Crédit photo : TASS
Le Centre panrusse d'étude de l'opinion publique (VTsIOM) vient de publier les résultats du sondage sur les pays avec lesquels la Russie entretient des relations amicales ou hostiles. En cette période de sanctions et de confrontation politique, les Etats-Unis et de nombreux pays de l’Union européenne (dont l’Allemagne, traditionnellement vue comme un pays « ami ») sont logiquement considérés comme hostiles. La détérioration des relations avec l’Ukraine se reflète également dans le classement. La population estime, par ailleurs, avoir des relations chaleureuses avec l’Inde (9%) et les pays d’Amérique latine : le Brésil (4%), Cuba (4%) et l’Argentine (3%).
Parmi les trois États les plus amicaux, on retrouve les partenaires de la Russie au sein de l’Union eurasiatique, le Kazakhstan et la Biélorussie, que 20% et 32% des Russes respectivement considèrent comme « amis ». Toutefois, c’est la Chine qui arrive largement en tête du classement avec 51%. Autrement dit, la moitié des Russes estiment que la Chine est un ami et un allié de la Russie. En six ans depuis le précédent sondage de ce type (en 2008), l’amour des Russes pour la Chine a crû de manière considérable – à l’époque seuls 23% des sondés avaient alors désigné la Chine comme un pays-ami.
Attitude positive, avec des corrections
Alexandre Larine, directeur de recherche à l’Institut de l’Extrême-Orient et spécialiste de la Chine, explique qu’outre le VTsIOM, des sondages de ce type sont publiés par d’autres agences – tous laissent apparaître une haute appréciation des relations avec la Chine. « D’un autre côté, poursuit Larine, l’esprit des masses est assez contradictoire. L’attitude positive envers la Chine cohabite avec une certaine crainte, pas toujours justifiée ». Ces craintes comprennent la peur de l’expansion démographique hypothétique de la Chine en Extrême-Orient : de nombreux Russes croient les rumeurs selon lesquelles de grandes colonies de migrants illégaux chinois existent déjà en Sibérie. L’expert estime qu’il s’agit d’une légende sans aucun fondement. Toutefois, même ces craintes n’empêchent pas les Russes d’avoir une attitude générale positive envers la Chine et les Chinois. Larine estime que l’image positive de ce pays en Russie est formée grâce à différents facteurs – la rhétorique de la presse, tout comme les impressions personnelles suite aux échanges avec les ressortissants chinois.
L’amitié entre la Russie et la Chine est, à ce titre, une agréable exception. « Il est important que le gouvernement russe et la population partagent une bonne opinion de la Chine, souligne Souchentsov. Parfois, ces deux vecteurs ne correspondent pas, comme c’était le cas avec la Géorgie, par exemple. Les Russes et les Géorgiens ont des relations très cordiales, mais les gouvernements avaient de sérieux désaccords. Alors que dans le cas de la Chine, les relations sont bonnes au niveau étatique et au niveau humain ». D’un autre côté, l’expert est prudent dans son évaluation de l’avenir des deux puissances : « Il est impossible de prédire si cette tendance (l’amitié entre la Russie et la Chine, RBTH) porte un caractère irréversible. Aujourd’hui, nos relations se développent, en effet, de manière positive et les résultats du sondage reflètent réellement l’attitude de la majorité des Russes ».
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