Crédit photo : Reuters
Le dimanche 17 août à 18h, les quatre ministres sont arrivés à la villa Borsig, qui abrite la résidence des invités du ministère allemand des Affaires étrangères, et ils y ont passé plus de cinq heures.
L'hôte de la rencontre, le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier, a avoué la veille de cette réunion qu'il plaçait de grands espoirs dans les négociations susceptibles de mettre fin à la violence dans l'est de l'Ukraine et d’aider à livrer une aide humanitaire à la population du Donbass.
À la fin des négociations, il s'est adressé à la presse pour drésser le bilan de la rencontre. À en juger par le ton de son discours, les résultats des consultations se sont révélés plus que modestes.
« Nous avons décidé de soumettre le compte rendu de notre réunion aux chefs de nos Etats et gouvernements et ensuite, sans doute mardi, nous déciderons de quelle façon notre discussion sera poursuivie», a déclaré le ministre. Tout en qualifiant les négociations de difficiles, il a toutefois espéré que les parties ont réussi à parachever « un certain progrès ».
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Pavel Klimkine, n'a fait aucune déclaration, mais ses propos sur Twitter n'ont pas été très rassurants : « Cinq heures de discussions très complexes. Il est possible que pour avancer il faille tenir beaucoup de rencontres de cinq heures ».
De plus, Klimkine a écrit que Kiev n'avait pas accepté un compromis : « Il n'y a pas de place pour un compromis là, où l'Etat est contraint de franchir sa ligne rouge. L'Ukraine ne l'a pas franchie ».
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a fait part de sa vision des résultats de la rencontre lors de la conférence de presse tenue lundi matin. Il a regretté l'absence de progrès relatif au cessez-le-feu en Ukraine. D'après Lavrov, c'est « la mission prioritaire, parce que la population meurt et l’infrastructure civile est détruite ».
« Nous avons confirmé encore une fois (...) notre position selon laquelle le cessez-le-feu doit être appliqué sans préalable. Nos collègues ukrainiens, malheureusement, continuent de mettre diverses conditions, d’ailleurs assez vagues, dont ladite imperméabilité des frontières », a ajouté le ministre.
Selon lui, la Russie n'a rien « contre le fait que le contrôle du régime de passage de la frontière soit efficace au maximum ». A cet égard, Moscou souhaite que la mission des observateurs de l'OSCE en Ukraine reçoive des drones pour surveiller la frontière du côté ukrainien.
M. Lavrov a confirmé aux journalistes à Berlin que le « quatuor » poursuivrait le dialogue pour préparer un document-cadre destiné à régler la situation en Ukraine.
« Nous avons décidé qu’afin de résoudre toutes ces questions - le problème du cessez-le-feu, les convois d'aide humanitaire, la garantie d'un contrôle frontalier plus efficace et la préparation des conditions favorables au lancement d'un processus politique - nous poursuivrons notre discussion dans les jours à venir afin de parvenir aux formulations mutuellement acceptables, a-t-il dit. Pour l'instant, nous n'y sommes pas ».
Cependant, des progrès ont été réalisés dans plusieurs domaines. « Avant tout, ceci concerne le consensus finalement établi en faveur du convoi d'aide humanitaire pour la population du sud-est de l'Ukraine », a expliqué le ministre russe.
Lavrov a démenti de façon catégorique les accusations de l'Occident et de Kiev selon lesquelles Moscou créerait des tensions dans le pays voisin. La concentration et la circulation des forces armées sur le territoire russe à proximité de la frontière ukrainienne sont, selon lui, « liées à des combats dans la région et sont dictées par l'intérêt de la sécurité ».
« Il ne peut y avoir de précautions superflues, et nous sommes obligés d'être vigilants. À quelques kilomètres, et même à quelques centaines de mètres, de notre frontière, on assiste à une véritable guerre », a-t-il déclaré.
Lavrov est certain que les efforts de Washington pourraient faire en sorte que la situation ne soit plus au point mort.
« Malheureusement, les Etats-Unis n'étaient pas représentés à la rencontre de Berlin, mais nous envoyons à nos partenaires de Washington un vif signal pour qu'ils influencent les autorités ukrainiennes et qu'ils parviennent à mettre fin à cette guerre fratricide et à entamer un dialogue », a-t-il noté.
Par ailleurs, les efforts internationaux pour régler la situation dans l'est de l'Ukraine seront vains tant que Kiev emploiera la force, a déclaré Lavrov. Il a également critiqué la demande d'aide militaire pour Kiev que l'Ukraine a adressée à l'OTAN et à l'Union européenne, ces demandes étant contraires à toutes les ententes « existant à ce jour et concernant la nécessité d'un cessez-le-feu et du lancement de négociations ».
La source de RBTH au ministère russe des Affaires étrangères a expliqué que la rencontre à la villa Borsig était déjà la seconde dans ce format : le 2 juillet dernier ce même quatuor s'était entretenu à Berlin. Les ministres avaient alors adopté une déclaration commune dans laquelle ils avaient confirmé la nécessité de la paix en Ukraine et avaient demandé de convoquer un groupe avec la participation de Kiev, de l'est de l'Ukraine, de Moscou de l'OSCE.
Depuis, ils ne sont pas parvenus à régler la situation. Les nouvelles autorités ukrainiennes continuent encore plus activement leur opération dans le sud-est du pays en employant l'artillerie lourde et des véhicules blindés. Kiev parle d'une opération antiterroriste, Moscou d'une opération punitive.
Il n'est pas surprenant que le président François Hollande se soit adressé aux autorités ukrainiennes pour qu'elles soient plus mesurées quant à l'utilisation des forces militaires. D'après lui, la rencontre de dimanche à Berlin pourrait être le premier pas vers l'organisation d'un sommet sur le problème ukrainien dans le format Normandie.
Lors des négociations samedi avec le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, M.Hollande a déclaré que la France était prête à accueillir les leaders russes et ukrainien, Vladimir Poutine et Petro Porochenko, ainsi que les dirigeants européens pour soutenir le processus de règlement des problèmes politiques.
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