Artemivsk, Ukraine, 18 février 2015 : Les militaires ukrainiens quittent Debaltsevo. Crédit : AP
Le commandement de l’armée ukrainienne qualifie les événements de Debaltsevo de « retrait programmé et ordonné des troupes vers de nouvelles lignes » et affirme que les militaires « occupent des positions nouvelles, plus avantageuses pour la défense de l’État ». Par ailleurs, Kiev nie le fait même de l’encerclement. Les insurgés, en revanche, évoquent la défaite d’un important groupe qui s’est retrouvé pris au piège dans une « poche ».
« Mythe de l’encerclement »
L’état-major de « l’opération anti-terroriste » a déclaré, le 19 février, que 90% des soldats présents à Debaltsevo avaient pu être évacués vers de « nouvelles lignes ». Selon les estimations de l’état-major général ukrainien dévoilées le 18 février, 22 soldats ukrainiens sont morts dans les combats à Debaltsevo.
Les militaires ukrainiens ont pratiquement répété mot pour mot les déclarations faites la veille par le président ukrainien Petro Porochenko qui annonçait que le retrait « programmé » des troupes avait balayé le mythe de l’encerclement, les forces armées ukrainiennes ayant selon lui « cassé les dents » de ceux qui tentaient de les encercler.
Dans le même temps, le chef de la République populaire de Donetsk (RPD) Alexandre Zakhartchenko a déclaré que suite à l’encerclement réussi, les forces armées ukrainiennes avaient subi entre 3 000 et 3 500 morts. Il a également déclaré que les insurgés avaient terminé le 19 février l’opération de « nettoyage » de Debaltsevo.
« Situation incertaine »
Revenant sur les déclarations des deux parties, l’expert militaire indépendant Alexandre Goltz a souligné le niveau exceptionnellement élevé de fausses informations avancées par tous les participants au conflit dans le Donbass. Concernant les déclarations de Kiev sur « l’absence d’encerclement », il ne comprend pourquoi les troupes ukrainiennes ont alors commencé à battre en retraite. Il estime qu’il y avait, au minimum, la menace d’une « poche » et qu’au final, les troupes ont abandonné une zone d’importance stratégique en subissant une « défaite majeure ».
Les experts militaires russes ne sont pas certains que la situation à Debaltsevo soit définitivement nette. Pour le rédacteur en chef du magazine Défense nationale Igor Korotchenko, « la situation près de Debaltsevo reste mitigée », car on ignore le nombre précis de soldats ukrainiens qui se trouvent encore dans la ville et ses environs. Une source au sein de l’état-major de la RPD a confirmé les propos de l’expert le 19 février et a annoncé à RIA Novosti l’existence de trois « mini-poches » de plusieurs centaines de personnes chacune à la périphérie de Debaltsevo.
M. Korotchenko estime que jusqu’à la moitié du groupe ukrainien initial, soit entre 1 500 et 2 000 soldats, pourrait se trouver actuellement dans la ville. Les soldats qui ont conduit un retrait programmé de Debaltsevo, comme l’affirme Kiev, se sont en réalité échappés au terme d’un combat, suggère l’expert.
Casques bleus dans le Donbass ?
La « poche de Debaltsevo » était la zone du front la plus tendue dans le Donbass. Selon les insurgés, depuis la prise de la ville, la trêve est « globalement respectée ». Dans le même temps, le 19 février, la RPD a indiqué 12 cas de violation du cessez-le-feu, les militaires ukrainiens comptabilisant 46 cas.
Compte tenu de la situation à Debaltsevo, le gouvernement ukrainien a proposé l’envoi de forces de maintien de la paix de l’ONU et de l’UE dans le Donbass. Le site du président ukrainien informe que cette proposition sera évoquée par les dirigeants russe, allemand, français et ukrainien (« groupe de Normandie »). Kiev souhaiterait que les casques bleus soient positionnés entre les parties au conflit, ainsi que sur les tronçons de frontière entre le Donbass et la Russie échappant au contrôle de l’armée ukrainienne.
Les autorités russes déclarent que la proposition d’envoyer des casques bleus est contraire aux accords de paix de Minsk approuvés par le « groupe de Normandie » et entérinés par une résolution de l’ONU. Sergueï Narychkine, président de la Douma russe, explique que les accords de Minsk ne prévoient tout simplement pas une telle mesure.
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