Crédit : Konstantin Zavrajine/RG
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Moscou a accueilli le vendredi 6 février la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande. Nombreux s’attendaient à ce que la visite des deux leaders européens à Moscou, annoncée à peine un jour à l’avance, débouche sur une percée dans le règlement de la crise dans l’Est de l’Ukraine. Cependant, à l’issue de la rencontre au Kremlin, les journalistes ont dû se satisfaire d’une déclaration laconique, indiquant que le bilan des négociations entre Vladimir Poutine, Angela Merkel et François Hollande serait dressé dimanche 8 février, au cours d’un entretien téléphonique au format dit « Normandie » (Russie, France, Allemagne et Ukraine).
Selon le porte-parole du chef de l’Etat russe, Dmitri Peskov, les négociateurs « focalisent leurs efforts sur l’élaboration d’un document commun au sujet de l’application des accords de Minsk. » Le document comprend les propositions de tous les participants à la rencontre au format dit « Normandie ».
Dmitri Peskov a qualifié les négociations menées au Kremlin de « constructives et étoffées ». Les représentants de la France et de l’Allemagne ont donné une évaluation similaire.
Visite éclair
Officier ukrainien : « Nous en avons assez de cette guerre »
La nouvelle de la venue des leaders français et allemand à Moscou vendredi 6 février a constitué une surprise. Comme, d’ailleurs, la visite d’Angela Merkel et de François Hollande le 5 février à Kiev, visite qui a coïncidé avec l’arrivée du secrétaire d’Etat américain John Kerry dans la capitale ukrainienne. François Hollande et Angela Merkel ont eu à Kiev des négociations de cinq heures avec le président ukrainien Petro Porochenko.
La veille de leurs visites éclair, les leaders européens ont été avares en commentaires sur leur initiative de paix. François Hollande s’est contenté de laisser entendre que sa visite, en compagnie de la chancelière allemande, avait pour objectif non pas de revenir sur les documents élaborés précédemment, mais de proposer un nouveau plan de règlement. Il a précisé dans ce contexte que le plan avait pour base le principe de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. A l’issue de négociations à Kiev, les leaders d’Allemagne, de France et d’Ukraine n’ont rien laissé filtrer de la nouvelle initiative. Dans le même temps, le conseiller du président ukrainien, Valéry Tchaly, a déclaré à Kiev que les propositions examinées n’étaient pas « le plan de Poutine », mais « la vision, élaborée depuis la veille par des efforts communs, des moyens de mettre en application les accords de Minsk ». En effet, la presse américaine a affirmé que la visite de François Hollande et d’Angela Merkel faisait suite à une proposition avancée cette semaine par le président Vladimir Poutine. D’après les médias, l’homme fort du Kremlin a proposé de reconnaître en qualité de ligne de désengagement la limite actuelle (instaurée suite à l’offensive réussie des milices populaires), et d’exiger que Kiev accorde une plus grande autonomie aux régions orientales. Le journal russe Kommersant souligne que le leader russe a en outre proposé d’interposer une force de paix entre les parties au conflit.
Difficultés d’un règlement à long terme
Selon Timofeï Borodatchev, expert en relations internationales, les visites des leaders allemand et français prouvent le sérieux de leur engagement lors des négociations. Il juge assez élevées les chances que les leaders européens réussissent à faire pression sur Kiev afin qu’il accepte les propositions arrangeant la Russie et l’Europe.
Maxime Bratevski, expert du Centre des études européennes de la Haute école d’économie, affirme lui aussi que la diplomatie de la navette des leaders européens pourrait porter ses fruits. D’après lui, il est possible de s’entendre sur le tracé de la ligne de désengagement et sur une force de paix. Selon lui, il sera toutefois beaucoup plus compliqué de trouver un règlement politique à long terme du conflit, de savoir si Kiev est prêt à reconnaître les républiques autoproclamées de l’Est et quelle sera la forme d’organisation de l’Ukraine (deviendra-t-elle finalement une fédération ou restera-t-elle un pays unitaire).
Les accords de Minsk ont été signés les 5 et 19 septembre dans la capitale biélorusse. Ils prévoyaient un cessez-le-feu, le retrait des armes lourdes, l’approbation par Kiev de la loi sur le statut spécial du Donbass, prévoyant notamment l’amnistie des membres des milices populaires, ainsi que la mise en place d’un groupe de contrôle chargé d’observer le respect du régime de cessation des hostilités.
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