Andreï Mogoutchii. Source : Service de presse
Comment as-tu commencé ta carrière dans l’industrie de la bicyclette ?
Quand j’étais petit, je n’avais pas de vélo, mais j'ai toujours rêvé d'en avoir un. Il y a trois ans, moi et ma petite amie, nous avons décidé de nous acheter des bicyclettes. Mais l’achat, ce n’était pas tout - nous trouvions systématiquement quelque chose à innover : nous les repeignions, installions de nouvelles selles…
Mes parents ont noté mon petit hobby et m’ont proposé d’ouvrir mon propre atelier, une sorte de petite entreprise. J’ai commencé à concevoir des vélos, à inventer des styles, c’était un processus long.
Il y a un an, j’ai présenté mes vélos au public : je les ai testés et j’ai commencé à les montrer à mes amis qui ont bientôt acheté tous les modèles que j’avais. Peu à peu, je me suis mis à promouvoir ma production.
À l’époque je travaillais dans des endroits peu agréables que je louais, mais juste un an plus tard j’ai réussi à ouvrir mon propre atelier et à produire ma première série de vélos.
Combien de personnes emploies-tu ?
Deux, ce sont moi et la jeune femme avec qui j’ai acheté mes premiers vélos, elle est devenue mon épouse. Elle travaille en tant que comptable, tandis que moi, je produis des vélos : je joins par moi-même les détails par soudure, je cisaille, je peins, j’achète des rayons, des fourches, des pneus, des selles…
A ton avis, quel est le problème principal pour le développement du cyclisme en Russie ?
Je crois que le problème principal du cyclisme russe est le « caractère russe». En Europe, on vit pour être à l’aise. Chez nous, si tu as un niveau de vie élevé, il est obligatoire de le montrer aux autres.
Comment? Acheter une grosse voiture. Et c’est le principal obstacle. Mais les vélos ont existé depuis longtemps et existeront dans l’avenir, et les gens monteront tôt ou tard sur les vélos.
La population de la Terre est en croissance rapide, il y a de plus en plus de voitures, et les vélos sauveront le monde quand le nombre d’embouteillages deviendra critique.
Quelle est ton opinion sur l’initiative de l’administration de Saint-Pétersbourg de transformer la ville en capitale du cyclisme européen ?
Saint-Pétersbourg est actuellement parmi les villes les plus avancées du pays, mais il y a toujours des gens irresponsables, parmi les conducteurs, les cyclistes et les piétons. En général, on aime les cyclistes et on les laisse passer. Donc, si l’objectif de transformer Saint-Pétersbourg en capitale du cyclisme européen avait été fixé par des lois, nous aurions pu changer quelque chose.
Mais dès que tout dépend de l’initiative des cyclistes, il est peu probable que nous puissions faire quoi que ce soit. Nos fonctionnaires aiment rouler avec des gyrophares [certains responsables russes reçoivent des gyrophares bleus qui marquent leur statut et leur permettent d’enfreindre le code de la route - ndlr], pourquoi donc ils voudraient faire ça pour les cyclistes?
La seule chose que l’on pourrait faire, c’est d’inciter tout le monde à monter à vélo, cette mesure pourrait convaincre les fonctionnaires.
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Tu fais du vélo au long de l’année ?
Chez nous, la saison du vélo commence en avril et prend fin en octobre, ce sont seulement des casse-cou qui font du vélo en hiver. À Saint-Pétersbourg il y a un cycliste âgé, je le vois tous les jours en hiver quand je vais au travail en voiture. Lui, il va comme ça au travail tout au long de l’année.
Moi, je ne fais pas de vélo en hiver, il y a de la boue et de la neige partout et je ne veux pas détruire mes vêtements. Ici, nous manquons non seulement des pistes cyclables, il faut mettre en place une vraie infrastructure.
Est-ce qu’il est difficile de lancer son propre atelier ?
Organiser une entreprise pareille, c’est facile. Pour le faire, il faut louer un endroit et préparer quelques documents. Pour démarrer, il vous faudra de 3.000 à 5.000 EUR, pas plus. Ce qui est difficile, c’est de promouvoir vos vélos sur le marché.
Par exemple, il existe la célèbre marque Stels, un vélo de cette marque coûte 1 000 EUR. Pourquoi donc le client doit acheter pour ce prix mon vélo et pas un Stels? Il faut expliquer aux clients qu’il s’agit d’un vélo fait à la main, d’une approche individuelle, que mon vélo est beaucoup plus confortable pour se déplacer en ville, car du point de vue technique j'adapte tous mes vélos aux conditions russes.
Alors, on a besoin d’une publicité « intelligente » afin de se faire remarquer. Durant l’année d’existence de mon entreprise, j’ai déjà trouvé des clients et même des fans de ma marque. Et beaucoup de gens qui ont acheté mes vélos il y a un an, veulent actuellement acquérir de nouveaux modèles.
Est-ce qu’il existe une communauté d’ateliers vélo ?
Il y a beaucoup d’ateliers comme le mien. Il y en a plusieurs à Moscou et à Saint-Pétersbourg. Nous coopérons avec d'autres gens et nous nous entraidons. Mais nous sommes tous différents. Par exemple, il y a des ateliers qui ne font leurs vélos que sur commande, tandis que moi, je conçois mes propres modèles. Je peux juste changer de couleur à la demande du client, ou modifier certains composants, mais c’est tout.
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