Dessin de Niyaz Karim
Les Russes vivant à Séoul ne partagent pas vraiment les craintes du président Poutine, qui a déclaré lors de son récent voyage en Allemagne que les menaces nucléaires de la Corée du Nord pourraient faire passer Tchernobyl« pour un conte pour enfants ». Nous nous sommes habitués aux chantages de Pyongyang. Si beaucoup espéraient que Kim Jong-un, de par son éducation et ses influences occidentales, allait changer les choses, il semble désormais qu’il soit tout simplement trop jeune.
« Nous savons qu’il a bénéficié d’un bon enseignement en Europe et qu’il aime le rock, les fastfoods et le basket », explique Artiom Kim, étudiant russo-coréen en sciences politiques et diplomatie. « Je pensais que tous ces éléments aideraient un peu au développement de la démocratie en Corée du Nord. Ce n’est visiblement pas le cas ».
Corée du Nord : le moment de vérité
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En Corée, la communauté russe est principalement composée de Russo-Coréens, mais aussi d’étudiants dans le cadre de programmes d’échanges et d’employés de multinationales. Maria, étudiante de 20 ans originaire de la république sibérienne de Bouriatie, n’est pas inquiète : le Sud et les alliés occidentaux arriveront à calmer le Nord. « Il s’agit d’un problème entre les gouvernements, pas entre les peuples. La situation s’améliorera dès qu’ils auront cerné la personnalité de Kim Jong-un ».
Mais quelles sont les préférences du dictateur ? Les films hollywoodiens et les fastfoods, ou la rhétorique anti-américaine et les parades militaires.
Récemment, Séoul a semblé plus préoccupée par le changement climatique (le pays connaît un printemps extrêmement froid) et par la nouvelle chanson de Psy, à l’origine du phénomène « Gangnam Style », que par les essais de tirs de missiles de son voisin du Nord. Un sentiment proche de la peur semble toutefois s’installer sous la surface. J’essaye de rester calme en regardant les journaux télévisés sud-coréens, qui montrent allégrement Kim Jong-un prendre du plaisir avec des ordinateurs Apple. Je me suis finalement inscrite auprès de l’ambassade de Russie à Séoul alors que je vis dans cette ville depuis 18 mois, juste par prudence.
Je mangeais l’autre jour un bout avec mon amie Shin. J’en ai profité pour lui demander si elle savait où se trouvait le bunker le plus proche, histoire de m’assurer qu’au moins les Coréens savent comment agir en cas de guerre.
« Hum, le plus proche n’est pas loin de chez moi, mais je ne suis pas sûre qu’il fonctionne… ». J’étais ainsi informée, voire rassurée.
Lidia Okorokova est une journaliste indépendante russe résidant à Séoul.
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