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Dans la nuit du 8 au 9 novembre, repéré par un chauffeur de taxi, un individu était secouru des eaux de la rivière Moïka, à Saint-Pétersbourg. Alors qu’il ne s’est révélé nul autre qu’Oleg Sokolov, 63 ans, historien et l’un des plus grands spécialistes russes de Napoléon, deux avant-bras de femme découpés et un pistolet traumatique ont été retrouvés dans le sac qui l’accompagnait.
L’identité de la victime n’a pas tardé à être déterminée, puisqu’il s’agissait de sa jeune compagne, Anastassia Echtchenko, 24 ans, qui était par ailleurs son ancienne étudiante au sein de l’Institut d’Histoire de l’Université d’État de Saint-Pétersbourg et coauteure de plusieurs de ses publications portant sur l’histoire de France. Leur relation, selon Sokolov, durait depuis cinq ans.
Предположительно, установлена личность убитой Соколовым девушки — это Анастасия Ещенко. Так как Соколов расчленил тело, подтвердить это можно будет только после экспертизы. #соколов#РусскаяВесна#RusNexthttps://t.co/Qyvo3IAqY7pic.twitter.com/Y5yxDMONeO
— RusNext РусскаяВесна (@rusnextru) November 9, 2019
C’est la veille, tôt le matin, qu’il a commis l’irréparable, en tuant la jeune femme, avec laquelle il résidait, de quatre tirs d’un fusil à canon court de petit calibre, a-t-il avoué durant l’interrogatoire. Le 8 au soir, tandis que le corps d’Anastassia gisait encore à leur domicile, Sokolov a reçu plusieurs convives, qui n’ont alors rien remarqué. Ce n’est qu’ensuite que le meurtrier a entrepris de démembrer la dépouille en ayant recours à une scie et à un couteau de cuisine.
C’est ainsi que, dans la nuit, en état d’ébriété, il a pris la direction du cours d’eau voisin pour se débarrasser de sacs renfermant les jambes et les avant-bras de la victime. Ce faisant, il a néanmoins lui aussi chuté dans les flots.
Auteur d’une thèse consacrée aux officiers français de l’époque napoléonienne et de multiples ouvrages dédiés à Bonaparte, Sokolov est un spécialiste reconnu dans son domaine tant en Russie qu’en France. Il a ainsi été à trois reprises directeur d’études invité de l’École Pratique des Hautes Études à la Sorbonne, était membre haut placé de la Société militaire et historique russe, et officiait depuis l’an 2000 en tant que maître de conférences de la chaire d’Histoire moderne à l’Université d’État de Saint-Pétersbourg. Il enseignait et siégeait également au conseil scientifique de l’Institut des sciences sociales, économiques et politiques, fondé en 2018 à Lyon et dont il a été exclu à l’apparition de cette terrible nouvelle.
Fait Chevalier de la Légion d'honneur en 2003 par Jacques Chirac, il prenait par ailleurs part à de nombreuses reconstitutions historiques et a fréquemment été consulté pour le tournage de films portant sur Napoléon, ce qui lui a valu d’être surnommé « Sir » ou « Sa Majesté », comme il l’affirmait sur TF1 dès 1988.
Sa réputation apparaît toutefois entachée d’innombrables scandales, à l’instar des accusations portées à son encontre en 2008 par une ancienne étudiante, qui aurait entretenu des relations intimes avec Sokolov et été victime de violence suite à l’annonce de son désir de rupture.
Les personnes l’ayant côtoyé sont d’ailleurs nombreux à évoquer une personnalité trouble, connue pour ses romances avec des étudiantes. « C’est un immense spécialiste de l’époque napoléonienne. Durant les cours il passait parfois au français et parodiais Napoléon et ses généraux. Il pouvait fortement hausser le ton. Tous le voyaient comme un freak complètement absorbé par sa thématique », a par exemple décrit Fiodor Danilov, l’un de ses élèves.
Alors que les jambes de la défunte ont été extraites des eaux de la Moïka après deux jours de recherche, son corps décapité ainsi que sa tête ont été retrouvés au logement du couple, aux côtés de divers objets tranchants, du fusil, arme du crime, et de munitions.
Ушла, но вернулась за вещами. Брат убитой аспирантки #СПбГУ рассказал о последнем разговореhttps://t.co/nRCPxJGdI1#Соколов#СПбГУ#студенткаpic.twitter.com/cLG9MSYXKB
— Cобытия дня в России (@smnewsru) November 10, 2019
Placé en centre de détention après une brève hospitalisation, Sokolov a avoué les faits, assurant vouloir coopérer avec les autorités et regretter son acte, rapporte la BBC Russia.
« La version de la défense est pour l’instant construite sur le fait qu’Oleg Valerievitch aurait agi sous l’emprise d’un puissant facteur, que quelque chose l’aurait fortement influencé. Cela pouvait être un état d’ivresse pathologique ou d’un élan de passion », a déclaré son avocat, Aleksandr Potchouïev, cité par le journal RBC, ajoutant qu’une expertise psychiatrique de son patient devrait être prochainement effectuée.
Concernant le motif de cet acte odieux, Sokolov, entendu au tribunal en ce 11 novembre, a soutenu qu’il résidait dans l’aversion de sa compagne à l’égard de ses deux filles, nées d’une précédente relation. Une inimitié qui aurait atteint son paroxysme vendredi soir, lorsque l’historien a annoncé à sa compagne avoir l’intention de passer le week-end avec ses enfants. Une dispute aurait alors éclaté.
Cependant, une seconde piste reste à l’étude, celle de la jalousie. En effet, le frère d’Anastassia a confié à la chaîne de télévision Piaty Kanal avoir reçu, quelques heures avant le drame, un appel de sa sœur, en pleurs, lors duquel elle lui avait rapporté s’être disputée avec Sokolov. Elle aurait avant cela souhaité se rendre à l’anniversaire d’un ami, ce que n’aurait pas apprécié l’historien, qui l’aurait alors violentée.
« Je lui ai demandé de partir, mais elle a dit qu’elle avait besoin de rentrer [à l’appartement], car elle avait là-bas toutes ses affaires. Elle comptait retourner à la résidence universitaire après cela pour se remettre », a témoigné Sergueï Echtchenko.
En attendant que le jugement définitif ne soit prononcé, Oleg Sokolov a aujourd’hui été inculpé pour meurtre, tandis que la demande de placement en assignation à résidence plaidée par son avocat a été rejetée. Il sera ainsi incarcéré dans un premier temps jusqu’au 8 janvier 2020.
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