Pavel Sviatenkov, politologue : « Il paraît assez clair que la situation est prérévolutionnaire ». Crédit : Reuters
Le politologue Gleb Pavlovski :« Le conflit se déroule autour de la question des coupables et de la responsabilité pour les violences contre les manifestants (il s’agit de la dispersion des activistes dans la nuit de vendredi à samedi — plus d’informations ici). Est-ce l’administration ukrainienne dans son ensemble ou des fonctionnaires individuels, ou même le gouvernement ? Je pense que Ianoukovitch se réserve la possibilité d’accabler Azarov (premier-ministre ukrainien, RIA Novosti) et de le limoger. Il lui reste cette carte à jouer… Je pense que cette possibilité est étudiée sérieusement. Je pense que l’opposition n’acceptera pas moins. Pourra-t-il sauver Azarov dans cette situation ? Dans ce cas, il assume cette responsabilité et devient un canard boiteux ».
L’expert de l’Institut d’études humanitaires et politiques Vladimir Slatinov :« L’Ukraine est confrontée à une crise politique. Celle-ci est due au fait que Ianoukovitch a abandonné ses promesses électorales. Je voudrais rappeler que l’intégration européenne faisait partie des points clés de son programme électoral ; d’ailleurs, il lui doit une grande partie de son succès, car il a attiré pas mal d’électeurs modérés, déçus par les « oranges » mais fidèles à l’idée de l’intégration européenne ».
Le responsable du Groupe de travail inter-commissions pour la coopération internationale et la diplomatie publique de la Chambre civique Alexandre Sokolov :« La situation en Ukraine est très préoccupante. Je pense que l’utilisation de la force serait une grossière erreur, car, si auparavant les manifestations de la place de Maidan se déroulaient sur des slogans liés aux choix ukrainien en politique extérieure, aujourd’hui la protestation s’est considérablement élargie. Elle attire des personnes avec d’autres motivations, liées à la dispersion des manifestants du 1er décembre. C’est une opposition unie contre le président Ianoukovitch. Aussi, deux mouvements se rejoignent- les pro-européens et ceux qui sont indignés par la situation ukrainienne dans son ensemble. Actuellement, l’Ukraine connaît l’influence de nombreux hommes politiques étrangers, notamment le ministre des Affaires étrangères suédois, des représentants du pouvoir polonais. En outre, l’UE et les USA ont prévenu qu’ils interviendraient en cas d’utilisation de la force par les autorités ukrainiennes, et c’est une forme de chantage. Dans les faits, Ianoukovitch se retrouve dans une situation si ce n’est désespérée, du moins très difficile… Ce qui se produit actuellement en Ukraine pourrait très mal se terminer. Pas pour Ianoukovitch, mais pour le pays. Cela pourrait conduire à la dissolution de l’Etat ukrainien ».
Le Vice-président du Centre des technologies politiques Alexeï Makarkine :« Bien sûr, les manifestations continueront, mais, en même temps, je pense que les principales décisions seront prises lors des consultations et négociations au sein des élites. D’un côté il y a les élites proches du pouvoir, et de l’autre, je vois l’opposition – ils font tous partie des élites, alors ils devront se mettre d’accord. Aussi, les chances de Ianoukovitch de remporter les prochaines élections en 2015 nous paraissent actuellement très maigres. D’un côté, la moitié de l’Ukraine le considère comme un ennemi, de l’autre, une partie de ses partisans ne le considère plus capable de prendre des décisions et de les assumer ».
Le politologue Pavel Sviatenkov : Sur l’opposition :« Il paraît assez clair que la situation est prérévolutionnaire. La chute du gouvernement de Ianoukovitch est enrayée par le fait que, visiblement, les leaders de l’opposition ne souhaitent pas une issue complètement anticonstitutionnelle, l’Occident ne la souhaite pas non plus. Malgré toute la beauté émotionnelle de la prise du pouvoir par un gouvernement révolutionnaire, il est clair que stratégiquement cela rend impossible la signature de l’accord d’association avec l’UE et une prise de pouvoir durable … Aussi, ils souhaitent accéder au pouvoir de manière légitime, probablement remplacer le gouvernement et le premier-ministre, puis obtenir la démission du président et organiser des élections anticipées ». Sur Victor Ianoukovitch : « Je pense que Ianoukovitch a des chances de conserver sa place, mais il sera contraint de faire d’importantes concessions, reprendre la signature de l’accord d’association avec l’UE. Le président Ianoukovitch a très peu de bons arguments, il essaiera, sans doute de traîner face à cette indignation populaire, mais je ne pense pas que l’opposition le laissera faire ».
Source : RIA Novosti
Et vous qu'en pensez-vous ? Donnez-nous votre avis en tweetant @larussie #Ukraine
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
Abonnez-vous
gratuitement à notre newsletter!
Recevez le meilleur de nos publications directement dans votre messagerie.