La directrice du fonds monétaire international Christine Lagarde. Source : AP
Le sommet s’est achevé samedi sur un consensus autour des priorités et des instruments pour sortir de la difficile passe actuelle. Les pays du G20 ont publié un communiqué détaillant les mesures que prendront les gouverneurs de banques centrales pour relancer la croissance globale, favoriser la création d’emplois, et en évitant absolument de déstabiliser les marchés financiers.
De nombreux détails énumérés dans le communiqué final de neuf pages restent toutefois à clarifier avant la signature d’un accord par les chefs d’Etat du G20 en septembre prochain à Saint-Pétersbourg.
Les délégations ont bien sûr pris un grand soin à masquer les lignes de ruptures entre pays émergents et développés ainsi qu’entre pays lourdement endettés ou non. Ils n’y sont pas tout à fait parvenus.
Si tout le monde est d’accord pour placer l’emploi et la croissance en tête des priorités, les partisans de la rigueur budgétaire (principalement les Allemands) ont insisté pour que le G20 fixe des objectifs clairs en matière de rapport dette publique/PIB. Mais pour connaître les objectifs chiffrés, il faudra attendre septembre.
« Ce rythme auquel la dette publique baisse est le résultat d’une combinaison très subtile de mesures, qui font débat entre les pays », a estimé la directrice du fonds monétaire international Christine Lagarde samedi après-midi. En clair,
« Il n’y a pas d’accord chiffré sur les ratios dette/PIB à l’horizon 2016 », tranche un diplomate européen, qui cite le rejet par les Etats-Unis de la limite proposée au G20 sur les dépassements budgétaires.
Dans une conférence de presse la veille au soir, le ministre des finances français Pierre Moscovici s’y était également déclaré opposé, « Je suis résolument adversaires du nominalisme. Ce n’est pas dans l’ordre des priorités : la croissance d’abord, la consolidation budgétaire ensuite ! »
La politique monétaire des pays développés était un autre sujet controversé figurant au menu des discussions. Les corrections opérées, en particulier par la banque fédérale des Etats-Unis sur le programme d’assouplissement quantitatif, a suscité une importante volatilité des devises émergentes par rapport au dollar, accompagné d’un départ massif de capitaux.
Le communiqué du G20 souligne qu’un accord existe pour procéder dans le futur à des inflexions monétaires « soigneusement calibrées et clairement communiquées », afin de ne pas brusquer les marchés financiers.
La fiscalité des multinationale a été l’un des thèmes majeurs du sommet, avec l’adoption par le G20 d’un « plan d’action » élaboré par l’OCDE. La lutte contre la fraude et l’optimisation fiscale a vu un vrai pas en avant, grâce à la convergence des grandes puissances sur ce point.
La lutte contre l’optimisation fiscale et les paradis fiscaux est récemment devenue une priorité du gouvernement russe. Restent quand même des dissonances.
Là où Pierre Moscovici insiste sur la « nécessité de mettre fin à une concurrence fiscale dommageable », le G20 a tranché en faveur de la souveraineté de chaque Etat à définir sa propre politique.
La Russie a pu pousser en avant des initiatives qui lui tiennent particulièrement à cœur, comme le financement à long terme, pour stimuler l’investissement. Un groupe d’Etude sur cette question a présenté un rapport préparé en collaboration avec l’OCDE, et qui a été approuvé par le G20.
Depuis le début de sa présidence cette année, la Russie se fait le porte-voix des pays émergents, mais a considérablement adoucis ses critiques envers les pays développés.
La Russie a été beaucoup moins affectée que ses pairs des BRICS par la volatilité des devises, grâce à ses monumentales réserves de change (plus de 500 milliards de dollars).
« La Russie se veut être la tour de contrôle de ce G20 » commente un diplomate européen. « La Russie ne fera rien qui puisse froisser les uns ou les autres. Son objectif est de peaufiner son image et de rehausser son statut dans l’arène internationale ».
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