Le pape François et le président russe Vladimir Poutine. Crédit : TASS
La visite de Vladimir Poutine en Italie, le 10 juin dernier, a été très étoffée. Conjointement avec le premier ministre italien Matteo Renzi, il a assisté à l’inauguration de la Journée de la Russie à EXPO 2015 à Milan. Il a également eu des négociations avec le chef du gouvernement, s’est entretenu avec le président italien Sergio Mattarella et a rencontré le pape François. Dans la soirée, il a eu à l’aéroport une entrevue d’une demi-heure avec l’ex-premier ministre Silvio Berlusconi, avec qui il entretient une relation d’amitié.
Vladimir Poutine s’était déjà rendu à Milan en octobre dernier pour participer à une rencontre consacrée à la situation en Ukraine au format dit Normandie. Le dossier ukrainien a été évoqué cette fois-ci aussi. Lors d’une conférence de presse à l’issue de leurs négociations, Vladimir Poutine et Matteo Renzi ont confirmé que leur attitude envers le règlement de la crise ukrainienne restait inchangée : le conflit ne peut être réglé que sur la base de l’Accord de Minsk du 12 février dernier.
« Chercher une issue »
L’actuel rencontre avec le chef du gouvernement italien n’est pas le premier pour Vladimir Poutine. Les deux hommes se sont rencontrés récemment, pendant la visite de Matteo Renzi à Moscou au mois de mars. Le chef du gouvernement italien était devenu le premier homme politique occidental à effectuer une visite officielle en Russie depuis l’éclatement de la crise ukrainienne. Les médias ont alors fait remarquer que ce séjour avait été critiqué par Washington.
Les deux leaders ont déclaré en mars qu’ils avaient l’intention de développer la coopération entre la Russie et l’Italie, malgré les sanctions décrétées contre Moscou. Matteo Renzi et Vladimir Poutine ont évoqué les sanctions à Milan également. Toutefois, a ajouté le chef de l’Etat russe, « non pas à la lumière d’une éventuelle levée ou atténuation », mais du point de vue « des entraves au développement de nos relations ». Dans ce contexte, il a indiqué que plusieurs projets russo-italiens avaient été gelés en raison des sanctions et, bien que ces dernières soient positives pour la politique de substitution des importations en Russie, elles sont dans l’ensemble nuisibles. « Il faut chercher une issue », a-t-il noté.
Selon le président de l’Institut des évaluations stratégiques, Alexandre Konovalov, remédier à la situation découlant des sanctions était la tâche numéro un de cette visite. « A mon avis, il (Vladimir Poutine) cherche par tous les moyens à percer le régime des sanctions qui complique grandement la situation en Russie », a-t-il affirmé dans une interview à RBTH. Maxime Braterski, professeur de la Haute école d'économie, partage ce point de vue. D’après lui, la visite de Vladimir Poutine en Italie était censée contribuer à résoudre deux problèmes : équilibrer le dialogue avec l’Union européenne, qui reste difficile, et développer les projets économiques qui ne sont pas frappés par les sanctions. Moscou veut soutenir à l’intérieur de l’UE les voix qui émettront une position plus souple à l’encontre de la Russie, a-t-il dit à RBTH.
Maxime Braterski estime que la Russie doit persister dans ce comportement. D’autant plus que ce dernier porte au moins certains fruits. Selon l’agence RIA Novosti, après sa rencontre avec Vladimir Poutine, Silvio Berlusconi a déclaré que les députés de son parti, Forza Italia, soumettraient un projet de résolution exhortant les autorités à abandonner la politique de sanctions vis-à-vis de la Russie.
« Faire la leçon au pape »
Alexandre Konovalov souligne pour sa part que la rencontre avec le pape François était également cruciale pour l’homme fort du Kremlin. « Le pape bénéficie d’un grand prestige dans le monde. Le souverain pontife est une personnalité en vue. Cette rencontre sera inscrite à son actif (celui de Vladimir Poutine) », a-t-il poursuivi. La rencontre du pape François avec Vladimir Poutine est « la reconnaissance de la nécessité de parler à la Russie et de tenir compte de son opinion et de celle de son leader », ce qui revêt une importance particulière dans le cadre des sanctions et des tentatives d’isolement de la Russie, a affirmé Alexandre Konovalov.
La rencontre avec le pape François a été deux fois plus longue que prévu et a duré environ une heure. D’après le porte-parole du président russe, Dmitri Peskov, les interlocuteurs ont évoqué le dossier ukrainien, ainsi que la situation des chrétiens au Proche-Orient. Evoquant le tête-à-tête, Dmitri Peskov a également commenté la déclaration de l’ambassadeur des Etats-Unis auprès du Saint-Siège, Kenneth Hackett. Selon le Guardian, ce dernier a conseillé au pape de soulever, lors de sa rencontre avec Vladimir Poutine, la question de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Pour le porte-parole du président russe, c’est une tentative de « faire la leçon au pape », ce qui est « une nouveauté dans la pratique diplomatique » et « un cas révoltant de tentative d’étouffer de la souveraineté des autres pays ».
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