Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk à l'Onu. Crédit : AP
Le Haut-commissariat de l’ONU a indiqué dans le sixième rapport de sa mission de monitoring en Ukraine que dans la zone concernée par l’opération antiterroriste menée par Kiev, les tirs d’artillerie sur les zones d’habitation ont été réalisés tant par l’armée régulière que par les groupes séparatistes. « Certains cas de tirs d’artillerie non sélectifs sur des zones d’habitation peuvent être attribués aux forces armées ukrainiennes », déclare le document.
Comme le font remarquer les experts de l’ONU, la majorité des victimes parmi la population civile sont dues aux tirs d’artillerie non sélectifs contre des zones habitées ou à l’utilisation d’armes lourdes. Les séparatistes sont pointés du doigt pour avoir choisi de se camoufler dans des bâtiments civils, d’où des victimes parmi la population civile.
Crimes contre l’humanité en Ukraine
Une partie du rapport est consacrée aux crimes contre l’humanité commis à l’est du pays par des volontaires et des bataillons privés. « Nous continuons à recevoir des informations sur des atteintes aux droits de l’homme commises par certains bataillons de volontaires se trouvant sous le contrôle du gouvernement. Ces bataillons s’octroient des missions de police dans de nombreuses villes libérées », indique la commission de l’ONU.
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Parmi les crimes commis par les bataillons contrôlés par des oligarques ukrainiens – Aïdar, Dniepr-1, Kiev-1, Kiev-2 –, les membres du groupe de monitoring citent des enlèvements, des arrestations arbitraires, des actes de cruauté, des meurtres, des extorsions de fonds. « Le gouvernement doit contrôler plus fermement ses propres troupes, y compris les bataillons de volontaires, et garantir que ses membres répondent des crimes qu’ils commettent, quels qu’ils soient », selon les experts de l’ONU.
Les séparatistes, de leur côté, sont accusés de terroriser la population des zones sous leur contrôle, de commettre des meurtres, des enlèvements de personnes, des actes de torture et de cruauté, d’avoir détruit des habitations et saisi des biens.
L’opinion de Moscou
Andreï Iourov, membre du Conseil auprès du président de la Fédération de Russie sur la société civile et les droits de l’homme, juge le rapport de l’ONU sur la situation en Ukraine relativement équilibré, reporte l'agence Rousskaïa Sloujba Novosteï.
L’expert remarque qu’en raison du faible nombre de représentants de l’ONU en Ukraine, il est impossible de mener un monitoring complet. Toutefois, Andreï Iourov reconnaît que les rapports de l’organisation ont toujours été « si ce n’est objectifs, à tout le moins plutôt équilibrés, et le dernier rapport s’efforce de prendre en compte le point de vue des différents acteurs, ce qui est déjà un point positif ».
« Les données sont loin d’être complètes, puisqu’elles se fondent en grande partie sur les informations des Ukrainiens. Les autorités officielles de Kiev sous-estiment le nombre de civils tués pour une raison simple et évidente : elles ne veulent pas apparaître sous un jour négatif devant la communauté internationale », a déclaré à RBTH l’expert militaire indépendant Viktor Litovkine.
D’après lui, il sera indispensable dans le prochain rapport d’inclure les données des observateurs de l’OSCE présents dans les secteurs orientaux d’Ukraine, ainsi que les informations fournies par les séparatistes et les populations locales. « Il faut mener une analyse entière et complète de toutes les informations remontées par les témoins d’atrocités et par les personnes qui ont quitté les zones de combat. Et même ainsi, ces témoignages ne refléteront probablement pas la tragédie dans toute son ampleur », remarque Viktor Litovkine.
Il souligne que toutes les tombes de civils n’ont pas encore été découvertes, et que dans la morgue centrale de Donetsk se trouvent 400 corps non identifiés. « Tous ces faits exigent une analyse, un inventaire et des conclusions objectives. Je pense que quand nous connaîtrons toute la vérité sur les victimes de la guerre en Ukraine, nous pourrons parler de génocide des populations des zones orientales de l’Ukraine », considère l’expert.
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