Colonnes somptueuses, profusion de fresques et de statues équestres, têtes coiffées de chapeaux aux formes et couleurs improbables : pas de doute, nous voici bien arrivés à l'Hippodrome central de Moscou, l'un des plus importants du monde et le plus ancien de Russie.
Crédit : Erwann Pensec
Depuis l'an 2000, à l'initiative de l'association Le Trot (SECF), de la Fédération russe de trot (CTA) et de la société Hippodromes russes, s'y déroulent chaque année les Journées de la France, auxquelles l'Hippodrome parisien de Vincennes fait d'ailleurs à présent écho avec ses Journées de la Russie.
Dans cette discipline, le lien qui unit les deux pays, nations historiques des courses hippiques, ne date pas d'hier. « Cela fait très longtemps que Le Trot et la CTA collaborent, ces échanges se sont développés depuis une vingtaine d'années, c'est quelque chose de très amical, tant sur le plan sportif que pour l'élevage », assure avec conviction Emmanuelle Morvillers, en charge du département international de la SECF.
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Relations chaleureuses dont Nikolaï Issakov, directeur général de la société Hippodromes russes, n'hésite pas à témoigner. « Ce sont les Russes qui sont en tête dans les résultats des précédentes éditions, mais lors de ces rencontres, c'est avant tout l'amitié qui l'emporte », affirme-t-il.
Le programme du jour s'articule autour de diverses compétitions et représentations : courses, concerts, parades, pas de place ici pour l'ennui. Les spectateurs, venus nombreux malgré la fraîcheur de ce mois de mai, ont notamment la chance d'assister à une course de troïkas russes.
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Uniques au monde, ces attelages à trois chevaux font la fierté du pays. Lors de leur apparition au XVIIIe siècle, ils étaient le meilleur moyen de rejoindre les contrées les plus éloignées de l'Empire. « Les troïkas ont conduit la Russie à la civilisation ! », s'exclame même Alla Polzounova, vice-présidente de la Fédération russe de trot.
Après l'épreuve, c'est donc portés par les chants d'une chorale cosaque que deux de ces troïkas s'engagent, sous les yeux du public émerveillé, dans un hypnotisant défilé.
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L'enthousiasme se fait également ressentir du côté des drivers Français, qui ont fait le déplacement et qui ne tarissent pas d'éloges sur l'hippodrome moscovite.
« J'avais été dans d'autres pays d'Europe et du monde, mais je ne connaissais pas la Russie. Déjà, je trouve l'hippodrome très beau, au niveau architectural on n’a pas l'habitude de voir ça, c'est assez impressionnant. Le tracé de la piste l'est aussi, puisqu'on en voit rarement d'aussi grands, à part chez nous, à Vincennes, il y en a peu de 1600 mètres comme ici », nous confie Mathieu Daougabel, 23 ans, 75 victoires.
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À mesure que les chevaux approchent de la ligne d'arrivée, les cris dans les tribunes se font plus retentissants. Tandis que certains encouragent leur favori en hélant leur nom, Grey Shark, Montevideo, Mister Chucki, Roxana ou It's a boy, les autres scrutent attentivement leurs tickets de paris. Quelques-uns encore préfèrent s'attarder au stand d'essayage de chapeaux. Il y en a pour tous les goûts, toutes les fantaisies, alors nombreux sont ceux à s'y prendre en photo, élégamment coiffés et arborant un écriteau « Moscou-Paris » ou « Journées de la France ».
Le premier régiment de cavalerie de la police profite ensuite d'une pause entre deux remises de prix pour faire montre de son adresse. Tournoyant, s'entrecroisant et brandissant leurs sabres, les cavalières du bataillon épatent les visiteurs.
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Ces dernières années, la Russie a eu pour ambition de réorganiser et de développer les courses hippiques sur son territoire, une tendance qui, selon Emmanuelle Morvillers, a porté ses fruits. « On a vu une grosse évolution, c'est un pays historiquement très important dans cette discipline, c'est vraiment quelque chose qui fait partie de la culture, de l'identité et de l'ADN russes, aujourd'hui la Russie participe à tous les championnats méditerranéens et d'Europe, que ce soit au niveau amateur ou professionnel, ils viennent aussi régulièrement courir à Vincennes, elle est donc tout à fait au niveau des autres pays européens », explique-t-elle. « Ici vous avez une des races pures de trotteurs. Il y en a quatre dans le monde, dont le Orlov et le trotteur français », constate-t-elle.
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Le vacarme des sabots retentit sur la piste, les courses s'enchaînent. L'une d'elles, apogée du partenariat franco-russe, oppose huit drivers, quatre de chaque pays. L'Hexagone y est représenté par Franck Marty, Alain Roussel, Mathieu Daougabel et Clément Frécelle, les couleurs de la Russie étant, quant à elles, défendues notamment par Vladimir Ermachev, qui avait remporté cette même course en 2016.
Cette année, ce sont les Français qui sortent vainqueurs de la compétition, portant leur nombre total de victoires à 9, contre 10 pour les Russes. Alain Roussel, 67 ans, 713 consécrations à son actif, est en effet arrivé en tête, devançant Mathieu Daougabel et Rail Gabdrachitov.
La journée s'achève sur un concours des plus beaux trotteurs Orlov et français. Vient alors l'heure pour Roxana, Geisha et Demoiselle de rivaliser de beauté, robes majestueuses et crinières brossées. Personne ne saurait leur faire de l'ombre, pas même les plus extravagants couvre-chefs rencontrés ici.
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