Négociations Poutine-Merkel: prêts pour un compromis?

La chancelière était en Russie pour la première fois en deux ans.

La chancelière était en Russie pour la première fois en deux ans.

DPA / Global Look Press
La chancelière allemande Angela Merkel et le président russe Vladimir Poutine ont eu des négociations à Sotchi (Sud). Pourquoi Angela Merkel a-t-elle effectué cette visite en Russie, la première depuis deux ans? Certains experts estiment que les deux pays sont prêts à trouver un compromis sur les dossiers les plus épineux de l’ordre du jour.

Comme annoncé officiellement par un porte-parole du gouvernement allemand, la visite d’Angela Merkel en Russie est effectuée dans le cadre des préparatifs du sommet du G20. La rencontre des leaders des vingt plus grandes puissances mondiales aura lieu en juillet prochain à Hambourg.

Les négociations entre Vladimir Poutine et Angela Merkel se sont tenues dans la résidence d’été du président russe à Sotchi, au bord de la mer Noire. La dernière visite d’Angela Merkel en Russie remonte au 10 mai 2015, quand elle a assisté aux solennités à l’occasion de la Victoire à l’issue de la Seconde Guerre mondiale.

Points de jonction

L’arrivée d’Angela Merkel en Russie vient illustrer un changement dans son attitude envers Moscou, a affirmé Vladislav Belov, directeur du Centre des études allemandes à l’Institut de l’Europe. Angela Merkel a indiqué en février dernier à la Conférence de Munich sur la sécurité qu’il était nécessaire de ne plus uniquement se concentrer sur les problèmes existants mais aussi chercher des points de jonction, a-t-il rappelé dans une interview à RBTH.

« Vladimir Poutine a entendu cette phrase et l’a immédiatement invitée en Russie », a poursuivi Vladislav Belov. Angela Merkel a accepté l’invitation, bien qu’elle ait déclaré précédemment qu’elle ne se rendrait pas en Russie tant que des progrès n’auraient pas été enregistrés sur les dossiers ukrainien et syrien.

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La rencontre de Sotchi a été l’occasion de chercher ces points de contact, ainsi que d’évoquer les relations entre la Russie et l’Otan et de se pencher sur la politique étrangère des États-Unis sous l’administration Trump, a noté Vladislav Belov.

Selon lui, « il se peut que la solution à ces problèmes se profile déjà » tant pour Angela Merkel que pour Vladimir Poutine. Toutefois, la complexité des problèmes ne permet pas d’annoncer d’éventuels compromis avant l’heure.

Les déclarations faites à l’issue des négociations n’ont rien apporté de nouveau. En ce qui concerne l’Ukraine, les deux leaders ont confirmé qu’il n’y avait pas d’autre solution que d’appliquer les accords de Minsk et de développer le « format Normandie » (réunissant la Russie, l’Ukraine, l’Allemagne, et la France, ndlr).

Pour ce qui est du dossier syrien, Vladimir Poutine a insisté sur la nécessité d’un règlement politique du conflit, tandis qu’Angela Merkel a relevé une nouvelle fois l’importance d’un cessez-le-feu dans ce pays déchiré par la guerre civile depuis plus de six ans.

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La coopération économique entre les deux pays a également figuré à l’ordre du jour. Vladimir Poutine a fait remarquer que les échanges entre la Russie et l’Allemagne avaient augmenté de 43% au cours des deux premiers mois de l’année.

« Questions insolubles »

La détermination de Berlin à trouver des réponses aux problèmes épineux des relations entre Moscou et l’Occident est due, d’après Vladislav Belov, à l’aspiration d’Angela Merkel à garantir le succès du G20. L’importance du prochain sommet pour la chancelière allemande a été également mise en relief par Tatiana Illarionova, experte des relations russo-allemandes de l’Académie présidentielle russe de l’économie nationale et de l’administration publique.

L’ordre du jour de la prochaine rencontre à Hambourg et celui des négociations à Sotchi coïncident à bien des égards, car il s’agit toujours des problèmes de l’Ukraine, de la Syrie et des relations Russie-Occident. «  L’essentiel (pour Angela Merkel) est qu’elle sera l’hôtesse d’un grand sommet », a affirmé Tatiana Illarionova, en estimant que toutes les démarches de la chancelière allemande sur la scène internationale s’articulaient aujourd’hui autour de cette idée.

Dans le même temps, elle estime qu’il ne faut vraisemblablement pas s’attendre à des percées au cours du sommet. « Les Européens, notamment l’Allemagne, ont une position précise sur les grandes questions et il est peu probable qu’ils s’en écartent rapidement. Ce sont, comme cela arrive souvent dans la diplomatie, des questions insolubles à l’étape actuelle », a-t-elle constaté.

Angela Merkel à Sotchi pour Donald Trump?

La visite de la chancelière allemande pourrait également avoir une autre raison. « Cette histoire (l’arrivée d’Angela Merkel à Sotchi) doit prouver aux États-Unis que les hommes politiques allemands, en l’occurrence Angela Merkel, n’ont pas interrompu leurs contacts avec Moscou et qu’ils pourraient être utiles en ce sens à l’administration américaine », a déclaré à RBTH Timofeï Bordatchov, expert en relations internationales de la Haute école d'économie de Moscou.

Selon lui, Berlin ne cherche aujourd’hui qu’à améliorer ses relations avec le président américain Donald Trump. Mais tout porte à croire que la chancelière allemande se trompe en estimant que, tout comme sous l’administration Obama, Washington pourrait avoir besoin de la médiation de Berlin sur les dossiers concernant la Russie. La nouvelle administration de la Maison Blanche a adopté un autre style qui ne suppose pas la présence de médiateurs.

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