La victoire de Macron vue par la presse russe

Crédit : PhotoXPress

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Le 7 mai, Emmanuel Macron, le candidat du mouvement En marche !, a été élu huitième président de la Cinquième République après une victoire écrasante contre Marine Le Pen. Cet événement n’a pas manqué d’attirer l’attention de la presse russe. Certains périodiques qualifient le choix des Français de « mesure indispensable », tandis d’autres annoncent la victoire de Marine Le Pen à la course présidentielle, mais en 2022. RBTH vous propose des extraits d’articles parus dans la presse russe les 7 et 8 mai.

Macron a remporté une nette victoire contre Marine Le Pen (Nezavissimaïa Gazeta)

« Il est évident que ce résultat de la lutte pour l’Elysée permet à Berlin et Bruxelles de pousser un soupir de soulagement. Le programme de Le Pen en matière de politique extérieure se situait à l’opposé de la ligne adoptée par l’Union européenne et menaçait clairement de provoquer son éclatement », écrit le journaliste du journal.

L’auteur souligne que le nouveau chef d’État devra s’atteler à régler les problèmes accumulés à l’intérieur du pays, comme les turpitudes de l’économie française. « L’expérience de ministre dans ce domaine, dont dispose le nouveau dirigeant doit, évidemment, jouer son rôle dans l’élaboration de la nouvelle politique économique », indique l’auteur citant des observateurs.

L’auteur de l’article rappelle cependant que la bataille politique n’est pas terminée en France. « En juin 2017, la Cinquième République organise des élections au parlement. Leur résultat déterminera la façon dont s’organisera la coopération entre le nouveau président et les autres instances du pouvoir », souligne-t-il.

L’« effet Trump » n’a pas atteint la France (Izvestia)

Le quotidien Izvestia souligne que le résultat de la course électorale en France a lavé « l’honneur souillé » des sondages, rétablissant la confiance perdue suite au vote pour le Brexit et à l’élection présidentielle américaine. Ainsi, avant même le lancement du premier tour des élections présidentielles françaises, les sondages annonçaient la victoire du candidat d’En marche ! Emmanuel Macron, crédité de plus de 60% des voix.

Les auteurs de l’article n’ont pas manqué de citer l’opinion de supporters du républicain François Fillon. « Malgré les résultats, certains experts sont convaincus que François Fillon aurait été le meilleur président pour la Cinquième République, car son programme prenait pleinement en compte les changements politiques, sociaux et économiques qui ont actuellement lieu dans le pays. Alors que la victoire de Macron est un jeu bien ficelé des élites au pouvoir », indique l’article d’Izvestia.

La France a choisi le moindre mal (Kommersant)

« La campagne présidentielle de 2017 est un enchaînement de déceptions des électeurs à l’égard de leurs idoles », estime le correspondant du quotidien à Paris. L’article décrit brièvement les principales péripéties de la course présidentielle qui s’est achevée dimanche, et les erreurs qui ont coûté des voix aux principaux favoris du premier tour, puis l’auteur se penche sur la candidature malheureuse de Marine Le Pen.

« Sa très mauvaise performance au débat d’entre-deux-tours a révélé la faiblesse de son programme et, pis, la faiblesse et la vulnérabilité de Mme Le Pen elle-même. Sa défaite aux élections aura sans doute un impact sur son propre avenir politique et sur l’avenir du Front national, indique l’auteur, pour qui Le Pen a perdu une partie qui semblait gagnée d’avance.
Le vainqueur final est un candidat que personne ne prenait au sérieux au départ, souligne le correspondant. « Ce qui était autrefois sa faiblesse – un mélange d’opinions de gauche et de droite et l’absence d’appartenance politique claire – a finalement joué en sa faveur, permettant aux responsables de gauche comme de droite de rejoindre le mouvement En marche ! et de réunir des ministres socialistes et des opposants des Républicains »
, constate l’auteur.

Marine Le Pen neuvième président de la Cinquième République (Vzgliad)

L’auteur de la revue Vzgliad exprime un autre avis : dans son article, la candidate du Front national est présentée comme le responsable politique le plus populaire de France ces deux dernières années. Son rival, lui, est qualifié de « candidat élevé spécialement pour ces élections ».

« Macron était initialement le protégé de la partie europhile et supranationale de l’establishment français, le candidat des mondialisateurs, mais au second tour, il est simplement devenu le candidat de la majorité de l’élite française au sens large. Il a même été soutenu par Fillon, car tous deux sont des hommes du système. Le Pen, en revanche, est une candidate antisystème qui ne peut être soutenue ouvertement que par des représentants de la contre-élite, ceux qui remettent en question le système de pouvoir établi », affirme l’article, publié avant l’annonce des résultats du second tour.

L’auteur de l’article reconnaît que Macron a plus de chance de remporter la victoire en 2017, mais annonce près de 45% de voix pour Le Pen au second tour et sa victoire aux élections suivantes, « quel que soit son adversaire à ce moment-là, Macron ou un autre ». Macron, en revanche, pourrait disputer à Hollande le titre de président le plus impopulaire de la république.

L’inévitable Macron (Vedomosti)

« Les solutions et personnalités aussi radicales que Marine Le Pen, même si elle jure d’être fidèle aux idéaux de la république gaulliste, ne prennent le pouvoir en France qu’une fois la crise éclatée et ne constituent jamais un moyen de la prévenir. Heureusement, au printemps 2017, la France n’avait pas encore connu les bouleversements et les malheurs comparables aux événements de 1957–58, quand la Cinquième République est littéralement née du feu de la guerre d’Algérie et de ce qu’on pourrait considérer comme une guerre civile », indique le politologue Timofeï Bordatchev, dans une colonne d’opinions publiée par Vedomosti.

La plupart des Français qui se sont rendus aux urnes ont préféré le candidat représentant les principes fondateurs de la Cinquième République – la direction d’une élite qualifiée et l’engagement vers l’intégration européenne – affirme l’auteur soulignant que si Macron n’existait pas, il aurait fallu l’inventer.

« Les électeurs ont voté pour Macron principalement pour qu’il mène les réformes tant attendues du système économique et social et une révision partielle et inévitable du système de protection sociale le plus onéreux d’Europe, qui rend le pays très peu compétitif. Par ailleurs, il faut préserver les acquis existants (…) Le choix de la majorité des électeurs français est clair – l’arrivée de Marine Le Pen au pouvoir aurait provoqué une explosion politique tant au niveau national qu’au niveau européen », résume l’article.

34:66 La défaite honorable de Le Pen nous est utile (Na linii)

La victoire d'Emmanuel Macron, « ami des milliardaires, magnat des médias, ancien ministre, homme d'affaires et banquier », était tout à fait prévisible, cependant il convient avant tout de considérer les résultats de ces élections comme « le passage de Le Pen et de son parti à un échelon supérieur vers le pouvoir », a communiqué le site d'information Na linii.

Comme le souligne l'auteur de cette publication, la chef du « modeste » Front national a perdu face à l'establishment « non pas par K.O., mais sur le total de points récoltés ».

De plus, malgré les tentatives de certains politiques de « mobiliser l'électorat » et de le consolider autour de Macron, le taux de participation a cette année établit un anti-record par rapport aux dernières décennies. De son côté, Le Pen, à la différence de son père en 2002, a, au deuxième tour, « non seulement conservé le soutien dont elle avait bénéficié au premier, mais elle l'a augmenté de moitié », peut-on lire sur le site.

Ainsi, si l'on se réfère au raisonnement de l'auteur, la défaite de Le Pen ne serait « pas un échec, mais une seconde place », d'autant plus que le vainqueur « a clairement l'intention de poursuivre la politique qui a permis à la candidate des nationalistes d'atteindre ces résultats record ».

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