Mikhaïl Khodorkovski Crédit : AP
Mikhaïl Khodorkovski, l’ancien directeur de la société pétrolière Ioukos, récemment gracié par le président russe Vladimir Poutine, a invité plusieurs personnalités publiques russes à Kiev pour se pencher avec leurs collègues ukrainiens sur une « feuille de route » de sortie de crise, qui oppose actuellement les deux pays. Dans son discours de présentation, il a déclaré : « Nous sommes ici réunis pour différentes raisons, mais en premier lieu parce que nous ne sommes pas d’accord avec la politique mené par le président russe Vladimir Poutine à l’égard de l’Ukraine ».
« Le plus triste pour nous, les Russes, c’est que le président Poutine ne s’attaque pas aux principaux problèmes stratégiques globaux. Encore une fois, et maintenant en Ukraine, il utilise ses services spéciaux pour se venger d’atteintes personnelles », a dit Khodorkovski. Selon lui, le président russe se serait senti offensé « par la révolution, par l’expulsion de l'escroc, l’ex-président Ianoukovitch, et de son entourage corrompu ».
Le congrès a été organisé, pour la partie russe, par les organisations « Russie ouverte », la fondation Mikhaïl Khodorkovski et le Centre russe PEN, et pour la partie ukrainienne, par le mouvement « Troisième République Ukrainienne », créé par l’ex-directeur du ministère de l’Intérieur ukrainien Iouri Loutsenko.
A l’ouverture du congrès, la présentatrice télévisée d’opposition russe Ekaterina Gordeeva a déclaré : « Nous sommes venus ici, en Ukraine, pour nous faire notre propre opinion sur les événements, et non pour croire ce que dit la propagande russe ». Durant la conférence, des experts politiques et économiques étaient également présents, ainsi que des personnalité culturelles et des opposants au pouvoir.
Le premier jour de la conférence, les participants ont abordé le thème de la liberté d’expression en Ukraine et en Russie. Des discussions qui ont rapidement tournées en affrontement verbal. Les représentants ukrainiens ont violemment reproché aux Russes qu’il était honteux de travailler dans un pays où il existait des chaînes comme NTV. Ces derniers, à leur tour, ont rétorqué qu’ils ne pouvaient pas prendre d’assaut « Ostankino » (tour de radio-télédiffusion de Russie, Ndlr) à la manière des combattants du Pravy Sektor (« Secteur droit »). Les journalistes russes ont quitté la salle en guise de protestation. « J’aurais mieux fait d’aller à Sloviansk », a déclaré l’un d’entre eux.
La cinquième colonne
En Russie, l’initiative de Khodorkovski a provoqué de vives critiques. Le publiciste pro-Kremlin Dmitri Olshansky a écrit sur son blog : « indépendamment de ce que l’on peut penser du gouvernement actuel, vous ne verrez nulle part un politique ambitieux se ranger, à la veille d’une guerre, du côté de l’ennemi militaire de son propre pays ».
Sergueï Markov, directeur de l’Institut d’études politiques et membre de la Chambre civile de Russie pense que Khodorkovski tente ainsi de se frayer un nouveau chemin vers la politique. « Il déteste la Russie, de près ou de loin, parce que c’est ce qu’on lui demande, et qu’on le paie grassement pour cela. C’est une haine bien rémunérée », a-t-il déclaré à La Russie d’Aujourd’hui. « Khodorkovski dit aux Ukrainiens qu’il existe une autre Russie, que celle qu’ils détestent, c’est la Russie autoritaire, mais qu’il existe une Russie démocratique. Ils pourraient devenir un des leurs s’il trahit la Russie », a-t-il ajouté. « Si l’objectif de Khodorkovski est de réconcilier la Russie avec l’actuel gouvernement de Kiev, alors son but est impossible à atteindre », a conclu Sergueï Markov.
Même parmi les représentants de l’opposition russe, tous ne soutiennent pas l’idée de mener une conférence conjointe. A ce propos, le leader du parti DemVybor Vladimir Milov a déclaré qu’il pouvait tout à fait se rendre à Kiev pour s’exprimer sur la question ukrainienne, mais qu’il était heureux que « toute cette clownerie se faisait sans nous ». Selon lui, l’opposition était en mesure de s’arranger avec l’Ukraine sans la participation de libéraux discrédités.
Article préparé avec RBC, Forbes, Vzgliad
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