Trêve dans l’est de l’Ukraine : signaux contradictoires

Des insurgés de la République autoproclamée de Donetsk à Vouhlehirsk, localité située à 10 km de Debaltsevo. Crédit : Reuters

Des insurgés de la République autoproclamée de Donetsk à Vouhlehirsk, localité située à 10 km de Debaltsevo. Crédit : Reuters

L’accord de cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine, négocié par les dirigeants russe, allemand, français et ukrainien au terme de la rencontre de Minsk le 12 février dernier, est entré en vigueur dans la nuit de samedi à dimanche. L’OSCE, chargée de surveiller le cessez-le-feu, juge que la trêve est respectée partout, sauf aux alentours de la ville de Debaltsevo. Certains experts russes avertissent que le problème de la « poche de Debaltsevo » - où des milliers de militaires ukrainiens sont encerclés – pourrait conduire à l’échec de la trêve.

Le régime de cessez-le-feu est en cours dans le Donbass depuis trois jours, mais les parties dénoncent des pilonnages réciproques. L’OSCE informe que la trêve est globalement respectée, mais pointe la situation complexe qui règne à Debaltsevo.

La situation reste tendue dans cette ville, située à la frontière entre les régions de Donetsk et de Lougansk et contrôlée par les insurgés. Les observateurs de l’OSCE ont déclaré ne pas être parvenus à y pénétrer dimanche dernier, le 15 février, les insurgés ne l’ayant pas permis. Le chef de la mission Ertugrul Apakan a ainsi appelé les deux parties à assurer aux observateurs l’accès à tous les districts de l’est de l’Ukraine.

Conformément aux accords de Minsk, l’OSCE doit effectuer « un monitoring efficace, ainsi que des vérifications du régime de cessez-le-feu et du retrait des armes lourdes ». Le retrait doit commencer au deuxième jour suivant le cessez-le-feu au plus tard.

« Tableau assez objectif »

Les experts militaires russes notent que le régime de cessez-le-feu est globalement respecté dans le Donbass, mais que des tirs d’artillerie sont encore échangés dans les régions de Debaltsevo et de Marioupol.  Par ailleurs, les analystes saluent le rôle et les avis de l’OSCE, plaçant un certain espoir dans l’organisation et son soutien à la trêve.

Konstantin Sivkov, premier vice-président de l’Académie des questions géopolitiques, estime que l’OSCE présente un tableau assez objectif des évolutions dans le Donbass, car les principaux acteurs européens, l’Allemagne et la France, ne souhaitent pas que le conflit ukrainien fasse tache d’huile. Il explique que « l’OSCE enregistre les violations présentes (du régime de cessez-le-feu), les décisions politiques étant ensuite prises à Berlin et à Paris »

Alexandre Tsyganok, directeur du Centre des pronostics militaires, salue également le rôle positif de l’OSCE dans le contexte de la crise actuelle. « L’OSCE propose des pronostics et des rapports assez compétents. Le rôle de l’organisation s’est considérablement renforcé au cours des six derniers mois », déclare l’analyste qui explique cette situation par le déficit d’autres instruments de résolution de la crise dans l’est de l’Ukraine. L’expert ajoute que la représentante de l’organisation a joué un rôle positif en persuadant les insurgés de signer les accords de Minsk.

Debaltsevo et le retrait de l’artillerie lourde

Les experts sont partagés sur l’impact que la « poche de Debaltsevo » pourrait avoir sur la trêve.

Konstantin Sivkov estime que ce qui se passe autour de Debaltsevo n’est aucunement « mentionné » dans les accords de Minsk et qu’ainsi, tout et n’importe quoi peut y arriver. Il pense toutefois que les militaires ukrainiens tenteront sans doute de rompre l’encerclement, mais finiront par se rendre. Selon lui, la présence de la « poche » n’aura au final pas d’impact sur le retrait des armes lourdes des autres régions de la ligne de front. 

Alexandre Tsyganok estime de son côté que le « facteur lié au groupe encerclé jouera un rôle négatif sur la mise en œuvre des accords de Minsk ». L’expert souligne que la présence de la « poche » pourrait rendre impossible le retrait des armes lourdes par les insurgés. Et de rappeler que la « poche » se trouve à deux kilomètres seulement de la ligne de front dont il faut retirer l’artillerie et les lance-roquettes.

Par ailleurs, Alexandre Khramtchikhine, directeur adjoint de l’Institut d’analyses politiques et militaires, estime qu’on « se sait pas précisément qui contrôlera le retrait de l’artillerie lourde, et comment ». Il précise également que « même si celle-ci est retirée, la remettre à son emplacement précédent est une affaire de quelques heures seulement ». 

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