Vladimir Poutine se livre face à Oliver Stone: quatrième partie

FILE PHOTO. Russian President Vladimir Putin gives an interview

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Dans le quatrième et dernier épisode de la série, le président russe évoque avec le réalisateur américain l’ingérence des pirates informatiques russes dans l’élection présidentielle aux États-Unis, les personnalités de Donald Trump et de Joseph Staline et son propre avenir

Crédit : ReutersCrédit : Reuters

La chaîne américaine Showtime a diffusé le quatrième et dernier épisode du film de quatre heures The Putin Interviews qui se termine sur une musique fracassante de Jeff Beal retravaillée dans le style populaire russe et sur des images des fastes du Kremlin. Les salles sont vides : Vladimir Poutine est parti après avoir dit au revoir à Oliver Stone qu’il a rencontré plusieurs fois pendant plus d’un an, de décembre 2015 à février 2017. Le temps pour les deux hommes de débattre de nombreux sujets.

L’ingérence dans l’élection présidentielle aux États-Unis

Bien que l’establishment et les médias américains aient affirmé à plusieurs reprises que les pirates informatiques ayant cherché à interférer dans la présidentielle américaine étaient dirigés par les autorités russes, Vladimir Poutine qualifie ces accusations d’absurdité. « C’est une déclaration stupide. Nous n’avons organisé aucune cyberattaque », a-t-il déclaré, en faisant remarquer que la Russie, comme d’ailleurs tout autre pays, ne possédait pas les moyens requis pour influer sur les élections américaines.

D’après le président, la défaite d’Hillary Clinton s’explique non par les attaques de hackers, mais par les problèmes de sa campagne et de son parti. Les pirates informatiques, peu importe leur identité et leur pays d’origine, étaient incapables de changer le cours des élections, a-t-il indiqué.

Vladimir Poutine a accusé à son tour les États-Unis d’ingérence dans les élections russes. « Aussi bien en 2000 qu’en 2012, toujours. Mais en 2012, ce fut particulièrement agressif », a-t-il constaté. Il a précisé qu’il n’était pas question de cyberattaques, mais de rencontres répétées de diplomates américains avec des représentants de l’opposition et du soutien accordé à ces derniers. Le président a qualifié ce comportement d’ingérence inacceptable dans les affaires intérieures de la Russie.

Pour ce qui est d’une éventuelle cyberguerre entre la Russie et les États-Unis – sujet longtemps évoqué par Oliver Stone –, Vladimir Poutine est resté évasif, reconnaissant simplement qu’une telle confrontation pourrait être très dangereuse. Il a toutefois rappelé que Moscou avait suggéré en 2015 de signer un accord sur « les normes de comportement dans ce domaine », proposition que Washington avait laissée sans réponse.

Donald Trump et les relations Russie-USA

En février dernier, Vladimir Poutine a parlé avec un respect réservé du 45e président américain : « Donald Trump et son équipe ont fait preuve de compétence dans l’organisation de la campagne électorale ». Il a reconnu qu’en écoutant les discours électoraux de l’actuel président, il pensait que Donald Trump « y allait parfois un peu fort ». Il s’est pourtant avéré que la stratégie agressive et éclatante de Donald Trump a fait son effet, a constaté Vladimir Poutine en se félicitant des déclarations de Donald Trump au sujet d’une éventuelle révision des relations avec la Russie.

Dans le même temps, le président russe dit ne pas s’attendre à des changements radicaux suite à l’installation d’un nouveau locataire à la Maison Blanche. À la question posée par Oliver Stone « Qu’y a-t-il de changé ? », il hausse les épaules : « Presque rien ». Il est certain que partout, surtout aux États-Unis, ce qui importe n’est pas la personnalité du président, mais la bureaucratie, car c’est elle qui en fin de compte détermine la politique du pays. Néanmoins, il garde toujours l’espoir de voir les relations bilatérales s’améliorer sous la nouvelle administration. « J’espère que nous réussirons à trouver des points de contact où nous nous comprendrons », a-t-il noté.

Staline, les richesses de Poutine et l’avenir

Oliver Stone et Vladimir Poutine ont évoqué le passé, en s’arrêtant notamment sur l’époque de Staline, l’un des personnages les plus controversés de l’histoire russe. Selon le réalisateur américain, le président russe a une attitude contradictoire envers Staline. D’une part, il met en garde contre la diabolisation du personnage et les tentatives d’attaquer la Russie actuelle en la comparant à l’URSS de Staline. D’autre part, « nous ne devons pas oublier les horreurs du stalinisme », les millions de Soviétiques exécutés sous son régime, a-t-il fait observer.

Évoquant ses richesses – les médias occidentaux le qualifient souvent d’homme le plus riche du monde – Vladimir Poutine a souligné : « Je n’ai pas les richesses qu’on m’attribue », aucun compte à Chypre ou ailleurs. Selon lui, l’un des grands objectifs dès le début de sa présence au pouvoir était de séparer le pouvoir de l’argent, d’écarter du pouvoir les oligarques se livrant au lobbying d’intérêts personnels. C’est le principe qu’il essaie toujours d’appliquer.

Oliver Stone s’est intéressé à la présidentielle russe de 2018 et aux perspectives (si Vladimir Poutine s’y présente) de diriger le pays jusqu’en 2024 : « N’êtes-vous pas effrayé ? Ne prenez-vous pas l’habitude du pouvoir ? ». Le président en exercice reste ici aussi très évasif : « La Russie décidera de qui elle a besoin ». Après s’être excusé, il a laissé sans réponse une question sur son éventuelle intention de briguer un nouveau mandat : « Il y a des choses où une certaine intrigue doit persister ».

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