Edouard Limonov a exprimé l'espoir de rassembler plus de participants lors de la prochaine manifestation. Crédit : Itar-Tass
En 2009, Edouard Limonov a fixé parmi les principaux objectifs de la Stratégie 31 la création dans la capitale d’un lieu où les habitants pourraient se réunir pour défendre leurs droits et libertés, de réunir les forces très disparates de lutte contre la pression de l’Etat et d'unir la société sous un unique « drapeau non-partisan ».
Premier meeting autorisé
Le premier meeting autorisé d’opposition s’est achevé au bout d’une heure et demie. Edouard Limonov a reconnu que son mouvement n’avait jamais réussi à obtenir le droit d’organiser des meetings dans tout le pays : « Pendant que les Moscovites hurlaient place Triomphale, la police de Saint-Pétersbourg a coffré six militants de Stratégie 31 ». Toutefois, le leader national-bolchevik ne baisse pas les bras, car il est persuadé que grâce à la mobilisation des « masses », il parviendra à ses fins.
Et de lancer à tous les « sceptiques » : « Limonov a été, est et sera toujours dans l’opposition ». En ajoutant, toutefois, que son opposition est constructive. Il estime que si le gouvernement prend des mesures contre le peuple, ils ne « ménageront pas le pouvoir ».
Répondant à quelques questions des journalistes, Limonov a constaté qu'il était difficile d'expliquer exactement pour quelle raison la mairie avait autorisé l'action. Il a en même temps exprimé l'espoir de rassembler plus de participants lors de la prochaine manifestation (cette fois-ci, moins de 300 personnes étaient présentes sur la Place Triomphale) : « Mais, si cela n'arrive pas, nous ne baisserons pas les bras ».
Premières manifestations
En raison de la renommée et de la réputation controversées de Limonov, le gouvernement de Moscou a interdit la première manifestation de Stratégie 31. Toutefois, malgré l’interdiction des autorités, les national-bolcheviks ont décidé d’organiser un meeting non-autorisé le 31 mai 2009. En réponse, dès la mi-journée, un contingent important de forces de l’ordre a été réuni place Triomphale – plus de dix bus de police et d’OMON, huit camions couverts remplis d’agents des forces intérieures, ainsi que plus de dix véhicules de la police de la route. La place a été encerclée, l’entrée était bloquée par quatre camions-bennes KamAZ alignés. Les organisateurs de la manifestation ont été arrêtés par la police sans aucune explication.
Pendant une heure, la police et l’OMON se sont mis régulièrement en rang pour tenter de repousser la foule d’un côté ou de l’autre, chasser les gens de la place ou les pousser vers le métro. Parallèlement, des participants à la manifestation comme des passants se faisaient arrêter. Selon la police de Moscou, 47 personnes ont été arrêtées.
Le meeting du 31 décembre a provoqué une vive réaction publique et internationale : au cours de ce dernier, l’OMON a arrêté, entres autres, la présidente du Groupe d’Helsinki de Moscou Lioudmila Alexeïeva.
La police a arrêté 50 personnes, dont Edouard Limonov, ainsi que Lioudmila Alexeïeva qui n’a pu rester que trois minutes sur la place. L’arrestation de la célèbre militante des droits de l’homme russe a immédiatement fait de tour de la presse mondiale et a suscité de vives réactions. Au final, le chef de la police de Moscou, le major-général Vladimir Kolokoltsev a dû personnellement s’impliquer dans la libération des détenus : il a téléphoné aux postes de police, exigeant que les rapports soient établis et les détenus libérés dans les plus brefs délais.
Immédiatement après les événements, le président du Parlement européen Jerzy Buzek et le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain ont exprimé leur indignation à l’égard de l’arrestation de la célèbre militante des droits de l’homme. Le lendemain, le quotidien The New York Times a publié en première page un article sur la manifestation intitulé « L’enthousiasme des dissidents russes ne craint aucune épreuve ».
Le 31 mai 2010, des meetings de Stratégie 31 ont eu lieu dans quarante villes russes. Celui de la capitale a été le plus massif de son histoire. Ce jour-là, quelque 2 000 manifestants se sont réunis place Triomphale et ont refusé de se disperser malgré les arrestations massives et la violence des policiers. Au cours du meeting en défense de la Constitution, plus de 170 personnes ont été arrêtées à Moscou, et, selon différentes estimations, entre 60 et 95 personnes ont été arrêtées à Saint-Pétersbourg. Des violences sur les détenus, y compris les femmes, ont été signalées.
Leader
Limonov, 71 ans, a conquis
sa notoriété grâce à la publication de textes à caractère ouvertement
nationaliste. Le leader des national-bolcheviks a encouru de nombreuses
condamnations pénales et administratives pour son activité politique. En 1996,
notamment, il fait l’objet de poursuites judiciaires pour « incitation à
la haine ethnique ». En 2001, Limonov et plusieurs autres national-bolcheviks
ont été accusés d’achat et possession illégale d’armes à feu, de tentative de
création d’unités armées illégales, de terrorisme et d’incitation au
renversement de l’ordre constitutionnel. Plusieurs chefs d’accusation ont été
annulés, mais au printemps 2003, Limonov a été jugé coupable et condamné à
quatre ans d’emprisonnement. En juin de la même année, il a bénéficié d’une libération conditionnelle.
À votre avis, pourquoi la mairie de Moscou avait autorisé le meeting national-bolchevik ? Donnez-nous votre avis en tweetant @rbth_fr #Limonov
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
Abonnez-vous
gratuitement à notre newsletter!
Recevez le meilleur de nos publications directement dans votre messagerie.