, lorsque la péninsule doit être reliée à la Russie par un pont. Notre globe-trotter en herbe ne veut en aucun cas traverser l’Ukraine et a la ferme intention de se reposer pendant un bon bout de temps.

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