Moscou espère maintenant que le régime de visas pourra être supprimé au moins avant la fin 2014. Crédit : Mikhaïl Mordassov
Moscou et Bruxelles travaillent à la suppression du régime de visas sur deux axes : l’allègement du régime de visas et l'abolition complète des visas pour les courts séjours. Et dans ces deux domaines, il existe encore de sérieux obstacles.
L’accord presque harmonisé prévoyant une simplification substantielle des formalités liées aux visas ne peut pas être signé en raison d’une seule et unique question restée en suspens. Moscou insiste sur l’inclusion d’une clause relative à la suppression des visas pour les titulaires de passeports de service, ce à quoi Bruxelles s'oppose. Les diplomates tentent depuis plus d'un an de résoudre ces différends, mais jusqu'à présent il n’a pas été possible de trouver un terrain d’entente.
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Une source diplomatique au sein de l’UE a déclaré que s'il n'y avait pas de différend lié aux passeports de service, l'accord pourrait être signé à la mi-mars. « Environ quinze membres de la Commission européenne participeront aux consultations avec le gouvernement de la Fédération de Russie à Moscou, y compris la commissaire européenne aux Affaires intérieures Cecilia Malmström. Il s'agit d'une excellente occasion d’apposer enfin une signature au bas d’un document susceptible de faciliter considérablement la vie de millions de citoyens de la Fédération de Russie et de l'UE », a déclaré le diplomate européen.
La Russie n'est pas d'accord avec une telle approche. Selon une source diplomatique russe, Moscou a déjà réduit le nombre de détenteurs de « passeports bleus », qui sont censés se voir conférer le droit de voyager sans visa, de 150.000 à 18.000, n’incluant dans cette catégorie préférentielle que les détenteurs de passeports de service biométriques.
L'UE a objecté que l'accord sur la facilitation des visas prévoyait déjà des avantages supplémentaires pour les représentants officiels (membres de délégations) – s’il entre en vigueur, les fonctionnaires pourront plus facilement obtenir un visa à entrées multiples pour de longues périodes.
Mais pour la partie russe, l’argument ne tient pas. « Si nous ne pouvons pas nous entendre sur une catégorie aussi réduite et fiable que les titulaires de passeports de service, que dire de la perspective d'une exemption de visas pour tous les groupes de citoyens », indique, perplexe, un diplomate russe.
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Une manière possible de sortir de l'impasse selon les fonctionnaires européens est la suivante : la Russie et l'UE concluent un accord sur l’allègement des visas sans mentionner les passeports de service, mais signent également un mémorandum ou un protocole d'intention qui indiquera que cette question exige que les parties y reviennent obligatoirement plus tard.
Une source diplomatique russe, cependant, met en garde : « Moscou n'acceptera pas un tel scénario. “Plus tard”, ça peut être très long. »
La mise en œuvre de la liste de « mesures communes » en vue de la suppression complète des visas (deuxième axe des négociations) progresse également avec difficulté. Plus tôt, des responsables russes ont exprimé l'espoir que le régime sans visas avec l'UE serait mis en place en vue des Jeux olympiques de Sotchi. Désormais, les sources du ministère russe des Affaires étrangères admettent qu’il est peu probable que ce délai soit respecté. Selon une source, Moscou espère maintenant que le régime de visas pourra être supprimé au moins avant la fin 2014.
Une source diplomatique européenne avertit cependant que cette date ne doit pas être considérée comme définitive. « Nous sommes totalement opposés à toute date butoir artificielle », indique-t-elle. L'UE a également des griefs envers Moscou. Dans un entretien avec Sergueï Lavrov, Mme Ashton compte soulever la question des taxes de recyclage des voitures importées en Russie, introduites par les autorités russes le 1er septembre. L'UE estime que cette pratique viole les règles de l'OMC.
« Il s'agit de pertes se chiffrant à plusieurs milliards d'euros », déplore une source à Bruxelles. Les fonctionnaires européens n’apprécient en outre pas les restrictions commerciales imposées par Moscou (en particulier sur l'importation de viande en provenance d'Allemagne).
Les parties seront en mesure de poursuivre la discussion à la mi-mars (lors de consultations gouvernementales à Moscou), et début juin, au prochain sommet UE-Russie qui devrait selon toute vraisemblance se tenir à Ekaterinbourg.
Le 18 février à Bruxelles s’est tenue la troisième réunion ministérielle de la « Dimension septentrionale » – une organisation qui regroupe la Russie, l'UE, l'Islande et la Norvège.
Les Européens ont exprimé l'espoir que la Russie soutiendrait la demande de l'Union européenne de recevoir le statut d'observateur permanent au sein du Conseil de l'Arctique, une organisation intergouvernementale influente comprenant huit pays circumpolaires, dont la Russie.
Cependant, la Russie n’est pas prête à accepter. À Moscou, l'Union européenne, tout comme l'OTAN, sont considérées comme des « acteurs extrarégionaux », dont l’« implantation dans l'Arctique » doit être repoussée. La Russie est déjà préoccupée par l'activité de l'OTAN à ses frontières nord-ouest.
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