Ukraine : depuis Paris, un appel à la stricte application des accords de Minsk

Crédit : AP

Crédit : AP

Les ministres des Affaires étrangères du « format Normandie » (Russie, Allemagne, France et Ukraine) ont appelé au cours de leur rencontre à Paris à élargir le mandat et à renforcer les moyens de la mission de l’OSCE, principal instrument de contrôle de la mise en œuvre des accords de Minsk portant sur le cessez-le-feu en Ukraine orientale.

Le 24 février s’est tenue à Paris une rencontre des ministres des Affaires étrangères des pays du « format Normandie ». À l’issue de la rencontre, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a fait savoir que le groupe de ministres avait prôné un « renforcement de la mission spéciale d’observateurs de l’OSCE et l’extension de son mandat ».

Les ministres ont également appelé toutes les parties à coopérer avec la mission et à assurer aux observateurs un accès total aux zones de conflit. 

Armements lourds

Comme l’a déclaré à RBTH Mikhaïl Alexandrov, expert en chef du Centre d’études militaro-politiques de l’Université des relations internationales de Moscou, bien que les questions abordées à Paris aient été essentiellement de nature technique, l’objectif principal a été atteint – les participants à la rencontre ont jugé indispensable d’entamer le retrait des armements lourds, malgré des échanges de tirs sporadiques.

« La partie ukrainienne a toujours insisté sur le fait que ses positions sont sous le feu des milices, et sous ce prétexte, a freiné le retrait des armements lourds. Désormais, on a établi que malgré les accrochages éventuels, les armements seront retirés. La partie ukrainienne ne doit pas avoir de prétexte pour entraver l’application de ce point des accords de Minsk », a souligné Alexandrov.

Le 24 février au matin, Anatoly Stelmakh, représentant des forces armées ukrainiennes en opération dans l’est du pays, a déclaré que le retrait de ces armements était hors de question tant que les fusillades continueraient depuis les positions rebelles.

Pour cela, rapporte l’agence Interfax-Ukraine, il est en premier lieu indispensable d’atteindre « un cessez-le-feu intégral, ne serait-ce qu’une journée ». Il a plus tard été annoncé que les militaires ne commenceraient le retrait de leurs armes lourdes que deux jours après le cessez-le-feu effectif.

Comme l’a déclaré Sergueï Lavrov après la conférence, ses collègues, « principalement français et allemands » l’ont soutenu sur la nécessité d’un retrait des armes lourdes sans attendre un cessez-le-feu intégral.

Les représentants de la République populaire autoproclamée de Donetsk ont annoncé avoir entamé dès le 24 février le retrait de leurs équipements lourds sous le contrôle de l’OSCE. Au même moment, les militaires ukrainiens accusaient les séparatistes de réorganiser et de regrouper leurs forces au lieu de retirer leurs armements.

Selon Andreï Souzdaltsev, vice-doyen de la faculté d’économie et de politique internationale de la Haute école d’économie de Moscou, les milices affichent cependant une réelle volonté de retirer leurs armes lourdes de la zone de conflit.

Silence au sujet des casques bleus

Comme le remarquent les experts, l’important n’est pas uniquement ce qui a été dit à la suite de la rencontre, mais également ce que les participants ont passé sous silence : la possibilité de déployer des casques bleus dans la zone de conflit, comme suggéré par la partie ukrainienne. La veille de la rencontre, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Pavel Klimkine avait déclaré que cette question serait évoquée à Paris.

Selon M. Alexandrov, la rencontre a démontré que toutes les parties témoignent pour l’instant d’une volonté d’appliquer les accords de Minsk, qui ne disent pas un mot d’un contingent de casques bleus. Kiev, assure l’expert, voudrait utiliser l’idée d’une force d’interposition comme un moyen de pression politique sur Moscou et les séparatistes.

Parmi les conséquences positives de la rencontre, les observateurs citent également le fait que la situation à Debaltsevo, où un groupe de soldats ukrainiens a été encerclé en territoire séparatiste, et où les combats continuaient après l’entrée en vigueur officielle de l’accord de cessez-le-feu, n’ait pas été considérée par l’ouest comme une raison de stopper le processus de Minsk.

Cependant, comme le souligne M. Souzdaltsev, Moscou a essuyé les « critiques virulentes » de Paris et Berlin en raison de la prolongation des combats à Debaltsevo jusqu’à une date récente.

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies