La Russie lutte contre la diffusion des caricatures de Charlie Hebdo

Crédit : Mikhaïl Djaparidze / TASS

Crédit : Mikhaïl Djaparidze / TASS

Les autorités russes ne relâchent pas leurs efforts afin d’empêcher la publication des caricatures du prophète Mahomet parues dans l'hebdomadaire satirique français « Charlie Hebdo », dont la rédaction a été visée par une attaque terroriste.

L'Autorité russe de surveillance de la sphère médiatique – Roskomnadzor – a immédiatement émis un avertissement après la sixième publication de ces caricatures, déclarant que leur réimpression insultait les sentiments religieux des musulmans. Parmi les médias visés par les avertissements de Roskomnadzor figure le grand quotidien économique RBC Daily. La rédaction dément pourtant avoir publié ces images controversées.

Comme indiqué dans son avertissement, l'Autorité de surveillance a réagi à l'illustration de l'article Dis aux journalistes ce qu'est Al-Qaïda, publié par RBC Daily le 15 janvier. Roskomnadzor voit dans ce dessin « une insulte aux sentiments religieux des musulmans » et une « incitation à la haine religieuse ». Par conséquent, il tombe sous le coup de la loi sur la lutte contre l'extrémisme.

RBC dément

La rédaction du quotidien économique dément pourtant avoir pas publié les caricatures. « Nous avons seulement diffusé une image des piles de numéros de Charlie Hebdo, tiré à trois millions d'exemplaires, ce qui est un record. C'est cette information que nous voulions transmettre à nos lecteurs », a déclaré le secrétaire de presse du holding, Zlata Nikolaïeva.

Il a ajouté également que les avocats de RBC étudiaient actuellement les réactions possibles contre les actions de Roskomnadzor.

Selon la loi russe, si un média reçoit deux avertissements de Roskomnadzor en un an, son certificat d’enregistrement peut être annulé par la justice. Les représentants des médias, de leur côté, peuvent faire appel de cette décision.

« Contraire à l'éthique »

Plus tôt, Roskomnadzor avait annoncé qu'il menait actuellement un travail préventif avec les médias, les enjoignant à ne pas publier les caricatures de l'hebdomadaire français. Le 16 janvier, l'Autorité expliquait sa position sur son site internet.

Elle affirmait sa « solidarité inconditionnelle avec tous les opposants au terrorisme et à l'extrémisme », et soulignait que la publication des caricatures entrait en contradiction avec les règles d'éthique en vigueur en Russie, construites pendant des siècles de cohabitation entre les peuples et les confessions sur son territoire.

Dans son communiqué, Roskomnadzor rappelle également sa convergence de vues avec les autorités russes au sujet des caricatures à thématique religieuse. L'agence rappelle qu'en 2006, les autorités russes s'étaient également opposées à la diffusion de caricatures du prophète Mahomet publiées dans un journal danois.

« Autorités françaises laxistes »

Comme en témoignent les dernières études en date, un grand nombre de Russes soutient la position de Roskomnadzor au sujet de la publication des caricatures controversées. Le sondage récemment mené par le Centre panrusse d'étude de l'opinion publique (VTsIOM) démontre que 30% des Russes estiment que la fusillade à la rédaction de Charlie Hebdo est la conséquence de l'insulte aux sentiments religieux des musulmans par les journalistes.

25% pointent du doigt « la politique laxiste des autorités françaises envers les médias, qui a permis la publication de contenus offensant les sentiments des croyants ».

Un dixième des personnes interrogées pense enfin que l'État français a accepté un flux trop important d'immigrés dans le pays, et 8% expliquent la tragédie par la cruauté de quelques musulmans extrémistes. 87% des personnes interrogées condamnent l'attaque contre la rédaction et l'assassinat des journalistes.

Près de 40% déclarent comprendre les raisons qui ont mené les extrémistes à commettre ce crime de masse. Enfin, 5% disent comprendre et valider les actions des extrémistes.

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