L'évolution du kokochnik : des mariages slaves aux concerts de Courtney Love

La chanteuse et parolière américaine Courtney Love portant un kokochnik lors du festival de musique Afisha Picnic à Moscou. 23 juillet 2011.

La chanteuse et parolière américaine Courtney Love portant un kokochnik lors du festival de musique Afisha Picnic à Moscou. 23 juillet 2011.

ITAR-TASS
Le kokochnik, coiffe emblématique de Russie, est parvenu à traverser les siècles malgré les aléas de l'histoire. S'il n'est guère plus porté au quotidien, il occupe aujourd'hui une place de choix dans les milieux artistiques. Russia Beyond se penche sur ce couvre-chef des plus singuliers.

Dans la Russie ancienne, les femmes ne portaient pas de chapeau. Ceux-ci étaient réservés aux hommes. Les femmes portaient des coiffes bien plus belles et bien plus confortable, qui leur étaient propres : les kokochniks. Celles-ci étaient confectionnées dans des matériaux précieux - soie, velours ou brocard - et ornées de perles, de dentelles, de pierreries, et de broderies en fil d'or.

Le mot "kokochnik" est dérivé du slavon kokosh, qui signifiait "poussin" ou "coq" (de l'ancien russe 'kokosh', la poule). Cette coiffe russe ancienne en forme de crête (en éventail ou arrondie) fut longtemps un symbole de la mode russe.

La structure du kokochnik se compose d'un éventail léger en papier résisant, cousu sur un ruban métallique ou une couronne, en forme de chapeau ou de résille. La base est faite de damas et de velours rouge ou de calicot fixé sur une surface rigide en toile ou en carton, l'ensemble étant soit cousu, soit fixé par de la colle.  / Carte postale, 1900

Le dessus de la coiffe était orné de parures : fleurs fraîches ou artificielles, broderies, dentelle, perles de rivière (pêchées au 16e siècle dans le lac Ilmen), fils d'or, feuilles de métal, verre, ou pierres précieuses. La nuque était souvent couverte par des broderies en fils d'or. / La princesse Orlova-Davydova portant un kokochnik lors d'un bal costumé en 1903.

Le dessous du kokochnik est en tissu. Il était maintenu par des rubans noués derrière la tête. En mettant leur kokochnik, les femmes le poussaient légèrement vers l'avant, sur le front, l'arrière étant habituellement couvert de toile et de velours rouge, et le fixaient à l'aide de rubans.

En général, on recouvrait le kokochnik de châles en laine ou en soie richement brodés, et ornés de mouchoirs brodés d'or ou d'argent, comme l'ubrus - une mince couverture légère ornée de dentelles - ou un voile. Le mouchoir se plaçait en diagonale et se fixait sous le menton. Un long voile de gaze ou de soie était fixé par des épingles sous le menton ou rabattu sur la poitrine, les épaules ou le dos depuis le sommet du kokochnik.

La forme du kokochnik différait beaucoup d'une région à l'autre, mais elle dépendait souvent de la manière traditionnelle de se coiffer, propre à chacune : soit en relevant les cheveux dans une résille, soit en les portant tressés en deux nattes sur le front, la nuque, les tempes, etc. / Ivan Argunov, Portrait d'une Paysanne.

D'autres motifs et ornements s'y ajoutent, tels que des couvre-nuque, des pointes, des découpes, ces détails variant grandement entre les différentes régions de Russie. Ils étaient cependant tous maintenus par un support rigide, le kokochnik.

À une époque plsu récente, la tradition du kokochnik a perduré jusque dans les années 20 en tant que coiffe de mariage. La jeune mariée portait cette coiffe traditionnelle de son mariage à la naissance de son premier enfant. Puis elle portait le kokochnik uniquement lors de cérémonies ou de fêtes.

Pierre le Grand a promulgué un décret interdisant aux femmes nobles de porter le kokochnik. Cependant, Catherine la Grande l'a remis au goût du jour parmi les femmes de la cour en créant la notion de "mode russe" au 18e siècle, et en le portant lors de bals costumés.

Les guerres napoléoniennes, à l'origine d'une vague de patriotisme, ont ravivé l'intérêt pour les tenues traditionnelles . Entre 1812 et 1814, la mode était aux sarafans, des robes russes rouges et bleues avec une taille empire et des bouttons à filigrane sur l'avant. / L'impératrice Maria Feodorovna portant un kokochnik fait d'une tiare de diamants, vers 1880.

Les bals costumés à la cour au début du 20e siècle et l'imagination des créateurs et des couturiers russes émigrés ont grandement contribué à populariser le kokochnik.

De nos jours, le kokochnik est un précieux élement de la mode internationale. / CHANEL Paris-Moscou Automne 2009

Des kokochniks dans les collections de haute couture internationale./ CHANEL Paris-Moscou Automne 2009

La chanteuse et parolière américaine Courtney Love portant un kokochnik lors du festival de musique Afisha Picnic à Moscou. 23 juillet 2011.

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