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Le Rospotrebnadzor (Service fédéral russe de contrôle pour les droits des consommateurs et le bien-être de l'homme) a bloqué au cours des onze derniers mois 2.414 pages web contenant des listes de méthodes de suicide avec des descriptions détaillées, lit-on dans un communiqué du service.
2 117 des pages ont été fermées définitivement, tandis que 251 sont toujours en examen; les restes ont été débloquées, les inspecteurs n'ayant trouvé aucun contenu illégal.
En juillet dernier, la Russie a adopté une loi visant à protéger les enfants des informations portant préjudice à leur santé et leur développement. La loi prévoyait la création d'une « liste noire » des sites diffusant de la pédopornographie, faisant la promotion de la consommation des drogues ou incitant les visiteurs à se suicider.
La liste est contrôlée par le Rospotrebnadzor, ainsi que les Service fédéraux russes de contrôle des stupéfiants (FSKN) et des communications (Roskomnadzor).
Le Rospotrebnadzor a reçu dès le 1er novembre 2012 (jour de la création de la liste noire) 2551 appels signalant des pages web contenant des informations illégales sur le suicide.
Le contenu de ce genre apparaît le plus souvent sur les pages de Vkontakte (réseau social russe) et de Mail.ru (portail web), dans les blogs de LiveJournal et sur les sites d'hébergement de vidéos de Yandex et de Google. En ce qui concerne les informations elles-mêmes, il s'agit dans la plupart des cas de descriptions de diverses méthodes de suicide.
D'après le psychiatre judiciaire Mikhaïl Vinogradov, l'on retrouve parmi ces sites « incitant au suicide » des pages web néfastes, mais aussi humourstiques.
« Nos lois sanctionnent de la même manière le contenu positif et négatif. Même l'érotique et la pornographie sont indifférenciables du point de vue de la loi, et les fonctionnaires donc peuvent ne pas comprendre des blagues », dit l'expert.
Le nombre de suicides d'adolescents est effectivement en hausse ces dernières années et les sites de ce genre pourraient en effet en être la cause, car ce sont des jeunes gens issus de familles pauvres ou souffrant de l'amour non-partagé qui constituent le groupe vulnérable, estime M.Vinogradov.
« Il y a beaucoup de sites web destructifs qui affectent la mentalité des gens, particulièrement celle de la jeunesse. Ils démoralisent les visiteurs et encouragent des mauvais comportements. Je suis persuadé que les personnes impliquées dans le soutien des sites de ce genre en Russie, le font pour des raisons lucratives. Mais c'est à la police de déterminer qui a besoin de tels effets et pourquoi », dit le psychiatre.
Toutefois, bien que la police ferme les sites coupables, ils continuent à émerger régulièrement, note-t-il.
En outre, il y a même des gens qui ont la curiosité malsaine de voir la mort et accompagnent donc littéralement les adolescents qui veulent se suicider.
« Récemment, les policiers ont interpellé deux hommes de ce genre. Un d'entre eux a été aperçu sur le toit d'un immeuble lorsque deux adolescents s'apprêtaient d'en jeter. Après que les deux eurent fait leur saut fatal, l'homme a couru vers la sortie. Quand il a été arrêté, il a dit qu'il voulait aussi se suicider, mais a eu peur. Donc, la police n'a rien à lui reprocher », raconte M.Vinogradov. « L'autre homme qui était présent sur le balcon duquel se sont jetées deux jeunes filles, a été interpellé par ses voisins, et il a cité la même raison ».
D'après le psychiatre, il est très difficile de lutter contre ce phénomène car tous les événements funestes suscitent toujours la curiosité des gens. « Même les accidents de la route attirent toujours une foule de voyeurs », fait-il remarquer.
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