La diaspora, relais du « soft power » russe ?

Crédit : Julien / flickr.com

Crédit : Julien / flickr.com

La Russie cherche à créer de nouveaux mécanismes de travail avec la diaspora russe. Objectif : utiliser le potentiel de cette dernière pour diffuser le « soft power » russe à l'étranger. Les autorités russes comptent en faire un outil permettant de peser sur l'opinion publique des autres pays.

Moscou tente de redéfinir sa politique envers ses compatriotes à l’étranger, à savoir les nombreux ressortissants de l'Empire russe, de l'Union soviétique et de la Russie moderne résidant hors des frontières de l’Etat. Depuis dix ans, les autorités accordent beaucoup d'attention à la problématique des Russes de l’étranger, qui revêt une importance particulière en raison des événements en Ukraine.

Comme l'a déclaré Konstantin Kossatchev, le président de la commission des Affaires étrangères du Conseil de la Fédération de Russie (chambre basse du parlement), « il faut comprendre que nos compatriotes de l'étranger vivent à présent dans un nouveau contexte géopolitique ». Alors qu’un possible retour à une atmosphère de guerre froide est évoqué, cette nouvelle situation attire l'attention sur la diaspora russophone, en tant que moyen de transmettre la position de la société et des autorités russes aux citoyens des autres pays. Un outil d'influence qu’il est convenu d’appeler « soft power ».

Une diaspora russe  sur le modèle turc ?

Kossatchev a réalisé cette déclaration le 5 mars lors d’une table ronde du Conseil de la Fédération consacrée aux compatriotes et au « soft power ».  Le sénateur Igor Morozov a lui aussi fait un discours sur la politique des autorités à l'égard la diaspora russe. Il a cité en exemple l'expérience d'autres pays, décrivant ainsi l'image souhaitée des relations entre la Russie et ses compatriotes.

Il a mentionné la situation des Turcs en Allemagne qui, après des décennies d'intégration, ont à présent créé un parti politique et sont représentés à tous les niveaux de l'Etat. De plus, les autorités turques s'adressent régulièrement aux représentants de cette force politique. D'après le sénateur, on assiste à quelque chose de semblable avec la diaspora russe dans certains pays européens. En Allemagne, un parti d'immigrés s'est créé et porte le nom d’Einheit. Un autre parti d'immigrés est apparu en France, et cela devrait bientôt être aussi le cas en Italie.

Selon le sénateur, ce phénomène est prometteur. En effet, beaucoup de personnes étroitement liées à la Russie vivent dans de nombreuses régions du monde (au Proche-Orient, en Afrique, en Amérique latine, en Asie centrale). Dans ces régions, comme le souligne le sénateur, il y a « une population jeune de 30-35 ans, active, motivée, diplômée, qui est non seulement prête à s'identifier au Monde russe (nom donné en Russie à ceux qui vivent à l'étranger, mais qui s'identifient toujours au pays que leurs ancêtres ou eux-mêmes ont quitté), mais aussi prête à avancer ».

« Il n'y a pas de mouvement prorusse »

Alexandre Radkov, chef adjoint de Rossotroudnitchestvo, organisation pour les affaires de la CEI et des compatriotes à l'étranger, a lui aussi souligné l'importance de l’utilisation du « soft power ». Selon lui, il est important de travailler avec les élites et la société civile des autres pays.

Les experts relèvent les difficultés d’un tel travail. Comme l'a expliqué à RBTH Alexandra Dokoutchaeva, directrice du département de la diaspora et de la migration de l'institut des pays de la CEI, les rares progrès constatés actuellement en ce qui concerne l'activité de la diaspora russe ne sont que des cas isolés. Il n'y a eu aucun mouvement prorusse digne de ce nom à l'étranger. Selon l'expert, cela prouve que ces dernières années, le travail des autorités avec les compatriotes laisse généralement à désirer, en dépit de certains succès concernant l'organisation et la consolidation des diasporas étrangères.

Toutefois, les représentants des autorités russes déclarent être prêts à tirer les leçons de leurs erreurs en essayant d'aborder le problème des compatriotes selon un nouvel angle d’approche.

 

Réagissez à cet article en soumettant votre commentaire ci-dessous ou sur notre page Facebook


Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies