Les autorités du Daghestan prêtes à amnistier les islamistes

Les bénévoles daguestanais tirent sur des rebelles près de la frontière avec la Tchétchénie. Crédit photo : PhotoXPress

Les bénévoles daguestanais tirent sur des rebelles près de la frontière avec la Tchétchénie. Crédit photo : PhotoXPress

Le président par intérim de la république russe du Daghestan (Caucase) a déclaré à la télévision que les autorités régionales pourraient amnistier les militants islamistes prêts à rendre les armes et à retourner à la vie civile.

Cette déclaration représentait en effet une réponse à la lettre ouverte de la journaliste Marina Akhmedova, publiée par les médias russes la semaine dernière. Dans sa missive, Mme Akhmedova demandait aux autorités d’amnistier les militants prêts à retourner à la vie normale.

« Compte tenu de la situation régionale dans laquelle vous vous trouvez actuellement, il serait effectivement plus facile pour vous d’éliminer des opposants irréductibles. Mais le signe principal de la force, c’est la clémence. Et, juste comme la force, la clémence doit être démonstrative », écrivait la journaliste.

M.Abdoulatipov a avoué dans une interview à la chaîne Pervyi Kanal avoir lu la lettre, et s’est dit prêt à agir. « Je lui ai téléphoné et lui ai demandé de préparer des propositions concrètes. Nous devons apprendre à nous pardonner mutuellement », a-t-il indiqué.

La question de l’amnistie des militants islamistes avait été abordée par l’administration précédente de la république. En 2010, les autorités régionales ont créé une commission spéciale chargée d’aider les ex militants à se réinsérer.

Cependant, l’amnistie n’a pas été annoncée. Actuellement, les conditions sont plus favorables pour une telle démarche, estime le directeur du Centre des études de l’islam du Caucase du Nord, Rouslan Gereev.

« Il s’agit des complices, c’est-à-dire, des gens qui fournissaient des produits et des médicaments aux commandos, ou enrôlaient des combattants, mais qui ne sont pas impliqués dans les violences. Je pense que notre société est prête et la situation politique au Daghestan est telle que l’on peut effectivement initier des activités idéologiques à cet égard. Quant au terrorisme même, c’est plutôt le domaine des autorités fédérales. Les régions ne sont pas autorisées à résoudre ce genre de questions. Il y a beaucoup de jeunes gens radicalisés, mais en ce qui concerne les militants armés, ils ne constituent que 3 ou 4 % d’entre eux », dit l’expert.

La chef du département des études du Caucase de l’Institut russe des recherches stratégiques, Iana Amelina, estime pour sa part que la complaisance vis-à-vis des complices des militants serait absolument inacceptable.

« Les guérilleros ne pourraient pas exister sans le soutien d’une grande partie de la soi-disant population civile. Les citoyens doivent comprendre : s’ils laissent entrer un criminel, ils seront condamnés pour complicité et subiront la même peine que lui. Bien évidemment, on peut combattre toutes sortes de criminels non pas via un allègement des sanctions, mais via le durcissement de ces dernières ».

« Il faut donc serrer les vis, et non pas le contraire. Bien sûr, on doit en même temps renforcer la lutte idéologique, religieuse et politique, pour éviter que les militants recrutent de nouveau gens. Mais ceux qui ont déjà fait leur choix, doivent en prendre la responsabilité. Il ne s’agit pas de jeunes âgés de 10 à 14 ans, il s’agit d’adultes », a noté l’analyste.

L’amnistie des militants islamistes avait auparavant été annoncée dans la république voisine musulmane de Tchétchénie.

D’après Kommersant.

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies