Le président russe Vladimir Poutine lors de sa visite à Veliki Novgorod.
Mikhail Metzel / TASS
Le président russe Vladimir Poutine a apporté des changements au système de gestion de la Crimée. Il a supprimé le district fédéral de Crimée qui existait jusqu’ici pour intégrer la péninsule au district du Sud. Les experts trouvent plusieurs raisons importantes à cette décision.
Le président russe a réalisé des modifications au sein des fonctionnaires fédéraux et régionaux, notamment parmi ceux de la Crimée. Ainsi, le gouverneur de Sébastopol a perdu son poste le 28 juillet.
En outre, le district fédéral de Crimée, mis en place après l’intégration de la péninsule à la Russie au printemps 2014, n’est plus. Que change cette décision pour la presqu’île et ses relations avec le centre ?
1. Perte de l’exclusivité
Expliquant la décision concernant la Crimée, le représentant du Kremlin a déclaré qu’elle avait été adoptée pour augmenter l’efficacité de la gestion de la péninsule. Selon le porte-parole du président russe, Dmitri Peskov, la Crimée et les autres régions du district du Sud se heurtent à des problèmes proches qu’il sera plus facile de résoudre dans le cadre d’une structure unique.nnLes fonctionnaires russes ont déclaré aux médias que la création d’un district spécial pour la Crimée était une mesure provisoire, le temps de l’intégration de la péninsule à la Russie. D’après le politologue Dmitri Orlov, chef de l’Agence des communications politiques et économiques, l’adaptation politique et économique de la Crimée aux réalités russes est terminée et l’existence d’un district fédéral spécial n’est plus nécessaire. La presqu’île perd son exclusivité et devient « un district russe classique ».n
2. Interaction simplifiée avec le Kremlin
Les experts estiment qu’en s’intégrant dans le district du Sud, l’interaction entre la Crimée et le centre sera simplifiée. D’après Mikhaïl Mizouline, politologue et membre du Conseil scientifique de l’Association des sciences politiques de Russie, ceci est notamment lié au fait que le chef de la région, Vladimir Oustinov, a de bonnes relations avec la direction russe depuis le début des années 2000. Alors qu’il était procureur général (de 2000 à 2006), il a examiné plusieurs dossiers médiatisés très importants pour le Kremlin : l’affaire Ioukos, l’enquête sur le drame du sous-marin Koursk et les procès des chefs de file des rebelles tchétchènes.nnLes observateurs sont certains que le renoncement au district fédéral de Crimée ne signifie pas que l’intérêt du pouvoir central pour la Crimée a diminué ou que les programmes réalisés en Crimée ne seront plus financés. « Le statut de la Crimée et de Sébastopol n’est pas reconnu par l’Occident et l’Ukraine, ce qui signifie qu’il est indispensable de maintenir la satisfaction de la population à un niveau acceptable. Sinon nous serons en présence d’états d’esprit favorables au retour en Ukraine », a fait remarquer Pavel Sviatenkov, de l’Institut de stratégie nationale.n
3. Absence de conflit des autorités locales
L’expert souligne également que le passage de la Crimée au sein du district du Sud permettra de prévenir l’apparition de conflits entre les représentants des autorités locales. En effet, le Kremlin a suivi avec inquiétude (notamment en raison des prochaines législatives) la montée du conflit entre le gouverneur de Sébastopol, Sergueï Meniaïlo, et l’équipe de l’ancien chef du parlement local, Alexeï Tchaly. Les partisans de ce dernier ont collecté des signatures en faveur du limogeage du gouverneur. Le transfert de Sergueï Meniaïlo au poste de représentant du président dans le district fédéral de Sibérie, le 28 juillet, a mis fin à ce conflit. Il est évident que le district de Crimée n’a pas su éviter les discordes, tandis que le représentant du président dans le district du Sud, Vladimir Oustinov, possède, selon les observateurs, assez d’expérience pour régler de tels problèmes.n
Les représentants du président dans les districts fédéraux
Les représentants du président dans les districts fédéraux sont apparus en 2000 après l’élection au poste de président de Vladimir Poutine, comme moyen de renforcer le contrôle du centre sur les régions après la « parade des souverainetés » des années 1990. En édifiant la nouvelle souveraineté russe, le prédécesseur de Vladimir Poutine, le leader russe Boris Eltsine, s’était adressé aux chefs des régions et leur a proposé de « prendre autant de souveraineté qu’ils pourraient en avaler ». Profitant de la situation, certains dirigeants ont concentré d’importants pouvoirs entre leurs mains. Au point que pour la Tchétchénie, cela a pratiquement abouti à l’indépendance de la république. Dans ce contexte, estiment les politologues, Vladimir Poutine a établi grâce à ses représentants un contrôle des gouverneurs et a repris le pouvoir aux vieilles élites.
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