Quatrième visite de Poutine au troisième Pape

Avant de le quitter, le Pape a demandé au président russe de transmettre ses meilleurs vœux au patriarche Cyrille. Crédit : Reuters

Avant de le quitter, le Pape a demandé au président russe de transmettre ses meilleurs vœux au patriarche Cyrille. Crédit : Reuters

Vladimir Poutine s’est rendu au Vatican où il a rencontré le souverain pontife François. Pour le président russe, c’est la quatrième visite de l’Etat de la Cité et le troisième Pape avec qui il mène des discussions. Les sujets de conversation avec le Pape François sont bien plus nombreux qu’avec les Papes précédents, non à cause de l’âge des pontifes mais à cause de la situation dans le monde.

Dès l’atterrissage de l’avion présidentiel dans la capitale italienne, Vladimir Poutine s’est rendu au Vatican pour rencontrer le Pape. Après un tête-à-tête de 35 minutes (deux fois plus long que prévu), le président et le souverain pontife ont échangé des cadeaux. Poutine a offert au Pape une icône de la Madone pour recevoir, à son tour, une mosaïque représentant les Jardins du Vatican. Avant de le quitter, le Pape a demandé au président russe de transmettre ses meilleurs vœux au patriarche Cyrille.

En présence des membres de la délégation, Vladimir Poutine a également rencontré le secrétaire d’Etat du Vatican Pietro Parolin.

La rencontre entre Vladimir Poutine et le Pape François n’est pas une simple formalité protocolaire. Le Vatican dispose d’un des meilleurs services de renseignements et de puissantes structures d’analyse de l’information, il exerce une influence sur un demi-milliard d’ouailles, il possède tout un réseau d’organisations qui collaborent avec les élites, aussi Vatican reste l’un des principaux centres du pouvoir au monde. Et le Pape est non seulement un père spirituel, mais aussi le chef d’un état supranational unique. Aussi, Poutine, qui accorde une attention particulière aux contacts personnels avec les figures clés de la politique mondiale, devait avoir de nombreux sujets de discussion avec le pontife.

La veille de la visite, l’Ambassadeur de Russie au Vatican Alexandre Avdeev avait annoncé que l’entretien serait consacré aux principaux problèmes internationaux, au premier chef la situation en Syrie. Selon Avdeev, la Russie et le Vatican s’accordent sur la nécessité de protéger les populations chrétiennes du Proche-Orient et des zones de conflit, notamment au Liban et en Syrie.

Parmi les principaux thèmes abordés lors de la discussion figure, probablement, l’Ukraine.

« L’intégration de l’Ukraine dans l’UE signifie une union économique, politique mais aussi idéologique, explique Olga Tchetvertikova, docteure en histoire, spécialiste de la politique du Vatican, chargée de cours du département de l’histoire et de la politique des pays européens et de l’Amérique à l’Institut d'État des relations internationales de Moscou. Alors que le catholicisme est l’une des armes d’intégration des orthodoxes ukrainiens dans la communauté occidentale. La société ukrainienne connaît actuellement une bataille intense à tous les niveaux, en premier lieu, au niveau de la confrontation spirituelle. L’Occident et le Vatican considèrent que l’Ukraine fait partie de leur espace géopolitique ».

Natalia Narotchnitskaia, directrice de la filiale parisienne de l’Institut de la démocratie et de la coopération, estiment que malgré tous les différends qui pouvaient opposer les orthodoxes avec les catholiques par le passé, les nouveaux défis doivent les unir dans la lutte commune pour les valeurs traditionnelles : « Aujourd’hui, la situation est telle qu’au sein de la civilisation européenne, notre civilisation chrétienne commune, des phénomènes de déchristianisation, de changement d’orientation, de mélange du péché et de la vertu, de la beauté et de la laideur, de la vérité et du mensonge forment une sorte d’avalanche. Aussi, l’époque actuelle lance de nouveaux défis aux catholiques et aux orthodoxes : ils doivent joindre leurs efforts afin de préserver le grand héritage chrétien. Toutes les valeurs qui sont nées de l’idée chrétienne et ont trouvé leur traduction dans la vie et l’histoire des nations européennes sont, aujourd’hui, soumises à une pression considérable ».

Les nouvelles rencontres, la nouvelle reconnaissance sont demandées, explique Natalia Narotchnitskaia : « Je sais que les parents catholiques enseignent à leurs enfants exactement la même chose que les parents orthodoxes. Notre église reconnaît le mariage et le baptême catholique – personne ne rebaptise les catholiques qui se convertissent à l’orthodoxie. Nous ne nous sommes jamais considérés des hérétiques, uniquement des schismatiques. Il est vrai que l’histoire a pu rendre nos relations difficiles. Mais je crois qu’aujourd’hui, en Europe occidentale, les véritables chrétiens comprennent qu’il n’est plus possible de se comporter comme deux oursons gloutons qui n’arrivent pas à partager le fromage, car il n’en restera que des petits bouts. Nous devons ensemble préserver ce que nous avons ».

Article original publié sur le site de Vzgliad

 

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