Vladimir Poutine, Angela Merkel et Petro Porochenko lors des célébrations du Jour J en France. Crédit : Photoshot/Vostock-Photo
Les cérémonies commémoratives en Normandie ont fourni aux dirigeants des principales puissances mondiales concernées par la crise ukrainienne la première occasion d’une rencontre à grande échelle depuis le début de la confrontation entre Moscou et Kiev. Un premier échange entre Vladimir Poutine et le président ukrainien nouvellement élu, Petro Porochenko, devrait permettre de passer à l’étape pratique des négociations prévues. Les déclarations convenues sur l’intention de cesser le feu et de parvenir à un règlement diplomatique du conflit ont été prononcées. Mais avec des nuances.
Dure bataille pour le nouveau président ukrainien
Les propos sur la volonté de faire taire les armes ne signifient pas, bien entendu, que les opérations militaires seront suspendues immédiatement, mais ils laissent entrevoir l’ouverture d’un dialogue. Pour autant, les déclarations identiques de Porochenko et de Poutine sur le cessez-le-feu sonnent différemment dans la bouche de l’un ou de l’autre dirigeant.
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Pour Porochenko, il importe de mettre fin au conflit au plus vite et de faire sortir le pays de la crise politique et économique profonde qu’il traverse. Le nouveau président doit répondre aux attentes du Maidan, qui lui a fixé un délai (le mois de septembre), et expliquer ce qu’il compte faire pour conjuguer la réconciliation politique et la relance de l’économie. Il devra justifier ses décisions dans la presse et aux yeux des partenaires étrangers, tout en préservant l’unité du pays.
Les objectifs russes en Ukraine
Pour Moscou, le conflit dans l’est de l’Ukraine est essentiellement la continuation de la campagne de Crimée, par des méthodes différentes et sans recourir ouvertement aux forces armées régulières, estime Pavel Verkhnyatski, directeur du Centre ukrainien d’analyse opérationnelle et stratégique. Selon lui, le principal objectif géopolitique de la Russie est d’arrêter la progression de l’OTAN à l’Est, comme l’a déclaré Poutine à plusieurs reprises. La déception causée par le non-respect des engagements pris dans les années 90 sur le non-élargissement de l’Alliance atlantique à de nouveaux pays d’Europe de l’Est reste vive au sein de l’élite politique russe.
Quant au projet d’association de l’Ukraine avec l’Union européenne, Poutine a rappelé que la Russie ne s’interdirait pas, pour s’y opposer, de recourir à des mesures protectionnistes, notamment à la suppression des exemptions douanières sur les importations et à des restrictions concernant le régime de séjour des citoyens ukrainiens en Russie.
L’avenir des relations entre la Russie et l’Occident
« Les sanctions dirigées contre l’entourage de Poutine ne causent pas de dommages économiques sensibles et sont plutôt symboliques. Elles témoignent de la réticence de l’Occident à porter des coups dévastateurs à l’économie russe. La visite de Poutine a prouvé que l’Europe souhaite poursuivre des relations économiques bilatérales avec la Russie. La France n’a pas renoncé à nous vendre les Mistral, l’Allemagne ne renonce pas à notre gaz ».
Parlant ainsi, Alexandre Konovalov, président de l’Institut des évaluations stratégiques, souligne aussi que les intérêts des États-Unis ne sont pas absents de la question européenne : une forte augmentation de la production américaine de gaz de schiste couvrant déjà une bonne partie de la consommation intérieure de gaz, c’est à long terme l’accès au marché européen qui sera recherché.
Konovalov conclut sur une note à la fois positive et prudente : « La visite de Poutine a changé l’ambiance : d’une confrontation tendue, nous sommes passées à une simple confrontation. L’Occident est prêt au dialogue, mais uniquement à condition d’être assuré que nous n’occuperons pas l’Ukraine de l’Est et n’y organiserons pas une nouvelle Crimée. Dans ce cas, nous avons une chance de rétablir le dialogue. La blessure portée à nos relations est profonde, mais pas mortelle ».
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