Le conflit du Haut-Karabakh menace-t-il la Russie ?

Un membre des forces armées du Haut-Karabakh près de Martakert (Azerbaïdjan), le 3 avril 2016.

Un membre des forces armées du Haut-Karabakh près de Martakert (Azerbaïdjan), le 3 avril 2016.

AP
Le premier week-end d’avril a été marqué par une aggravation, sans précédent depuis 1994, du conflit du Haut-Karabakh, qui oppose l’Azerbaïdjan et l’Arménie et qui a déjà emporté des dizaines de vies. RBTH s’est intéressé aux causes de cette flambée de violence dans le Caucase, au risque d’une guerre à grande échelle et au rôle que pourrait y jouer la Russie.

Qu’est-ce que le conflit du Haut-Karabakh ?

Le conflit du Haut-Karabakh est un conflit ethnique qui oppose l’Azerbaïdjan à l’Arménie depuis le début des années 1990. Pendant deux ans, les deux pays se sont affrontés pour contrôler ce territoire qui, pendant la période soviétique, faisait partie de l’Azerbaïdjan, mais était principalement peuplé d’Arméniens ethniques. Le combat armé a fait plus de 15 000 victimes et a conduit à la naissance de la république non-reconnue du Haut-Karabakh, soutenue par l’Arménie.

Quelles sont les causes de la reprise du conflit ?

Les experts russes sont convaincus que l’escalade du conflit est l’œuvre de l’Azerbaïdjan. Avec le ralentissement économique, le pouvoir local cherche à dévier l’attention de la population et de la souder sur des bases patriotiques en désignant un ennemi extérieur. Par ailleurs, les analystes estiment que rien dans la politique intérieure de l’Arménie ne pourrait pousser Erevan vers l’escalade du conflit.

Parmi les acteurs étrangers, la Turquie pourrait profiter du dégel du conflit du Haut-Karabakh. Alexandre Skakov, collaborateur de l’Institut d’études orientales de l’Académie russe des sciences estime que la Turquie aurait pu jouer le rôle de déclencheur afin de souligner, une fois de plus, sont importance dans la région. Cependant, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré que la Russie n’accusait pas Ankara d’avoir attisé les tensions dans le Haut-Karabakh.

Par ailleurs, l’escalade actuelle était tout sauf imprévisible. La situation s’aggrave depuis un certain temps, et, fin septembre 2015, l’artillerie a été utilisée dans la région pour la première fois depuis 20 ans, faisant 10 victimes parmi les soldats. Dès l’automne dernier, les experts interrogés par RBTH indiquaient que la région « était au bord d’une vrai guerre ».

Quelle est la position de Moscou ?

Les tensions actuelles placent Moscou dans une position difficile, car la Russie aimerait conserver de bonnes relations tant avec l’Azerbaïdjan qu’avec l’Arménie. La Russie est alliée à l’Arménie et l’expansion du conflit pourrait contraindre Moscou à soutenir ouvertement Erevan. Pourtant, cela mettrait immédiatement en question les « relations spéciales » que Moscou s’efforce de construire avec Bakou, indique Skakov.

Parmi les manifestations de ces relations spéciales – les contacts actifs entre les deux pays en matière de vente d’armes. Selon les informations publiées dans la presse, la Russie a vendu des armes pour 4 milliards de dollars à l’Azerbaïdjan. Skakov estime que la vente d’armes à Bakou par Moscou était une erreur qui a profité à ceux qui soutiennent l’escalade actuelle. Cependant, Vladimir Evseïev, collaborateur de l’Institut des pays de la CEI, a souligné dans un entretien avec RBTH que la Russie était loin d’être le seul fournisseur d’armes pour l’Azerbaïdjan.

Que fait la Russie ?

Pour le moment, la Russie utilise des leviers diplomatiques avec les parties au conflit. Vladimir Poutine a appelé les présidents des deux pays à cesser les hostilités et à se mettre à la table des négociations. Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a mené des pourparlers avec ses homologues des deux pays afin d’obtenir une désescalade du conflit.

En quoi le conflit menace-t-il la Russie ?

En cas de nouvelle escalade, le conflit entre l’Azerbaïdjan à l’Arménie pourrait s’éteindre au-delà du Haut-Karabakh et conduire à une guerre à grande échelle entre les deux pays. Ayant misé sur une alliance stratégique avec l’Arménie, la Russie pourraient être contrainte d’utiliser ses troupes stationnées sur le territoire arménien et, ainsi, se trouver impliquée dans un conflit armé. En outre, une escalade dans le Haut-Karabakh pourrait déstabiliser le Caucase et les républiques russes de la région.

À quoi s’attendre ?

Les experts estiment qu’une guerre à grande échelle n’est pas à l’ordre du jour et que les événements actuels ne sont qu’une tentative de Bakou de tester la réaction de toutes les parties concernées. Les analystes avertissent pourtant que les médiateurs du conflit, dont Moscou, doivent exiger l’envoi d’observateurs internationaux et la création d’un mécanisme de surveillance du conflit dans le Haut-Karabakh. Autrement, une nouvelle escalade est inévitable.

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