Le 19 septembre, le Comité d’enquête de Russie a annoncé qu’il engageait des poursuites pénales contre dix-neuf membres d’un groupe criminel dirigé par le chef de l’administration de la république des Komis, Viatcheslav Gaïzer. Quinze suspects ont été mis en examen et un autre a été assigné à résidence. Le Comité d’enquête déclare rechercher plusieurs autres suspects.
La police a arrêté plusieurs hauts fonctionnaires de la république, notamment le chef adjoint de l’administration, le chef adjoint du gouvernement, le directeur du département local du Conseil d’Etat et l’ex-représentant de la république au Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe).
Des accusations pour crime organisé et escroquerie ont été formulées. Selon le Comité d’enquête, les juges d’instruction travaillaient sur ce dossier depuis neuf ans. Le porte-parole du Comité, Vladimir Markine, a déclaré que les enquêteurs avaient réalisé conjointement avec les experts du FSB (Service fédéral de sécurité) plus de quatre-vingts perquisitions dans trois régions de Russie.
Ces opérations « ont permis de saisir plus de 60 kilos de bijoux et 150 montres d’une valeur de 26 000 à près d’un million d’euros chacune », des dizaines de cachets de sociétés « engagées dans des systèmes offshore, ainsi que des documents financiers blanchissant les actifs volés pour un montant total de plus d’un milliard de roubles (plus de 13 millions d’euros) ».
Une source au sein des structures de l’ordre régionales a souligné à l’agence TASS que « la filière était remontée depuis plusieurs années, pièce par pièce, à travers plusieurs affaires pénales intentées pour corruption contre de hauts fonctionnaires et des chefs de municipalités ». Les intérêts de « l’équipe de Gaïzer» se propageaient à nombre d’entreprises rentables tant dans le secteur énergétique que celui du logement, indique-t-on de même source.
Le parquet local a déclaré pour sa part à l’agence que Viatcheslav Gaïzer et ses complices étaient soupçonnés d’avoir illégalement privatisé plusieurs entreprises de la république, notamment un élevage industriel de poulets et des hôtels. En outre, les spécialistes évoquent des schémas illicites appliqués à une série d’autres entreprises de la république.
L’affaire Gaïzer prouve que la lutte contre la corruption est inefficace, a affirmé dans une interview à RBTH Vladimir Rimski, chercheur du centre INDEM (fondation publique régionale informatique pour la démocratie) en charge des problèmes liés à la corruption.
« L’essentiel dans cette information, c’est que, même d’après les données officielles du Comité d’enquête, ce groupe de plus d’une dizaine de fonctionnaires a pu déployer ses activités pendant neuf ans. Alors, soit il ne fonctionnait pas, ce qui signifie que tout est une pure invention, soit il opérait réellement, et tous ceux qui (dans la région) avaient affaire à la propriété ou aux achats publics devaient être au courant. Or, personne n’en savait rien », a-t-il noté.
Dans le même temps, selon Kirill Kabanov, chef du Comité national de lutte contre la corruption, qui a travaillé lui-même au sein des forces de l’ordre, il est indispensable « de travailler longtemps et minutieusement afin de collecter les preuves » destinées à formuler un chef d’accusation contre un responsable d’un niveau aussi élevé qu’un gouverneur.
« De plus, il s’agit d’une personnalité dont la candidature a été proposée par le président. Ce qui fait qu’il est nécessaire de soumettre un dossier intégral au chef de l’Etat », a fait remarquer Kirill Kabanov, expliquant pourquoi l’arrestation de Viatcheslav Gaïzer avait demandé tellement de temps.
Il estime également que le chef d’accusation pour association de malfaiteurs est adéquat : c’est l’article de loi le plus sévère, il qualifie la corruption de « business à plusieurs niveaux » fondé sur « la perception d’une rente sur les ressources budgétaires ». Kirill Kabanov note que les schémas de corruption sont des réseaux hautement organisés réunissant tant des fonctionnaires que des commerçants.
Le Code pénal russe possède encore des lacunes et ne punit pas la dilapidation de ressources budgétaires assez sévèrement, conformément à la gravité de ce fait de corruption, a-t-il ajouté.
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