Fait-il bon être Russe dans l’UE ?

Le 4 avril dernier, au Parlement européen s’est tenu le Forum européen de la jeunesse russe sur le thème des « Valeurs morales et familiales : problèmes actuels des Russes résidant dans l’UE ». Crédit : Nikolaï Ramenski

Le 4 avril dernier, au Parlement européen s’est tenu le Forum européen de la jeunesse russe sur le thème des « Valeurs morales et familiales : problèmes actuels des Russes résidant dans l’UE ». Crédit : Nikolaï Ramenski

Le 4 avril dernier, au Parlement européen à Bruxelles, s’est tenu le Forum européen de la jeunesse russe sur le thème des « Valeurs morales et familiales : problèmes actuels des Russes résidant dans l’UE ». Notre correspondant a assisté à cette rencontre et a enquêté sur les principales difficultés auxquelles se heurtent les émigrés russes dans l’Union européenne.

Un enfant plutôt que des impôts

« Cette rencontre est un échange d’expériences vécues par les divers participants au forum. Ils sont juristes, représentants des droits de l’homme et d’organisations diverses, et ils font face chaque jour à des problème liés à la violation des droits culturels et familiaux de la population russophone en Europe », a déclaré la présidente du directoire de l’Alliance européenne de la jeunesse russophone Alissa Demina.

Selon elle, « il y a actuellement de nombreux démêlés avec la justice des mineurs, notamment lorsqu’on retire un enfant d’une famille d’immigrants, en particulier russophone, sous des prétextes le plus souvent bidons, pour les placer dans une famille d’accueil qui reçoit des allocations et une réduction d’impôts ».

« L’enfant ne reverra dans ce cas-là jamais ses parents. Il cesse d’être russe et perd non seulement sa vraie famille, mais aussi sa culture, sa langue. Nous devons combattre cela, car la situation ne fait que s’aggraver. C’est déjà dans les moeurs, c’est devenu une sorte de business, avec des annonces qui disent : vous ne souhaitez pas devenir famille d’accueil ? Vous pourrez recevoir en échange de l’argent et des allégements fiscaux! Les européens qui acceptent d’accueillir ces enfants enlevés à leur famille russophone ne sont pas très riches. Et comme il s’agit d’un business, vous comprendrez bien qu’ils ne vont pas s’en occuper comme de leur propre enfant », s’insurge Alissa Demina.

D’autre valeurs

Organisatrice du Forum, députée lettonne du Parlement européen, également russophone, et présidente de l’Alliance européenne russe qui rassemble tous les citoyens européens russophones, Tatiana Jdanok ajoute de son côté que « les minorités ethniques, linguistiques, religieuses, telles que définies dans la déclaration des Nations Unies se distinguent de la population pays dans lequel ils résident, pas seulement par leur langue et leurs traditions, mais aussi par leur vision du monde ».

« Cela comprend la perception de l’histoire et de la hiérarchie des valeurs. Et si juste après la chute de l’URSS nous avons accordé plus d’attention au problème de la langue en tant que question identitaire, d’ailleurs encore est très vivante actuellement en Ukraine, de même qu’en Lettonie, en Estonie et dans d’autres pays d’Europe orientale, ces derniers temps, nous prenons de plus en plus conscience combien nos approches diffèrent, notre vision sur les événements historiques, sur ce qu’est le progrès, sur le bilan ou les principaux acteurs de la Seconde Guerre mondiale », estime Tatiana. 

« Et puis, ces derniers temps, nous avons réalisé combien, même sans tenir compte du facteur religieux, nous sommes différents de par notre hiérarchie des valeurs. Ceci dit, l’appartenance religieuse joue un rôle non négligeable. On recense près de 6 millions de russophones qui vivent dans les pays de l’UE, mais tous ne sont pas orthodoxes. Même les Allemands rentrés en Allemagne d’Asie Centrale appartiennent à différentes religions. Et eux aussi ont été confrontés à une attitude différente, par exemple envers le droit des enfants ou le droit des parents », explique la députée.

Un homme averti en vaut deux

Selon Tatiana Jdanok, de nombreux drames sont liés au fait que la femme, mariée à un représentant de l’un des pays de l’UE, perd systématiquement la garde de son enfant, car les tribunaux privilégient leurs citoyens. La députée européenne pense qu’il s’agit d’une tendance manifeste, facile à démontrer.

« Nous sommes en train de préparer une grande campagne d’information à destination des russophones déjà résidents en Europe occidentale ou qui comptent s’y installer, car les mariages mixtes sont en nette augmentation. Nous souhaitons informer ces personnes sur les lois en vigueur dans ces pays, sur les mauvaises surprises qui peuvent les attendre, voire même les dangers, les « pièges », qu’ils sont susceptibles de rencontrer en cas de rupture familiale ou de conflits. Et aujourd’hui, la Fondation russe pour le droit des citoyens russes a confirmé soutenir notre projet pour la création d’un portail Web permettant de venir en aide à nos citoyens », déclare Tatiana Jdanok.

Elle précise toutefois que le site ciblera d’abord 7 pays de l’Union européenne, mais qu’avec le temps, leur nombre s’accroîtra.

« Le retrait des enfants est le problème le plus actuel pour nous vis-à-vis des gouvernements d’Europe occidentale, mais cette tendance commence à se répandre également dans des pays comme ma Lettonie natale et d’autres pays de l’Europe de l’Est. Les documents qui seront publiés par notre site, dont l’ouverture est prévue en novembre prochain, seront préparés par des juristes, mais nous comptons ouvrir notre site à tous et appelons d’ores et déjà les gens à nous raconter leur histoire, afin de rassembler les témoignages. Et nous souhaitons également toucher nos jeunes compatriotes, en particulier les membres de l’Alliance européenne de la jeunesse russophone, parce que cela les touche soit déjà directement, soit les touchera par le futur, lorsqu’ils fonderont une famille et souhaiteront avoir des enfants », assure Tatiana Jdanok.

 

Réagissez à cet article en soumettant votre commentaire ci-dessous ou sur notre page Facebook


Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies