Le périple soviétique de Romain Rolland

En 1935, Romain Rolland séjourna trois semaines, du 23 juin au 21 juillet, en Russie. Par un doux été, il rencontra des personnalités culturelles et des hauts fonctionnaires de l’État soviétique et fit même personnellement connaissance avec Joseph Staline. Russia Beyond a réuni pour vous des photographies immortalisant ce voyage.

Lors de son voyage, Rolland fut accompagné de sa femme, Maria Koudacheva, poétesse et traductrice. Leur relation commença par une lettre de Maria à l’écrivain, alors que la rencontre personnelle eut lieu grâce à l’écrivain Maxime Gorki qui aida la jeune femme à obtenir un visa pour la Suisse. C’est à l’invitation de Gorki que, six ans plus tard, Rolland se rendra en Russie.

Les lecteurs russes connaîtront l’œuvre du romancier français grâce aux articles du critique Anatoli Lounatcharski. La correspondance avec Lounatcharski, dans laquelle l’écrivain et le critique discutaient de la guerre et de la révolution, constituait pour Rolland une source d’informations sur la situation dans cette Russie trouble. « Je sais ce qu’est le rollandisme, et Romain Rolland sait ce qu’est la révolution.[...] Il la respecte, car elle constitue une voie désintéressée vers le triomphe de la justice sur Terre. Il la haït, car cette voie est celle de la lutte, du pouvoir et de la terreur », écrira Lounatcharski en 1926.

Lounatcharski n’était pas le seul à être en correspondance avec Rolland. « J’ai récemment rencontré plusieurs Russes et entretiens une correspondance amicale avec Gorki. J’aimerais y aller pour voir ce qui s’y passe », écrit Rolland dans une lettre au poète Alexandre Blok. Arrivé en Russie, l’écrivain élargira encore son cercle de connaissances et rencontrera l’un des célèbres « bâtisseurs » du communisme, l’architecte d’avant-garde Victor Vassenine.

En effet, Rolland put « voir » bien des choses. L’écrivain s’installa dans la datcha de Gorki près de Moscou, puis visita la principale place du pays en compagnie du commissaire du peuple aux Affaires étrangères Maxime Litvinov…

… et son principal théâtre, où il assista au ballet La Fontaine de Bakhtchissaraï.

Outre les grandes personnalités, Rolland put également rencontrer les personnages de ses propres œuvres – de simples jeunes hommes et, particulièrement, de jeunes femmes. À propos du personnage féminin de Rolland, Gorki écrira : « Il prévoit la naissance d’une femme nouvelle qui remplacera celle qui participe à la destruction de ce monde – une femme qui, consciente de son rôle de promoteur de la culture, cherche à entrer dans le monde d’autorité et de plein droit, comme patronne légitime et mère des hommes qu’elle a créés et qui doivent lui rendre des comptes de leurs actions ».

Malgré son projet de retourner en Russie en 1937, ce voyage au pays des soviets fut le seul pour Rolland. Un an plus tard, dans son Salut à Romain Rolland, Gorki écrira : « Mais vous êtes désormais un homme aimé de tous les gens honnêtes de notre Terre, non seulement en Europe, mais aussi en Inde, au Maroc, en Amérique, aimé en tant que poète, enseignant, exemple de courage et de fermeté. Je suis fier que mon pays vous voue un amour particulièrement ardent ».

On comprend le degré de popularité de l’écrivain en Russie soviétique, fut-elle « officielle » ou auprès des lecteurs, à l’envergure de la célébration de son centenaire, marquée par des manifestations officielles, une médaille et un timbre commémoratifs et l’inauguration d’une place à son nom à Moscou.

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