Les mauvaises habitudes des Russes

"Brasserie moscovite" de Boris Koustodiev. Crédit : AFP

"Brasserie moscovite" de Boris Koustodiev. Crédit : AFP

Des psychologues et des sociologues ont souligné quelques mauvaises habitudes typiques des Russes : fumer, dire des gros mots, consommer beaucoup de thé et même être trop pressés. Mais comment sont apparues ces habitudes ? C'est ce que notre correspondante en Russie nous explique.

La mauvaise habitude la plus répandue chez les Russes, c'est la cigarette. Dans un sondage du Centre Panrusse d'étude de l'opinion publique (VTsIOM) de juillet 2014, 35% des interrogés ont reconnu fumer et 13% ont fumé puis arrêté. Les fumeurs hommes sont trois fois plus nombreux que les femmes.

De plus, un consommateur de nicotine sur cinq avoue fumer plus d'un paquet par jour. « Pour beaucoup de gens, fumer est un moyen de lutter contre le stress ou bien de se relaxer », explique Elena Galitskaïa, psychologue.

Les Russes ont une autre mauvaise habitude, celle de dire des gros mots, 61% des sondés en mars 2013 par le fonds Opinion publique (FOM) ont reconnu qu'ils entendaient régulièrement des amis dire des propos obscènes. « Avec l'argot, on exprime ses émotions, lorsqu'on a mal où qu'on apprend une bonne nouvelle, parfois seul l'argot permet au Russe d'exprimer toute la profondeur de ses sentiments », déclare Galitskaïa.

Vodka ou thé

Malgré l'opinion selon laquelle la mauvaise habitude la plus populaire est la dépendance à l'alcool, les Russes interrogés considèrent l'alcoolisme plutôt comme une maladie. Néanmoins, d'après le sondage du FOM de mars 2014, les Russes éprouvent de la méfiance et même de la colère envers les gens qui ne boivent jamais. 68% des sondés disent boire de l'alcool de temps en temps.

Mais en Russie, on aime encore plus boire du thé. D'après les résultats d'une étude RosIndex de 2014 de la société internationale de recherches Synovate Comcon, cette boisson est consommée par plus de 90% des Russes.

Ils la boivent en mangeant, pour se réchauffer, ou bien boivent du thé avec des friandises comme un repas à part entière. Toutefois, le manque de mesure permet de classer la consommation de thé comme une mauvaise habitude.

« Ma famille vit en province, et là-bas, on pense encore que « prendre le thé », c'est boire en une seule fois 7-8 tasses de thé, et ça peut arriver 3-4 fois par jour, raconte Natalia Zimina. C'est une tradition russe et lorsqu'on dit que boire autant de thé est nocif pour la santé, personne ne réagit. »

Des conseils superflus

Certains psychologues ont noté d'autres mauvaises habitudes. Par exemple, celle qu'ont les Russes de chercher sur quoi ou qui rejeter la faute pour ce qui s'est passé. Cela peut être une personne concrète, l'État en général ou même le destin. Après avoir trouvé le coupable, il devient plus facile de gérer le problème.

« Nous avons l'impression que l'on doit tout faire pour nous, raconte la psychologue Maria Kissielieva. En fait, cela ne fait pas si longtemps que le servage a été aboli [l'abolition date de 1861, ndlr], et à l'époque, peu de choses dépendaient de la personne, mais une grande partie dépendait du propriétaire terrien (barine) ou du tsar. Et il nous semble toujours que c'est le cas ».

Une autre mauvaise habitude russe a une explication historique, celle de donner des conseils. Un simple trajet en transport en commun avec un enfant peut se transformer en une leçon d'éducation des enfants de la part des autres passagers.

« Autrefois, ces gens faisaient partie d'une communauté paysanne et la prospérité du groupe en général dépendait de l'entente entre ces personnes et des conseils qu'ils se donnaient, explique Kissielieva. Et cette collectivité est restée dans le subconscient des gens, d'où ce besoin de donner des conseils, même si personne ne le demande pas ».

Voici encore une habitude caractéristique des Russes : espérer un « coup de chance ». Optimistes, les Russes, quand ils évaluent les scénarios les plus sombres, pensent toujours qu'une situation peut se résoudre d'elle-même.

« Notre pays est très grand, riche en ressources, poursuit Kissielieva, notre climat a beau être difficile, il y a pire. Et c'est pourquoi la probabilité de survivre y est plus grande qu'au Japon par exemple, où des catastrophes naturelles se produisent souvent,  ou bien en Europe, où on se sent à l'étroit et où la concurrence est grande. On a la sensation que même la nature nous aide, on a le sentiment que de toute façon, on s'en sortira ».

De nombreuses mauvaises habitudes sont devenues des traits du caractère russe, ce sont des signes de leur nationalité. Ainsi, les étrangers reconnaissent à coup sûr un Russe parce qu'il est toujours pressé. L'habitude de courir pour avoir son train même si le prochain arrive dans cinq minutes, traverser à toute vitesse au rouge alors que le feu va passer au vert dans un instant, l'incapacité de faire la queue, d'attendre et d'être patient, tout cela a souvent des conséquences négatives.

Mais il y a peu de Russes prêts à renoncer à ces mauvaises habitudes. Selon le sondage organisé il y a six ans par le VTsIOM, presque 70% des Russes pensent que si une habitude ne provoque pas de difficultés pour leur entourage, alors il n'y aucun besoin de s'en débarrasser.

« En gros, il est peu probable que quelque chose ait changé, tout est certainement resté comme avant », estime le directeur général du Centre, Valeri Fedorov.

 

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