Normandie : Poutine évoque ses rencontres en marge des commémorations

Crédit : AFP/East News

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Le président russe a évoqué avec les journalistes ses rencontres en marge des célébrations du 70e anniversaire du débarquement des alliés en Normandie. RBTH propose à ses lecteurs des extraits des réponses de Poutine.

A propos de la rencontre avec Porochenko 

En ce qui concerne le format, j'avais déjà dit en Russie que je n'avais pas l'intention d'éviter qui que ce soit, ce n'est pas poli, ça ne se fait pas. En plus de tout le reste, le président français et la chancelière allemande m'ont proposé une rencontre en leur présence avec Monsieur Porochenko.

Cette rencontre a eu lieu, comme on dit dans de telles circonstances, en marge de cet événement, pour ainsi dire dans les couloirs. Nous nous sommes mis à table, nous avons parlé pendant 15 minutes je pense. Je ne peux pas dire que c'était une conversation approfondie, néanmoins nous avons évoqué les questions essentielles liées à la régularisation de la situation et à l'évolution des relations économiques.

En ce qui concerne la régularisation de la situation, je ne peux donc pas ne pas saluer la position de Monsieur Porochenko à propos du fait qu'il faut sans tarder arrêter l'effusion de sang dans l'est de l'Ukraine, et il a un plan pour cela. Mais quel est ce plan, il vaut mieux le demander non pas à moi, mais à lui. Il en a parlé en deux mots, mais c'est une chose de parler d'en parler ici en France, et c'en est une autre de le présenter dans son propre pays.

 A propos des rencontres avec les dirigeants d'autres pays  

Aujourd'hui, il y a eu beaucoup de contacts, de rencontres avec pratiquement tous les participants. Peut-être pas avec tous mais avec un grand nombre de participants aux événements d'aujourd'hui, et avec des têtes couronnées.

La conversation la plus sérieuse était bien sûr la rencontre avec le président de la République française. Nous avons déjà évoqué longuement lors de contacts bilatéraux nos liens économiques et les problèmes internationaux, dont la question iranienne, la Syrie, et certaines questions qui présentent un intérêt commun. Il me semble que l'échange de vues a été très utile. 

En ce qui concerne l'économie, nous avons parlé longuement ici avec le Premier ministre britannique, le président français et la chancelière allemande, et aussi avec Monsieur Porochenko de la signature du célèbre accord d'association qui se profile entre l'Ukraine, la Commission européenne et la zone euro.

 A propos de l'Ukraine

Je pense qu'il faut cesser sans tarder l'opération punitive dans le sud-est de l'Ukraine. Ce n'est que comme ça qu'on pourra créer les conditions pour entamer un vrai processus de négociation avec les partisans de la fédéralisation.

Je pense que le gouvernement ukrainien doit faire acte de bonne volonté, ou si vous voulez de sagesse d'Etat. Cette opération doit être interrompue sans tarder, il faut rapidement déclarer un cessez-le-feu. Et ce n'est que comme ça qu'on créera les conditions pour un processus de négociation. Comment faire autrement ? Ce n'est pas possible !

J'ai aussi une souligné que dans ce cas, les parties des négociations ne doivent pas être la Russie et l'Ukraine, mais les autorités de Kiev et les représentants, les partisans de la fédéralisation à l'est.

Bien entendu, j'ai dit aux nombreux partenaires lors des discussions d'aujourd'hui que nous attendions une enquête rigoureuse sur tous les crimes, notamment ceux d'Odessa.

A propos du gaz

Nous n'avons pas discuté du prix du gaz avec Monsieur Porochenko, mais je sais que Gazprom et les partenaires ukrainiens sont proches d'un accord définitif. Nous n'excluons pas faire un pas vers les Ukrainiens, de les aider dans le cas où bien sûr ils règlent les dettes qu'ils ont accumulées ces derniers temps.

Mais il y a encore un critère que nous et nos partenaires et amis européens, devons prendre en compte, c'est le risque que les impayés restent élevés ; si quelqu'un pense qu'on peut régler les problèmes d'approvisionnement énergétique de l'Ukraine par le biais d'une réorientation des livraisons, alors il se trompe lourdement.

Si nous constatons que quelqu'un enfreint nos contrats sur les livraisons de gaz, nous réduirons le volume et les livraisons physiques sur le marché européen seront tout simplement insuffisantes, insuffisantes tout simplement. Primo. Et secundo, de forts risques d'impayés demeurent compte tenu du fait que l'économie de l'Ukraine se trouve dans une situation difficile, et alors nos partenaires européens porteront sur leurs épaules ces risques d'impayés. Je pense que personne ne veut cela en Europe.

Contexte

Porochenko a également commenté sa rencontre avec Poutine : la conversation n'a pas été facile, surtout quand la question de la Crimée a été soulevée. Le nouveau dirigeant ukrainien s'est félicité d'avoir pu amorcer le dialogue malgré « une ambiance très tendue ». Il a notamment été convenu qu'un représentant de la Russie se rende en Ukraine afin de participer à la résolution des questions conflictuelles.

Le premier contact de Poutine avec Porochenko a été perçu aux États-Unis comme une « évolution positive » de la situation. Les représentants de la Maison Blanche ont même laissé entendre que si Moscou commençait à travailler avec le nouveau président ukrainien, cela ouvrirait une porte pour l'amélioration des relations avec Washington.

« A la suite des entretiens de M. Poutine en France, il a été clairement établi que la Russie n'avait pas l'intention de modifier sa position sur la crise ukrainienne, et démontrait calmement sa certitude d'être dans son droit », a déclaré à RBTH Mikhaïl Marguelov, représentant du Comité du Conseil de la Fédération sur les questions internationales. « Poutine a souligné que la principale condition d'une désescalade était l'arrêt de l'opération antiterroriste lancée par les autorités de Kiev dans l'est du pays, ainsi que le début d'un dialogue entre Kiev et les représentants de Donetsk et de Lougansk. »

Selon Marguelov, la balle, comme auparavant, est du côté du pouvoir ukrainien. La question est de savoir si Porochenko sera en mesure de changer brusquement le cap suivi actuellement par le gouvernement de Kiev. « Répondre sans équivoque à cette question est difficile », estime Margelov. « Pour l'instant, Porochenko n'a pas renoncé à l’agressivité de sa rhétorique pré-électorale. »

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