La Russie est devenue le 157e membre de l’OMC le 22 août de l’année dernière. Crédit : AP
Selon les spécialistes de Moody's, il faudra au moins trois à cinq ans pour que l’accès plus facile des sociétés russes sur les marchés étrangers et l’unification de la législation aient un impact positif sur l’image des entreprises russes. A ce jour, 68% des sondés n’ont enregistré aucun changement (17% ont donné une évaluation négative, 15% — positive). Les principaux bénéficiaires de l’entrée du pays dans l’OMC sont les grands détaillants-importateurs ainsi que les distributeurs des chaînes internationales de biens de consommation. Le classement de ces entreprises en fin d’année s’est considérablement amélioré, dit le rapport de l’agence. Par ailleurs, la conjoncture extérieure défavorable freine l’accès des biens russes sur de nouveaux marchés, estime Moody's.
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La Russie est devenue le 157e membre de l’OMC le 22 août de l’année dernière, à l’issue de 18 ans de négociations multilatérales. Parmi les principales promesses de la partie russe figurait la baisse progressive du taux moyen des droits de douane à l’importation de 10% à 7,8%. Les spécialistes annonçaient de sérieux problèmes pour les secteurs orientés sur le marché intérieur. Ces craintes ont été en partie justifiées. Moody's note des difficultés qui touchent l’industrie légère, mais le premier secteur ayant ressenti « le manque de concurrence des prix et la dépendance vis-à-vis du soutien de l’État » est l’agro-industrie, constatent les spécialistes de Global Counsel. Aussi, les indicateurs des importations pour certains biens comestibles (notamment les produits laitiers) ont cru de 5 à 8%, pour les vêtements et les chaussures - de 12,8%. Toutefois, ce secteur pourrait bénéficier de soutien de l’État. Les compensations à destination du secteur agro-industriel ont été décidées lors des négociations avec l’OMC pour s’élever à 7 milliards d’Euros, avec une baisse progressive à 3,5 milliards d’Euros à l’horizon 2017. Ces chiffres ne sont pas atteints pour le moment. En outre, l’État dispose d’autres moyens de protection de son marché : aussi, les soupçons d’utilisation d’antibiotiques ont abouti à l’interdiction d’importation de porcs vivants des Etats-Unis, du Brésil et de l’UE.
Le secteur automobile a souffert bien moins que prévu, les importations sont en baisse depuis le mois de septembre de l’année dernière. Ici, la situation pourrait changer. En juillet, la Commission européenne a officiellement porté plainte auprès de l’OMC quant à l’introduction par la Russie d’une taxe de recyclage sur les véhicules importés. Si les parties ne trouvent pas de compromis, l’OMC jugera la taxe discriminatoire ; son élargissement aux constructeurs nationaux coûterait au seul KamAZ quelque 230 à 415 millions d’Euros par an, estime Moody's. En outre, l’ouverture du marché intérieur continue : à partir de septembre de cette année, les droits à l’importation baisseront de 1 à 3 % pour 5 100 positions supplémentaires.
Les spécialistes constatent une défense insuffisante des intérêts des entreprises russes et appellent à soutenir les candidatures du Kazakhstan et de la Biélorussie pour leur entrée dans l’OMC ainsi qu’à palier le manque de professionnels qualifiés capables de traiter les procédures de contestation. « Les entreprises et l’administration ne sont pas suffisamment préparées à l’entrée de la Russie dans l’OMC », dit le rapport de Global Counsel. Par exemple, la Russie ne dispose pas de représentation permanente au siège de l’OMC. « Au total, plus de 100 mesures de restrictions visent les biens russes, ce sont essentiellement des mesures anti-dumping pour les produits métallurgiques et chimiques », explique Vladimir Tchikine, associé en pratiques douanières chez Goltsblat BLP. L’UE restreint l’importation du blé, la Chine, le Mexique et l’Inde des tubes et de l’acier, les Etats-Unis et l’Australie d’engrais. Moody's estime que les restrictions les plus importantes frappent Severstal, NLMK et Phosagro.
Article complet (en russe) disponible publié sur le site de Kommersant
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