Vladimir Putin
Konstantin Zavrazhin/RGMikhaïl Korostikov, politologue, directeur du département de développement stratégique de l’Université d’État d’économie de Moscou (MESI) :
La conférence s’est déroulée dans une ambiance calme et usuelle, tout comme le discours devant l’Assemblée fédérale. Il n’y a eu aucun nouveau tournant, les énoncés étaient connus à l’avance. Mais à mon avis, cela n’a pas calmé le public national. En effet, les gens ont accumulé des questions sur le système Platon [système de tarification des poids lourds, RBTH], sur les services publics, sur l’économie.
Vladimir Poutine a de nouveau répété « mes amis, tout va bien, ne vous inquiétez pas », mais je n’ai pas l’impression que cette fois il a été entendu. Les propos du chef d’État sont importants, mais il y a des réalités objectives qui se répercutent sur le portefeuille. Le président a franchement reconnu que le budget avait été calculé avec d’autres prix de pétrole que ceux que nous avons actuellement. Mais il n’a pas apporté de réponse à ceux que cela a pris au dépourvu. Car il est évident que si le prix du baril continue à dégringoler, l’économie le suivra dans sa chute.
Quant aux relations avec la Turquie, tout est clair, il a confirmé la position formulée précédemment, bien que je sois confus par les propos du président sur la difficulté que nous aurons à rétablir les liens humanitaires et culturels avec ce pays. Cette position n’est pas très claire : pourquoi la population turque doit-elle souffrir à cause des actes de ses dirigeants ?
Leonid Poliakov, chef de chair de politologie générale à l’École des hautes études en sciences économiques :
Le président s’est entretenu avec la presse dans son style habituel, il était entièrement préparé. Pour aucune question, il n’avait l’air mal préparé, et il lui était important de donner des réponses absolument exhaustives.
Je prends l’exemple des protestations des routiers, douloureux pour les Russes. Non seulement cette question provoque des tensions d’ordre économique, mais elle est déjà de nature à augmenter la tension sociale dans le pays. Il était important pour Poutine de montrer qu’il connaissait la situation dans le détail, que le gouvernement n’éprouvait pas de confusion et disposait déjà de propositions concrètes.
Sur les questions internationales pressantes, sa position est assez constructive et ouverte. Pour la situation avec la Turquie, il a clairement séparé l’attitude envers les dirigeants et celle envers les entreprises. Malgré l’acte fou des dirigeants de ce pays, nous sommes prêts à poursuivre nos relations économiques et les grands projets d’investissement – la centrale nucléaire et Turkish Stream.
La réponse sur le processus de Minsk a été tout aussi pondérée. Le président a cité des références concrètes aux articles du mémorandum de Minsk et a montré que, formellement, Kiev affichait des avancées, alors qu’en réalité le processus était gelé.
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