La Russie votera à l'Onu pour la création d’un État palestinien

22 octobre 2014 : Les drapeaux nationaux de la Jordanie et d’Israël à Naharayim. Crédit : Reuters

22 octobre 2014 : Les drapeaux nationaux de la Jordanie et d’Israël à Naharayim. Crédit : Reuters

La Russie soutiendra un projet de résolution fixant le calendrier du retrait des troupes israéliennes et la création d’un État palestinien, si celui-ci est présenté au Conseil de sécurité de l’ONU, a indiqué l’ambassadeur russe auprès de l’ONU Vitali Tchourkine. Les spécialistes du Proche-Orient estiment que malgré le soutien de Moscou, une telle résolution a peu de chance d’être adoptée par le Conseil de sécurité, car les États-Unis s’y opposent.

La Russie affiche sa volonté de soutenir les efforts des Palestiniens à l’ONU. La Palestine s’apprête à soumettre un projet de résolution fixant le calendrier précis de création d’un État palestinien et de retrait des troupes israéliennes de la Cisjordanie. L’ambassadeur russe Vitali Tchourkine a déclaré : « Si ce projet est soumis au vote, nous le soutiendrons ».

Rappelons que mardi 21 octobre, la délégation palestinienne n’est finalement pas parvenue à soumettre au Conseil de sécurité de l’ONU le projet de résolution fixant à 2016la date butoir du retrait des troupes israéliennes des territoires palestiniens (y compris de Jérusalem-Est). Toutefois, la tenue d’un vote de ce projet n’est qu’une question de temps.

Néanmoins, dans un entretien avec RIA Novosti, Vitali Tchourkine a reconnu que « le projet de résolution avait très peu de chance d’être adopté, car les États-Unis y opposeront sans doute leur véto ». L’ambassadeur a appelé Israël et la Palestine à reprendre les pourparlers directs, afin d’éviter une nouvelle escalade du conflit.

La promesse de soutenir la Palestine exprimée par Tchourkine n’a pas surpris les experts : la Russie est depuis longtemps favorable à la création d’un État palestinien indépendant, cette position ayant été exprimée maintes fois dans les déclarations publiques des diplomates russes. « Nous estimons que la cause palestinienne est juste, la population a droit à l’autodétermination, y compris à la création de son propre État », a déclaré à la mi-octobre Mikhaïl Bogdanov, représentant spécial du président russe pour le Proche-Orient lors d’une réunion au Caire consacrée à la reconstruction de la bande de Gaza.

Ceci soulève la question de l’éventuel impact négatif que le soutien accordé par les Russes aux Palestiniens pourrait avoir sur les relations entre Moscou et Israël, qui non seulement n’a pas soutenu les sanctions économiques introduites par les pays occidentaux, mais envisage en outre d’accroître ses exportations agricoles en Russie.

Les experts n’attendent pas de progrès

RBTH a demandé aux spécialistes russes du Proche-Orient de donner leur avis sur la situation.

Grigory Kossatch, professeur à l’Université d’État des sciences humaines, estime que la Russie n’est pas toujours parvenue à conserver l’équilibre dans ses relations avec la Palestine et Israël : « En effet, la Russie entretient actuellement d’excellentes relations avec Israël. Si nous regardons l’évolution de la position russe concernant la création d’un État palestinien, nous verrons que, parfois, les avantages économiques de la coopération avec Israël l’emportaient sur les bénéfices politiques du soutien à la Palestine. Bien entendu, c’est une bonne chose que la Russie soutienne désormais l’initiative de création d’un État palestinien, mais ce projet est-il réaliste ? ». Kossatch estime que le projet de résolution rencontrera une opposition frontale de la part d’Israël et des Etats-Unis et sera finalement bloqué au Conseil de sécurité. En outre, le politologue doute de la capacité des Palestiniens à parler d’une seule voix : « À l’heure actuelle, l'Autorité palestinienne et le Hamas sont parvenus à un accord et ont même réussi à créer un gouvernement de réconciliation nationale. Mais rien ne garantit que nous ne verrons pas surgir un nouveau conflit ». Quant à la position de Moscou, Kosatch explique le soutien apporté à l’initiative palestinienne par la situation internationale : « À bien des égards, cette décision vise à contrarier les États-Unis. Dans le même temps, en soutenant la Palestine, la Russie renforce ses positions politiques dans les pays arabes ».

Gueorgui Mirski, chercheur à l'Institut de l'économie mondiale et des relations internationales de l'Académie des sciences de Russie, estime que les déclarations russes sur la Palestine n’affecteront pas les relations avec Israël, car elles n’ont aucun impact réel sur la situation. « Israël comprend que la Russie soutient la Palestine. Le monde entier ou presque soutient la Palestine, et alors ? Tout cela n’est qu’un jeu, car la situation réelle en Palestine, la situation sur le terrain, et non pas dans les couloirs de l’ONU, n’évolue pas. Israël n’autorisera pas la création d’un État palestinien à part entière pour de nombreuses raisons, notamment la question du statut de Jérusalem-Est, des colonies, des troupes israéliennes à la frontière avec la Jordanie, et des millions de réfugiés prêts à se précipiter vers les territoires palestiniens. Benjamin Netanyahu n’acceptera qu’un État palestinien limité, réduit, mais un tel projet ne sera soutenu par aucun des dirigeants arabes ». Mirski est persuadé que les débats à l’ONU ne changeront rien et que Moscou, comme Tel-Aviv, en sont parfaitement conscients. Par conséquent, Israël n’a « aucune raison d’être offensé » par la position pro-palestinienne de la Russie.

 

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