Sergueï Beliakov Crédit : Viktor Vassenine/RG
Beliakov estime que la prolongation du moratoire permettant à une partie de l'argent destiné aux futures retraites d'être investi dans les pensions actuelles est nuisible à l’économie et a présenté ses excuses pour « les décisions stupides du gouvernement ».
« Cette décision revient, en fait, à renoncer à utiliser cet argent pour l’économie définitivement, pas uniquement en 2015. Nous avons promis à tout le monde que le moratoire ne s’appliquerait qu’à l’année 2014. Je demande pardon pour les choses stupides que nous faisons et pour le peu de respect que nous avons pour notre propre parole », a écrit le fonctionnaire sur sa page Facebook.
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En réaction au message de Beliakov, Natalia Timakova, porte-parole du premier-ministre Dmitri Medvedev, a publié un commentaire : « Sergueï, un gouvernement est une responsabilité collective. Si vous avez tellement honte, vous savez ce qu’il faut faire. Si cela vous est supportable, alors vous avez fait tout ce que vous pouviez, la décision politique est prise. Il faut maintenant l’exécuter », a écrit Mme Timakova.
Toutefois, les commentaires de l’attachée de presse ont été supprimés de la page de Beliakov plus tard dans la soirée.
L’ancien vice-ministre a souligné qu’il n’exprimait que son opinion personnelle.
Conformément à la loi sur la fonction publique
Le communiqué publié sur le site du gouvernement de la Fédération de Russie indique que Beliakov est limogé pour « violation de la loi sur la fonction publique ».
« Lors de l’exercice de leurs fonctions au sein des services publics, les fonctionnaires ne sont pas autorisés à émettre des opinions, avis ou critiques, notamment dans les médias, concernant le travail des agences publiques et leurs dirigeants, y compris les décisions d'un organe su service public ».
« La décision de limoger Sergueï Beliakov est motivée par la violation des dispositions du paragraphe 10 partie 1 article 17 de la loi fédérale du 27 juillet 2004 N° 79-NЗ « Sur la fonction publique civile dans la Fédération de Russie », précise le communiqué publié sur le site du gouvernement.
Liberté de parole ou serrage de vis
« Le limogeage des fonctionnaires qui critiquent les décisions de l’État est une pratique répandue dans les pays où le gouvernement porte une responsabilité collective pour les lois adoptées. Dans les pays où le gouvernement est élu par un Parlement selon un système de partis, l’expression d’opinions critiques par des membres individuels de la branche législative du gouvernement peut conduire à leur limogeage », nous explique Nikolaï Toropine, expert en chef du droit européen de l’Institut d'État des relations internationales de Moscou auprès du ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie.
L’expert rappelle que par le passé, le ministre russe des Finances Alexeï Koudrine a publiquement exprimé son désaccord avec les décisions de Dmitri Medvedev, alors président, et a été limogé avec le commentaire suivant : « s’il exprime des opinions contraires à celles de l’équipe gouvernementale, alors il n’a pas sa place dans cette équipe ».
« Notre système est historiquement construit de telle manière que si tu n’es pas d’accord, tu dois faire la chose suivante : écrire une lettre de démission et c’est tout. Globalement, tout le monde comprend ces règles du jeu…aussi les démarches personnelles sont évidemment rares », explique Igor Nikolaïev, directeur de l’Institut de l’analyse stratégique FBK.
L’épargne des citoyens
La procédure de moratoire sur les pensions a été mise en place en 2013. Les fonctionnaires ont alors pris la décision de transférer l'intégralité des cotisations retraite des citoyens vers le système de redistribution afin de payer les pensions des retraités actuels. À titre de compensation, les Russes se sont vus proposer des points spéciaux qui devaient être pris en compte lors de la formation des futures retraites.
Le ministère des Finances a précisé que la prorogation du moratoire sur la partie cumulative des retraites en 2015 pourrait avoir des conséquences macroéconomiques négatives majeures : baisse de la croissance du PIB, hausse des coûts des emprunts à hauteur de 2-3%, voire même impossibilité d’augmenter les retraites à long terme.
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