Vladimir Poutine se livre face à Oliver Stone: deuxième partie

'The Putin Interviews'

'The Putin Interviews'

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Dans le second épisode d’une série qui en compte quatre, le président russe évoque avec le réalisateur américain l’éventualité d’une guerre entre la Russie et l’Otan et le sort d’Edward Snowden, ex-employé du renseignement américain réfugié en Russie

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Après la diffusion par la chaîne américaine Showtime du premier épisode du film de quatre heures The Putin Interviews, certains médias américains se sont empressés d’accuser le réalisateur oscarisé d’avoir été trop élogieux et d’éprouver trop de sympathie pour le président russe. « Flatteur, mais peu sceptique », résume le New York Times.

Oliver Stone reste de marbre face à ces critiques et déclare que son film vise à aider le spectateur occidental à avoir un point de vue alternatif, ce qui est très important au vu de la tension qui règne actuellement dans les relations entre la Russie et l’Occident. « Vladimir Poutine savait que je lui donnerais une audience équitable, a-t-il indiqué sur le plateau de The Late Show. Je pense que vous devriez voir le film pour vous-mêmes ».  Le deuxième épisode du film a été diffusé le 13 juin.

Armement nucléaire et Troisième Guerre mondiale

Évoquant le déploiement des systèmes de défense antimissile en Europe, Vladimir Poutine a tenu à rappeler que la Russie avait proposé aux États-Unis et à l’Europe de concevoir des systèmes ABM communs, mais qu’elle s’était heurtée à un refus de leur part. « Pour préserver l’équilibre stratégique des forces, nous serons contraints de développer nos propres systèmes balistiques de frappe », a souligné le président russe.

Vladimir Poutine fait remarquer que la Russie pourrait se retrouver encerclée par les systèmes d’armements occidentaux. Cette menace contraint Moscou à accroître sa puissance militaire ce qui, à son tour, impulse une course aux armements. « C’est une grave erreur », constate Vladimir Poutine.

Oliver Stone lui demande si dans le cas d’une éventuelle guerre chaude, l’Amérique aurait le dessus. Le président russe est laconique : « Non ».  Selon lui, si une guerre venait à éclater entre la Russie et les États-Unis/l’Otan, personne n’y survivrait et les boucliers nucléaires joueraient un rôle plutôt négatif, offrant l’illusion de protection. L’unique issue dans ce contexte difficile est de poursuivre le dialogue, aussi complexe soit-il, indique Vladimir Poutine.

Edward Snowden à Moscou

Edward Snowden, ancien employé de l’agence nationale de sécurité américaine (NSA) qui a dénoncé devant les journalistes les pratiques illégales de surveillance des citoyens américains et étrangers par les services secrets US, est réfugié en Russie depuis 2013. À la question de savoir si Vladimir Poutine soutient ce qu’il a fait, le président répond : « Non. Si quelque chose dans son travail lui déplaisait, il fallait simplement démissionner ».

Toutefois, Vladimir Poutine n’estime pas qu’Edward Snowden est un traître et ajoute qu’il n’a transmis aucune donnée secrète à la Russie sur les États-Unis. Qui plus est, il estime que dans leurs pratiques de surveillance, les services secrets américains sont allés trop loin : « Surveiller ses alliés est indécent », a-t-il martelé.

Le président russe a confirmé que les Américains avaient demandé l’extradition d’Edward Snowden, ce que Moscou leur a refusé. Vladimir Poutine a rappelé que la Russie avait proposé aux États-Unis de signer un accord de coopération prévoyant une extradition réciproque des délinquants, mais que les Américains avaient refusé. La Russie n’a pas l’intention d’extrader unilatéralement Edward Snowden qui n’a en rien violé la législation russe.

Homosexuels, liberté de parole et démocratie

Oliver Stone a posé un grand nombre de questions sur la situation intérieure en Russie, notamment pour savoir si les homosexuels pouvaient y vivre en sécurité, si la liberté de parole était respectée et si le pays pouvait être qualifié de démocratie ou plutôt, comme l’affirment les critiques de la Russie en Occident, d’État autoritaire attaché au traditionalisme.

Les droits des homosexuels ne sont pas lésés en Russie, a déclaré Vladimir Poutine. « Nous ne persécutons pas les gens d’après leur orientation sexuelle », a-t-il noté, en ajoutant que nombre de Russes ayant une orientation sexuelle non traditionnelle avaient fait carrière dans le pays. Quant à la loi contre la propagande homosexuelle auprès des mineurs, elle vise uniquement à protéger la génération montante. Dans le même temps, le président a jugé juste la remarque d’Oliver Stone selon laquelle la Russie est un pays assez conservateur, mais moins que les pays islamiques.

Tout va très bien en Russie dans le domaine de la liberté de parole, a poursuivi Vladimir Poutine. « Nous avons des centaines de sociétés radio et TV que l’État ne contrôle pas. C’est tout simplement impossible », a-t-il constaté. En ce qui concerne la démocratie, il a fait observer que la Russie différait des pays occidentaux avec leurs traditions séculaires de changement du pouvoir : durant des siècles le pays a été une monarchie, avant d’être gouverné pendant plusieurs décennies par les communistes. L’époque de la liberté n’est arrivée que dans les années 1990. « Il est bien entendu impossible de s’imaginer l’instauration dès demain d’un régime comme celui qui existe aux États-Unis, en Allemagne ou en France, a-t-il reconnu. Les sociétés doivent se développer progressivement, par étapes ».

En France, le documentaire Conversations avec Poutin sera diffusé sur France 3 fin juin.

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