Pour l’inspiration, de nombreux experts et professeurs étaient présents au forum afin de donner une série de conférences et de cours de perfectionnement sur des sujets variés. Crédit : Vsevolod Poulia
« Lorsque les hommes construisaient la tour de Babel, il a fallu que Dieu leur fasse parler des langues différentes afin qu’ils se dispersent sur toute la terre. Visiblement, peut-être que Dieu n’aime pas non plus ce rassemblement de représentants de tant de nations différentes à Seliger », plaisante le directeur d’InterSeliger Alexandre Selivanov, faisant allusion à la pluie torrentielle et au froid ayant causé de nombreux changements de programme et rendu impossible toute baignade dans le lac. En effet, l’édition 2013 du forum international Seliger qui s’est déroulée du 22 au 27 juillet dans la région de Tver (à environ 800 km de Moscou) a réuni un nombre record de personnes : 800 participants issus de 139 pays.
Au lieu de construire une tour séligerienne, les « Séligériens », comme ils ont choisi de s’appeler, sont principalement engagés dans des actions de networking, d’apprentissage et de promotion de leurs projets. « Les gens voyagent pendant une semaine pour arriver, passent des nuits dans les aéroports, perdent leurs bagages mais arrivent tout de même à Seliger pour rencontrer des jeunes du monde entier et découvrir la Russie : pour beaucoup c’est un rêve », déclare Selivanov.
Les jeunes participants du jeu de simulation Modèle ONU qui se déroule dans le cadre d’InternSeliger bénéficient du soutien du secrétaire général de l’ONU Ban Ki Moon qui a fait parvenir un message spécial et les a conviés à rechercher d’autres jeunes partageant la même vision afin de contribuer à la réalisation d’avancées positives au niveau mondial. « Continuez de développer vos compétences afin d’inspirer les autres à faire de grandes choses », a exhorté le dirigeant de l'ONU.
Pour tirer tout le profit de la communication interculturelle, les « leaders de demain » doivent sacrifier leur confort personnel : les participants du forum vivent sous la tente et mangent des plats de campagne. Crédit : Vsevolod Poulia
Pour l’inspiration, au-delà du message de Ban Ki Moon, de nombreux experts et professeurs étaient présents au forum afin de donner une série de conférences et de cours de perfectionnement sur des sujets très variés : de l’art d’être un leader aux initiatives concrètes pour ouvrir sa propre boutique internet. Le professeur Sam Potolicchio de l’Université de Georgetown a participé au forum pour la deuxième fois, afin de donner un cours sur le charisme, les Relations Publiques, le leadership et le développement personnel. « Ce qu’il y a de mieux dans ce forum, c’est l’énergie insufflée par les participants et la diversité de cultures », explique Sam. La Russie est devenue pour lui un second foyer : en plus de son poste de professeur à Washington, il dirige un programme spécial d’éducation à l’Académie de l’économie nationale auprès du gouvernement de la Fédération de Russie.
Il semble que les participants ne s’attendaient pas à voir une telle diversité culturelle au forum. « Lorsque les gens de différents pays sont en mesure de discuter, de regarder leur interlocuteur dans les yeux, alors on arrive à mieux se comprendre mutuellement », explique Li Huanru, une participante venue de Chine. Katrina, venue de Lettonie, est heureuse d’avoir l’opportunité de rencontrer les « leaders de demain ». La plupart des jeunes gens qui viennent à Seliger sont des dirigeants de mouvements nationaux de jeunesse, des principaux syndicats étudiants : en un mot, de vrais activistes. « Nous devons donc travailler avec ces jeunes leaders, afin qu’ils fassent de Seliger un rendez-vous incontournable », explique Alexandre Selivanov.
Pour tirer tout le profit de la communication interculturelle, les « leaders de demain » doivent sacrifier leur confort personnel : les participants du forum vivent sous la tente et mangent des plats de campagne. Le jour suivant la clôture du rassemblement international, la page du groupe Facebook InterSeliger est remplie de messages : quelqu’un est resté sous une douche chaude pendant trois heures d’affilées, quelqu’un d’autre exagère visiblement en écrivant qu’il y était resté huit heures durant.
L’inscription « Russie » en trois dimensions et revêtue de miroirs est devenue, d’après Instagram, l’un des lieux de prédilection des participants pour prendre des photographies. Crédit : Vsevolod Poulia
De l’idéologie ouvertement pro-Poutine des éditions précédentes du forum, quand en 2011 les activistes du mouvement de jeunesse pro-Kremlin Nachi empalaient des mannequins à l’effigie d’opposants « payés par l’étranger », il ne restait déjà pratiquement rien l’an dernier lorsque des activistes engagés dans l’opposition ont pris la parole au cours du forum.
Du reste, les participants du rassemblement international ont toujours occupé une place à part dans l’histoire politique haute en couleurs de Seliger. Peut-être est ce parce qu’ils doivent subsister au milieu d’un décor pas toujours compréhensible pour les étrangers et destiné à faire vibrer la fibre patriotique de leurs homologues russes. Ici, par exemple, l’on trouve une véritable pierre tombale en granit symbolisant l’enterrement des ampoules à incandescence, allusion au fait que la Russie a amorcé la transition vers des ampoules plus écologiques à basse consommation d’énergie. Ou la « maison blanche », le siège du gouvernement de la Fédération de Russie, construite en contre-plaqué et se dressant en plein champ à Seliger. Elle a également causé pas mal de confusion parmi les participants étrangers : ce n’est apparemment pas l’édifice le plus célèbre de Russie. Mais l’inscription « Russie » en trois dimensions et revêtue de miroirs est devenue, d’après Instagram, l’un des lieux de prédilection des participants pour prendre des photographies.
D’après Alexandre Selivanov, Seliger remplit aujourd’hui la fonction auparavant dévolue aux universités soviétiques dans lesquelles venaient se former de jeunes gens du monde entier. Puis ils repartaient et devenaient souvent des dirigeants dans leur pays, adoptant alors des politiques favorables à l’Union soviétique. « Nous souhaitons que lorsque nos participants rentrent chez eux, ils disent tous : la Russie, c’est cool ! » résume Selivanov. A en juger par les commentaires enthousiastes des participants du forum InterSeliger sur les réseaux sociaux, cette idée fonctionne bien.
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