Crédit : Itar-Tass
Le Comité interétatique sur l'aviation a présenté des conclusions assez choquantes sur le crash d'un Boeing 737 de la compagnie aérienne Tatarstan, survenu le 17 novembre. Selon les données renfermées dans l'une des boîtes noires de l'avion, un des pilotes a déconnecté le pilote automatique, avant de faire plonger l'avion vers le sol. D'après les spécialistes, ce sont uniquement des psychologues qui sont en mesure d'expliquer ce geste de l'aviateur.
Le Comité intergouvernemental d'aviation (MAK) a publié mardi 19 novembre les premiers résultats de l'étude des données contenues dans l'une des boîtes noires de l'avion Boeing 737-500, qui s'est écrasé dimanche 17 novembre près de l'aéroport de la ville russe de Kazan, capitale de la république autonome du Tatarstan. D'après un communiqué du Comité, il pourrait en effet s'agir d'une erreur de pilotage.
La catastrophe de Kazan souligne les problèmes de l'aviation russe
Crash à Kazan : probable erreur humaine ou défaillance technique
Comme l'expliquent les responsables du MAK, l'atterrissage à Kazan ne pouvait pas être difficile pour les pilotes, l'aéroport de la ville étant muni d'un système ILS (système d'atterrissage aux instruments) qui peut effectivement guider quasi-automatiquement les avions vers le sol. Donc, après avoir obtenu l'autorisation d'atterrir, un des pilotes a tout simplement activé le pilote automatique en mode ILS.
Cependant, d'après le MAK, le commandant de bord a estimé que la position de l'avion par rapport à la piste d'atterrissage était incorrecte et a informé la tour de contrôle de l' « impossibilité d'atterrir », avant d'entamer une manœuvre de second tour. L'avion étant toujours en pilote automatique, l'équipage a juste activé le mode TOGA (Take Off/Go Around), initiant le programme qui devait effectuer la manœuvre.
C'est donc à ce moment-là que survient l'événement qui a entraîné la catastrophe : un des pilotes intervient soudainement et saisit le manche de pilotage, désactivant ainsi le pilote automatique et effectuant le contrôle manuellement. Selon le MAK, le pilote a d'abord fait tout le nécessaire pour entamer le second tour : les réacteurs de l'avion fonctionnaient bien, les ailerons ont été tournés 30° à 15° et l'avion a commencé à monter.
Cependant, au cours de la prise de l'altitude, le Boeing s'est cabré, ce qui a provoqué une diminution dangereuse de sa vitesse de 280 à 230 km/h. Comprenant que l'avion pouvait entrer en chute libre, le pilote a tenté de le mettre en piqué afin de prendre de la vitesse. Néanmoins, au lieu d'effectuer conformément aux instructions le vol horizontal ou bien de faire descendre l'avion un peu, le pilote le fait plonger. À l'altitude de 700 mètres, l'avion a piqué du nez et, après avoir plongé à la verticale à une vitesse de 450 km/h durant 20 secondes, a percuté le sol.
Même les « boîtes noires » n'ont pas supporté l'impact d'une telle force. Une d'elles – l'enregistreur phonique, destiné à enregistrer les conversations des pilotes, n'a été retrouvé que le 20 novembre; son conteneur a été brisé. Les 50 personnes à bord du Boeing n'avaient aucune chance de survivre.
Les experts en aviation n'ont pas pu expliquer les actions du pilote. D'après eux, l'on ne peut actuellement que constater un manque de compétence de l'équipage. Le commandant du Boeing 737 Roustem Salikhov et son copilote Viktor Goutsoul, avaient exercé en tant que navigateur et ingénieur respectivement, et ne sont devenus pilotes qu'il y a juste quelques années. D'après les médias russes, les enquêteurs étudient actuellement les résultats des tests psychologiques passés régulièrement par les deux pilotes, ainsi que leurs dossiers médicaux. En tout cas, les analystes estiment que la personne qui a fait plonger l'avion, causant une catastrophe, était soit en proie à la panique, soit, au contraire, dans un état de stupeur. Ce sont donc des médecins qui pourront finalement donner des réponses.
Le dirigeant de la compagnie aérienne Tatarstan Aksan Guiniyatoulline qui a donné le 19 novembre la première conférence de presse depuis la catastrophe, a déclaré devant les journalistes que le Boeing 737 n'avait pas de défaillance mécanique, en ajoutant que les pilotes avaient l'expérience nécessaire. Le responsable a cependant dévoilé que le commandant de vol Roustem Salikhov n'avait jamais auparavant effectué une sortie en second tour.
Version intégrale (en russe) publié sur le site de Kommersant
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