La Fondation Navalny lance une charge contre le Procureur de Russie

L'opposant Alexeï Navalny.

L'opposant Alexeï Navalny.

AP
La Fondation de lutte contre la corruption de l’opposant Alexeï Navalny a accusé la famille du procureur général de Russie de gérer un empire commercial illégal et d’entretenir des relations étroites avec le monde criminel. Le procureur général, Youri Tchaïka, a affirmé que ces informations étaient commanditées et mensongères. Les parties concernées par l’enquête préparent leurs actions en justice.

La Fondation de lutte contre la corruption de l’opposant Alexeï Navalny a publié le 1er décembre sur la Toile les détails d’une enquête sur l’implication présumée de la famille du procureur  général de Russie, Youri Tchaïka, dans d’importantes affaires de corruption et l’accusant de liens avec le monde criminel.

Les auteurs parlent d’actifs de la famille du procureur général à l’étranger, d’organisation d’affaires illégales en Grèce et dans des régions de Russie, de biens immobiliers en Suisse pour quelque 3 millions d’euros, de la prise de contrôle hostile d’une entreprise publique et d’un meurtre. L’enquête de la Fondation était essentiellement dirigée contre le fils aîné du procureur, Artiom Tchaïka. Selon la Fondation, ce dernier coopérait avec l’ex-femme du substitut du procureur général, Olga Lopatina, qui menait des affaires avec les épouses des chefs de la bande organisée de Kouchtchevskaïa. Les membres de cette bande tuaient et rackettaient pendant seize ans dans la localité de Kouchtchevskaïa, dans le territoire de Krasnodar (sud de la Russie), et ont été condamnés à la prison à vie pour le meurtre de douze personnes, dont quatre enfants. Ces informations sont appuyées « par tous les relevés disponibles » et des bases de données, affirment les auteurs, en joignant des captures d’écran via le système Spark et des photos de ces relevés aux documents de l’enquête. Cette dernière a duré dix-huit mois.

Au 3 décembre, le film de 40 minutes tourné par la Fondation à l’issue de son enquête a été visionné plus d’un million de fois sur YouTube.

« Commanditée et mensongère »

Le procureur général Youri Tchaïka. Crédit : Valery Sharifulin / TASS

Répondant aux médias cherchant à savoir si le Kremlin était au courant de l’enquête de la Fondation, le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a dit qu’il « n’avait pas vu » la vidéo. « Nous n’avons pas eu le temps, car la priorité est accordée à la préparation du message du président au parlement (qui a été présenté le 3 décembre) », a-t-il indiqué.

Dans le même temps, le procureur général, Youri Tchaïka, a d’ores et déjà qualifié l’enquête de commanditée et mensongère. « Pour moi c’est évident, c’est une commande qui n’est apparemment pas réalisée avec l’argent des exécutants. Une grosse somme d’argent ! Ces informations sont manifestement mensongères et totalement infondées. Je comprends très bien qui se trouve derrière et où il veut en venir », a-t-il ajouté, en promettant de nommer prochainement le commanditaire.

Olga Lopatina a également démenti sa relation avec la bande de Kouchtchevskaïa, en remettant sa déclaration par le biais d’un représentant du Parquet général. Selon elle, les extraits de documents publiés laissent « perplexe ». Olga Lopatina prépare actuellement une plainte pour atteinte à l’honnêteté, à la dignité et à la réputation professionnelle. « A ce que je sache, les avocats d’Artiom Tchaïka étudient eux aussi la possibilité de saisir la justice », a-t-elle écrit.

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies