Défenseur de l’indépendance de la Tchétchénie, Oussman Ferzaouli, a confirmé au journal Kommersant que des combattants tchétchènes font la guerre du côté de l’opposition syrienne. Crédit : AP
Le Ministère russe des Affaires étrangères a annoncé que des ressortissants tchétchènes combattent du côté des groupes radicaux en Syrie. Cette annonce a eu lieu après l’exécution de Kurdes locaux, organisée par des islamistes combattants du nord du pays pour se venger de la capture du commandant Abou-Moussaab, qui se dit tchétchène. En réclamant sa libération, les islamistes ont organisé l’exécution de la population civile, ils ont commencé à couper des têtes aux gens innocents et ont pris en otage environ 500 Kurdes, principalement des femmes, des vieillards et des enfants. Abou-Moussaab a été libéré mais les islamistes retiennent toujours environs 200 civils en les utilisant comme bouclier humain.
« Moscou condamne très fermement l’atrocité de l’internationale terroriste qui s’est formée au nord-est de la Syrie », a déclaré le Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie. Ce qui s’est passé dans le pays a été qualifié « de provocation sanglante qui a pour but l’éclatement du pays et la création d’une base terroriste internationale ».
Le Pentagone ne veut pas se battre en Syrie
Le vrai nom du chef de guerre tchétchène qui se présente en tant qu'Abou-Moussaab reste inconnu. Utiliser des noms de guerre est une tradition pour des combattants ayant emprunté la voie du wahhabisme. Par le passé, le terroriste numéro un, Chamil Bassaïev, avait pris le nom d’Abou-Idris. Et l’organisateur des actes terroristes de Boston, Tamerlan Tsarnaïev, était connu de ses acolytes sous le nom de Mouaz Seïfoullah, ce qui signifie en arabe « l’épée d’Allah ».
Défenseur de l’indépendance de la Tchétchénie, Oussman Ferzaouli (qui s’est présenté en tant que ministre des Affaires étrangères d’Itchkérie), habitant actuellement dans un des pays occidentaux, a confirmé au journal Kommersant que des combattants tchétchènes font la guerre du côté de l’opposition syrienne. « Il est difficile d’estimer le nombre exact de tchétchènes combattant en Syrie, mais ce qui est sûr, à mon avis, c’est qu’ils sont plus d’une centaine », a précisé Oussman Ferzaouli. Selon lui, la plupart des Tchétchènes combattant en Syrie sont originaires du Caucase du Nord, même si des Tchétchènes européens sont également représentés : il s’agit d’enfants de Tchétchènes ayant émigré en Europe pendant la première et la deuxième campagne tchétchènes en fuyant la guerre. Oussman Ferzaouli estime qu’ils transitent tous par la Turquie pour aller en Syrie.
Selon l’interlocuteur du journal, ce sont des partisans de l’organisation terroriste Imarat Kavkaz, interdite en Russie, qui appellent les Tchétchènes à rejoindre l’opposition syrienne. Cette organisation est présidée par un leader de la résistance armée du Caucase du Nord, Dokou Oumarov. Et c’est Issa Oumarov, cousin de l’idéologue d’Imarat Kavkaz, Movladi Oudougov, qui s’occupe du recrutement des Tchétchènes pour le compte de l’opposition syrienne. Les deux personnages sont entrés dans l’histoire de la République autoproclamée d’Itchkérie comme organisateurs du coup d’Etat djihadiste en 1999 contre le président Aslan Maskhadov.
« Issa Oumarov se trouve en Syrie, il transmet de là-bas des messages pour les sites Internet d’Oudougov, et quand il en a besoin, il passe la frontière russe sans problèmes afin de recruter de nouveaux combattants », a déclaré Oussman Ferzaouli.
Rappelons qu’il y a un an, un fils du chef de guerre tchétchène connu par le passé, Rouslan Guelaïev, a été tué en Syrie. Selon la version des sites Internet des combattants, il a trouvé la mort en combattant du côté de l’opposition. Les proches du défunt affirmaient que Guelaïev-fils faisait ses études en Syrie et a été tué dans la mosquée bombardée par l’aviation du gouvernement.
Il y a un an, une autre histoire a fait beaucoup de bruit : celle du photographe britannique John Cantlie et son collègue néerlandais Jeroen Oerlemans. Ils ont été enlevés par un groupe d’islamistes radicaux au nord de la Syrie et détenus pendant environ une semaine. Après son retour au pays, John Cantlie a annoncé que parmi ses ravisseurs « il y avait de tout sauf des Syriens », y compris des ressortissants tchétchènes. Les photographes ont pu être libérés grâce à l’intervention des soldats de l’Armée syrienne libre.
Selon Oussman Ferzaouli, « le gouvernement d’Itchkérie s’oppose à la participation de combattants tchétchènes à la guerre syrienne ». « Issa Oumarov et Movladi Oudougov défendent les idées du djihad mondial, a-t-il annoncé à Kommersant. Le gouvernement d’Itchkérie n’adhère pas à ces positions-là. »
Texte original (en russe) publié sur le site de Kommersant le 26 juillet 2013.
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