Crédit : Rouslan Krivobok / RIA Novosti
Fin novembre, le Centre russe d'étude de l'opinion publique (VTsIOM) a présenté les résultats d'un sondage sur les langues étrangères. Les Russes ont été interrogés sur les langues qu'il fallait étudier à l'école, sur l’utilité probable dans la vie future de leurs enfants, et sur les avantages qu'il y a à connaître plusieurs langues.
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C'est la première fois que le VTsIOM réalise un tel sondage. 1600 personnes y ont répondu, vivant dans 130 différentes localités de Russie.
Quasiment toutes les personnes interrogées (92%) estiment qu'il faut étudier les langues étrangères à l'école. Dans les villes les plus importantes, à Moscou et Saint-Pétersbourg, leur part est de 98 %.
Presque trois quarts des Russes (74%) sont persuadés que la capacité à parler d'autres langues servira à leurs enfants et petits-enfants. Parmi les personnes ayant répondu positivement, une majorité est jeune (82% des 25-34 ans) et a une éducation supérieure (81%).
La part de ceux qui estiment que les langues étrangères ne serviront pas aux générations futures n'a pas dépassé 5% dans toutes les catégories sociologiques.
Les choix de langue les plus courants
La langue la plus utile, d'après les Russes, est l'anglais (92%), et seulement très loin derrière l'allemand (17%), le chinois (15%) et le français (10%). L'espagnol a été placé par les Russes au même niveau que le japonais : 2% des personnes interrogées ont dit vouloir étudier ces langues. L'italien, l'arabe et le finlandais n'ont obtenu chacun que 1% dans ce sondage.
L'avis des personnes interrogées est confirmé par les employeurs : d'après le portail Superjob, l'anglais est demandé dans 96% des offres d'emploi où une langue étrangère est requise. L'allemand est exigé dans 59% d'entre elles, le français et l'italien dans 14% et 11% respectivement, le chinois et l'espagnol dans moins de 5%.
D'après la directrice des recherches internationales du VTsIOM Olga Kamentchouk, les langues étrangères apparaissent toujours dans les principales matières que les parents citent aux sociologues. « Aujourd'hui, de plus en plus de Russes comprennent l'importance de l'étude des langues étrangères, bien que notre pays soit resté peu mobile : nous voyageons relativement peu », reconnaît l'experte.
Les statistiques indiquent que les personnes qui voyagent le plus à l'étranger sont les habitants des grandes villes. Cela explique leur attitude envers les langues étrangères. « Les Russes sont de plus en plus conscients du fait que le monde s'élargit », explique Olga Kamentchouk en introduction au sondage.
Le ministère de l'Éducation et des Sciences explique que depuis 2011 l’apprentissage d’une langue étrangère est devenue obligatoire dès la seconde année de primaire (dès l'âge de 7-8 ans). Le nombre d'heures consacrées à l'étude de cette langue est décidé librement par l'équipe enseignante.
Les écoles ont aussi désormais la possibilité de proposer une seconde langue étrangère à partir de la cinquième année d'école primaire. En 2020, un contrôle de langue étrangère sera le troisième test obligatoire après le russe et les mathématiques à l'examen d'État unifié, l’examen qui conclut l’enseignement scolaire.
Les langues étrangères sont la base d'une carrière réussie
Lorsqu'il leur a été demandé de lister les avantages qu’il y a à connaître des langues étrangères, les personnes interrogées ont cité la possibilité d'échanger directement avec des étrangers, de voyager facilement dans d’autres pays, de lire des livres et de regarder des films en langue originale et d'avoir des choix d'études élargis.
Une personne sur cinq a répondu que la connaissance d'autres langues apportait des chances supplémentaires de trouver un travail bien payé et haut placé.
Les résultats du sondage du VTsIOM sont en partie confirmés par Irina Yakoucheva, directrice de la chaire de langues étrangères de la faculté d'économie internationale à l'École supérieure d'économie. Elle explique que, hormis l'anglais qui est obligatoire pour les étudiants, l'allemand, l'espagnol, le chinois et le français sont populaires.
« Depuis la création de la chaire, le marché a changé chaque année. Les étudiants peuvent choisir entre huit langues : arabe, japonais, chinois, espagnol, allemand, français, portugais et italien. Le concours le plus serré revient chaque année à l'allemand et à l'espagnol », déclare l'enseignante.
Mme Yakoucheva souligne qu'au début des années 2000, il y avait une grande demande pour le chinois, mais que peu à peu la demande a diminué.
La directrice du marketing de l'agence de recrutement Kelly Services Jeanne Volkova est convaincue que la connaissance d'une langue étrangère donne effectivement un grand élan à une carrière.
« Lors de l'embauche dans une entreprise occidentale, la connaissance d'une langue étrangère augmente en moyenne le salaire mensuel de 50 000 roubles (745 euros). Cela offre aussi la possibilité d'être formé dans des sociétés internationales, où toutes les formations sont proposées en anglais », d'après elle.
D'après les analystes du portail Superjob, seuls 5% des chercheurs d'emploi inscrits en octobre 2014 avaient une excellente maîtrise de l'anglais. 15% d'entre eux indiquaient en avoir une bonne connaissance, 57 % une pratique de base. Plus d'un sur cinq (21%) n'en avaient aucune notion.
En novembre, la société de formation Education First a publié les données de l'enquête English proficiency index 2014, au cours de laquelle plus de 750 000 personnes vivant dans 63 pays ont passé un test de connaissance de l'anglais. D'après cette enquête, la Russie appartient au groupe des pays ayant une mauvaise connaissance de l'anglais (36e place), au même niveau que la Chine (37e), le Brésil (38e), le Mexique (39e) et l'Ukraine (44e).
Toutefois, en sept ans, la Russie a progressé de cinq place. D'après les auteurs de l'étude, ces dernières années, l'anglais est devenu un élément important de l'économie russe. Le marché de l'enseignement de cette langue reste cependant en retard par rapport aux autres pays du Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et il est concentré à Moscou et Saint-Pétersbourg.
Sources : Kommersant.ru, Wciom.ru
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